Soka Gakkai Bibliothèque du bouddhisme de Nichiren

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Encouragement à un malade
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ÉCRITS: 10 Encouragement à un malade

( pp.76 - 84 )

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 1. Dans son Scalpel de diamant, Miaole dit que le principe essentiel contenu dans le Sūtra de la Grande Collection est celui de « l’interpénétration de l’aspect souillé et de l’aspect pur » alors que le Sūtra de la grande perfection de sagesse dans sa version longue privilégie « l’identification mutuelle et la non-dualité ». On peut penser que ces deux déclarations signifient que, parce que tous les phénomènes ont pour vraie nature la non-substantialité, ils n’ont pas de substance fixe et il n’y a donc pas de séparation fondamentale entre illusion et illumination, ou entre les hommes du commun et le Bouddha.

 2. Dans le Sūtra aux sens infinis, ces mots sont prononcés par le bodhisattva Grand-Ornement.

 3. Sūtra du Lotus, chap. 2.

 4. Ibid.

 5. Ibid., chap. 5.

 6. Nord, sud, est, ouest, nord-ouest, nord-est, sud-est et sud-ouest. Cela signifie que tous les bouddhas réunis à la cérémonie du Sūtra du Lotus étaient de rang égal.

 7. Sūtra du Lotus, chap. 3. Ce passage développe les trois vertus de souverain, de maître et de parent. « Ce Monde des trois plans est aujourd’hui mon domaine » correspond à la vertu de souverain ; « les êtres vivants qui le peuplent sont tous mes enfants » correspond à la vertu de parent ; et « ce lieu est à présent affligé de maux et d’épreuves multiples, je suis la seule personne qui puisse sauver et protéger les autres » correspond à la vertu de maître.

 8. Les êtres saints désignent ici les bouddhas et les bodhisattvas.

 9. Ce phénomène est décrit dans des classiques chinois tels que Les Récits de Yanzi. Cela signifie qu’une personne change selon son environnement. Le fleuve Huai coule vers l’est depuis la partie sud de la province de Henan, au nord du fleuve Jaune jusqu’au lac Hongze.

 10. Sūtra du Lotus, chap. 28.

 11. Ce passage est cité dans le Commentaire détaillé sur les préceptes destinés à tous les bodhisattvas d’An’nen où il est présenté comme une citation du Traité sur les étapes de la pratique du yoga. On ne trouve pas ce passage dans la version de ce texte telle qu’elle existe aujourd’hui, mais il est possible qu’une version différente ait circulé à l’époque, ou que le passage ait été omis pour une raison quelconque dans le cours de la transcription.

 12. Postface à la traduction du Sūtra du Lotus. Ce passage cite les paroles de Shuryasoma quand il légua le Sūtra du Lotus à Kumarajiva.

 13. Commentaire détaillé sur les préceptes destinés à tous les bodhisattvas.

 14. La vapeur se condense sur un miroir placé la nuit à l’extérieur. Les gens croyaient alors que le miroir tirait cette eau de la lune.

 15. Sur les préceptes destinés à tous les bodhisattvas.

 16. Mononobe no Moriya (mort en 587), haut dignitaire de la cour de Yamato, dont on dit qu’il ordonna que les temples et monastères bâtis par le clan Soga soient tous incendiés. Lui et sa famille furent vaincus et tués par une armée dirigée par Soga no Umako, et non par le prince Jōgū, plus connu sous le nom de prince Shōtoku. Mais Nichiren mentionne ici son nom parce que Jōgū apporta son soutien à Soga, qui était partisan du bouddhisme.

 17. Il s’agit là d’une référence à la persécution de Komatsubara qui se déroula environ un mois avant la rédaction de cette lettre.

 18. Sūtra du Lotus, chap. 10.

 19. Ibid., chap. 14.

 20. Ibid., chap. 13.

 21. Divinité protectrice connue aussi sous le nom de Taishaku ou Indra.

7610

Encouragement à un malade


Texte

Points de repère


Nichiren écrivit cette lettre au cours du douzième mois de 1264, à l’âge de quarante-trois ans. Son destinataire, Nanjō Hyōe Shichirō, était intendant du village d’Ueno, dans le district du mont Fuji, province de Suruga. On l’appelait aussi Ueno et il était le père de Nanjō Tokimitsu. Un jour, entre 1260 et 1261, ou entre 1263 et 1264, alors qu’il effectuait un voyage officiel à Kamakura dans le cadre de ses fonctions, il rencontra Nichiren et se convertit à ses enseignements. Mais cette lettre nous révèle qu’il semblait encore attaché à sa croyance antérieure dans le Nembutsu et hésitait à se consacrer exclusivement au Sūtra du Lotus.

Un mois environ s’était écoulé depuis que Tōjō Kagenobu, intendant du village de Tōjō dans la province d’Awa, avait tenté de tuer Nichiren à Matsubara dans Tōjō. Nichiren avait encouru la haine de l’intendant, fidèle croyant du Nembutsu, dès la proclamation de son enseignement, en 1253. Furieux, Tōjō avait alors ordonné son arrestation. Nichiren s’était échappé de justesse et n’était plus retourné depuis dans sa province natale d’Awa. Mais en 1264, année suivant sa grâce et son retour d’exil d’Izu, il apprit depuis Kamakura que sa mère était gravement malade et se rendit auprès d’elle, malgré le risque encouru. Après avoir prié avec succès pour sa guérison, il demeura à Awa et reprit ses efforts de propagation. Tandis qu’il se rendait en visite chez un croyant nommé Kudō Yoshitaka, il fut attaqué avec son groupe par Tōjō Kagenobu et ses hommes à Matsubara. Cet événement porte le nom de « Persécution de Komatsubara ».

Peu après, Nichiren apprit que Nanjō Hyōe Shichirō souffrait d’une grave maladie et il lui écrivit cette lettre pour l’encourager à renforcer sa foi. Nichiren y énumère les critères appelés « cinq principes pour la propagation » — l’enseignement, la capacité des gens, le moment, le pays et l’ordre de propagation —, facteurs qu’il convient de comprendre et d’évaluer correctement quand on propage le bouddhisme. Il est possible que Nichiren ait établi le concept des cinq principes lors de son exil à Izu car ils sont expliqués en détail dans L’enseignement, la capacité, le moment et le pays, rédigé durant cette période. Tout en développant ces cinq principes dans cette lettre, il souligne la suprématie du Sūtra du Lotus sur tous les autres enseignements et encourage Nanjō Shichirō à rejeter entièrement son attachement à son ancienne croyance dans le Nembutsu pour faire jaillir une foi résolue dans la Loi merveilleuse.

Puis Nichiren décrit brièvement la persécution de Komatsubara, un mois plus tôt, en soulignant qu’il était le seul à avoir souffert de persécution pour le Sūtra du Lotus, 77conformément à ce que ce Sūtra lui-même avait prédit. Il se présente donc comme le premier de tous les pratiquants du Sūtra du Lotus au Japon.

Haut de la page


J’ai entendu dire que vous étiez très souffrant. Est-ce exact ? L’impermanence de ce monde est telle que même les personnes en bonne santé ne peuvent rester éternellement [en vie], à plus forte raison les malades. Les personnes avisées devraient donc se préparer mentalement à leur vie prochaine. On ne peut cependant se préparer mentalement à la vie prochaine grâce à ses seuls efforts. Il nous faut pour cela nous appuyer sur les enseignements du bouddha Shakyamuni, Maître originel de tous les êtres vivants.

Néanmoins, les enseignements du Bouddha sont divers, peut-être parce qu’il y a de grandes différences dans l’esprit des gens. En tout cas, le bouddha Shakyamuni n’a pas enseigné plus de cinquante ans. Parmi les enseignements des quelque quarante premières années, figure le Sūtra de la Guirlande de fleurs où il est dit : « L’esprit, le Bouddha et tous les êtres vivants, ces trois éléments ne se distinguent pas les uns des autres » ; les sūtras Agama qui énoncent les principes de la souffrance, de la vacuité, de l’impermanence et du non-soi ; le Sūtra de la Grande Collection, selon lequel l’aspect impur et l’aspect pur s’entremêlent1 ; le Sūtra de la grande perfection de sagesse dans sa version longue, qui enseigne l’identification mutuelle et la non-dualité ; et le Sūtra en deux volumes, le Sūtra de la méditation et le Sūtra d’Amida, qui parlent tous de la renaissance dans la Terre du bonheur suprême ; tous ces enseignements furent exposés dans le but de sauver tous les êtres vivants des époques de la Loi correcte, de la Loi formelle et de la Fin de la Loi.

Néanmoins, pour une raison qui lui est propre, le Bouddha déclara dans le Sūtra aux sens infinis : « [En enseignant la Loi de façon diverse et variée,] je me suis servi du pouvoir des moyens opportuns. Mais, durant ces quelque quarante années, je n’ai pas encore révélé la vérité [tout entière]. »

Comme un parent revenant sur les termes d’une lettre de donation précédemment écrite, Shakyamuni se retourna plein de regrets vers tous les sūtras des quelque quarante années précédentes, dont ceux qui enseignaient la renaissance dans la Terre du bonheur suprême, et déclara que « même au terme de kalpa asamkhya incommensurables, illimités, inconcevables, on ne peut finalement pas parvenir à l’illumination sans égale [grâce à ces sūtras]2 ». Il réitéra ces propos dans le chapitre “Moyens opportuns” du Sūtra du Lotus où il est dit : « (...) renonçant très clairement à me servir des moyens opportuns, je vais prêcher seulement la Voie inégalée3. » En disant « renonçant très clairement », il invitait à rejeter le Nembutsu et les autres enseignements prêchés durant ces quelque quarante années.

Après avoir exprimé ainsi ses regrets et entièrement réfuté ses enseignements antérieurs, il clarifia sa véritable intention en annonçant ceci : « L’Honoré du monde [qui depuis longtemps déjà expose des doctrines adaptées à ses auditeurs] doit maintenant révéler la vérité [tout entière]4 » et « sur l’essentiel pendant fort longtemps il a gardé le silence, peu pressé d’en parler précipitamment5 ». Sur ce, le bouddha Maints-Trésors jaillit des profondeurs de la terre et attesta la véracité des propos de Shakyamuni, et les bouddhas des dix directions s’assemblèrent dans les huit directions6 et tirèrent leur longue et large langue jusqu’au palais de Brahma, le grand roi du ciel, en guise d’assentiment. Parmi les témoins figuraient, sans aucune exception, tous les êtres des deux mondes et des huit groupes qui s’étaient réunis dans les deux lieux et les trois assemblées.

À la lumière des passages du Sūtra cités ci-dessus, laissons de côté les personnes 78mauvaises et celles qui ne croient pas dans la Loi bouddhique, pour nous attacher seulement aux bouddhistes ayant une foi sincère dans les enseignements provisoires dispensés avant le Sūtra du Lotus, comme le Nembutsu, et qui se consacrent à le réciter dix, cent, mille, dix mille, voire jusqu’à soixante mille fois par jour sans pratiquer Nam-myōhō-renge-kyō ne serait-ce qu’une fois en dix ou vingt ans. Ces personnes ne sont-elles pas semblables à celui qui, s’accrochant à l’acte de donation déjà annulé par son parent, refuse d’en accepter la version révisée ? Aux yeux des autres comme aux leurs, elles peuvent sembler croire aux enseignements bouddhiques, mais, si nous nous fondons sur ce que le Bouddha a vraiment enseigné, il est clair qu’elles n’ont pas envers lui de piété filiale.

C’est pourquoi il est dit dans le deuxième volume du Sūtra du Lotus : « Ce monde des trois plans est aujourd’hui mon domaine et les êtres vivants qui le peuplent sont tous mes enfants. Ce lieu est à présent affligé de maux et d’épreuves multiples, je suis la seule personne qui puisse sauver et protéger les autres. Bien que je les forme et les instruise, ils ne croient ni n’acceptent mes enseignements7. »

Selon ce passage, pour les êtres ordinaires que nous sommes, l’Ainsi-Venu Shakyamuni est le parent, le maître et le souverain. Certes, Amida, Maître-de-la-Médecine et d’autres bouddhas sont aussi pour nous des souverains, mais ils ne sont ni nos parents ni nos maîtres. Shakyamuni est le seul Bouddha doté de ces trois vertus et nous avons envers lui une profonde dette de gratitude. Il existe toutes sortes de parents, mais aucun ne peut égaler le bouddha Shakyamuni. Il existe toutes sortes de maîtres et de souverains, mais aucun n’est aussi digne d’admiration que lui. Comment ceux qui enfreignent l’enseignement de ce parent, maître et souverain pourraient-ils ne pas être abandonnés par les divinités célestes et terrestres ? Ce sont les plus infidèles de tous les enfants. C’est pourquoi le Bouddha a dit : « Bien que je les forme et les instruise, ils ne croient ni n’acceptent mes enseignements. » Même si certains suivent les sūtras enseignés avant le Sūtra du Lotus et les pratiquent durant cent, mille, dix mille ou un million de kalpa, s’ils ne croient pas dans le Sūtra du Lotus et ne récitent pas Nam-myōhō-renge-kyō ne serait-ce qu’une fois, ils ne font pas preuve de piété filiale. Cela leur vaudra d’être abandonnés par les êtres saints8 des trois phases de l’existence et des dix directions, et d’être détestés par les divinités aussi bien célestes que terrestres. Tel est le premier [des cinq principes pour la propagation].

Même ceux qui commettent les cinq transgressions capitales, les dix actes mauvais, ou d’innombrables autres actes mauvais peuvent atteindre la Voie s’ils ont les facultés d’un esprit aiguisé. Devadatta et Angulimala en sont des exemples. Et même ceux dont les facultés sont faibles peuvent atteindre la Voie, à condition de ne pas commettre de mauvais actes. Chudapanthaka en est l’exemple. Les facultés des êtres ordinaires comme nous sont encore plus médiocres que celles de Chudapanthaka. Nous sommes incapables de distinguer les couleurs et les formes, comme si nous avions des yeux de mouton. Notre avidité, notre haine et notre ignorance sont si profondes que nous accomplissons chaque jour les dix mauvais actes et, si nous ne commettons peut-être pas les cinq transgressions capitales, nous perpétrons quotidiennement des fautes similaires.

De plus, il n’est pas une seule personne qui ne calomnie pas la Loi, faute plus grave encore que les dix mauvais actes et les cinq transgressions capitales. Bien que rares soient ceux qui dénigrent ouvertement le Sūtra du Lotus et le couvrent d’injures, nul ne l’accepte. Certains semblent croire dans le Sūtra mais leur foi à son égard n’est pas aussi profonde qu’envers le Nembutsu ou d’autres enseignements. Et même ceux qui 79ont une foi profonde n’adressent pas de reproches aux ennemis du Sūtra du Lotus. Aussi magnifiques que soient nos actes, même si on lit et copie l’intégralité du Sūtra du Lotus mille ou dix mille fois ou si on parvient à percevoir les trois mille mondes en un instant de vie, faute de dénoncer les ennemis du Sūtra du Lotus, il sera impossible d’atteindre la Voie. On pourrait comparer cela au cas d’une personne au service de la Cour impériale. Elle a beau exercer sa fonction depuis une décennie ou deux, si elle connaît un ennemi de l’empereur mais ne le dénonce pas auprès du trône, ni ne manifeste d’animosité à son égard, tout le mérite de ses services passés s’en trouvera effacé et on la tiendra au contraire pour coupable. Comprenez bien que les personnes de notre époque s’opposent à la Loi. Tel est le deuxième [des cinq principes pour la propagation].

Les mille ans commençant le lendemain de la disparition du Bouddha constituent ce qu’on appelle l’époque de la Loi correcte, période où nombreux sont ceux qui gardent les préceptes et où les gens atteignent la Voie. Les mille ans de la Loi correcte sont suivis par l’époque de la Loi formelle, également d’une durée de mille ans. Au cours de cette période, beaucoup enfreignent les préceptes et rares sont ceux qui atteignent la Voie. Les mille ans de la Loi formelle sont suivis par les dix mille ans de la Fin de la Loi. Au cours de cette période, les êtres humains ne gardent pas les préceptes, pas plus qu’ils ne les enfreignent ; on ne trouve plus dans le pays que des personnes qui vivent sans préceptes. Pis encore, cette ère est qualifiée de souillée et le désordre y sévit. Dans une période sans corruption, appelée âge pur, le faux est rejeté et le juste observé, tout comme un tronc d’arbre tordu peut être raboté en suivant un tracé au cordeau. Durant les jours de la Loi correcte et de la Loi formelle, les cinq impuretés sont apparues mais elles prolifèrent à l’époque de la Fin de la Loi. Elles font rage, comme de grandes vagues qui, poussées par la tempête, non seulement viennent battre le rivage mais se heurtent les unes les autres. L’impureté de la pensée a été telle, à mesure que s’écoulaient les époques de la Loi correcte et de la Loi formelle, que les gens transmirent des enseignements erronés et sans signification tout en détruisant l’enseignement correct [qui était d’une profondeur] insondable. Alors ceux qui sont tombés dans les mauvaises voies du fait d’erreurs liées aux enseignements bouddhiques ont été plus nombreux que ceux qui y sont tombés à cause de mauvais actes mondains.

Les deux mille ans des époques de la Loi correcte et de la Loi formelle sont aujourd’hui écoulés et cela fait plus de deux cents ans que nous sommes entrés dans l’époque de la Fin de la Loi. Voici venu le moment où, parce que prévaut l’impureté de la pensée, ceux qui tombent dans les mauvaises voies avec l’intention de créer des racines de bien sont plus nombreux que ceux qui le font en commettant le mal. Quant aux actes mauvais, même les ignorants peuvent s’abstenir de les commettre s’ils les reconnaissent comme tels. Cela équivaut à éteindre un feu avec de l’eau. Mais les gens pensent que les bonnes actions sont toutes d’une bonté égale ; ils adhèrent ainsi à un moindre bien sans réaliser que, par là même, ils provoquent un mal majeur. Dès lors, même quand ils voient que des sites consacrés à Dengyō, Jikaku et d’autres sont en friche et délabrés, ils les laissent tels quels sous prétexte que ce ne sont pas des sites dédiés au Nembutsu. Ils préfèrent construire des salles dédiées à la pratique du Nembutsu à côté de ces bâtiments consacrés, et les terres appartenant à ces derniers sont confisquées au profit des salles nouvellement érigées. Selon un passage du Sūtra sur la résolution des doutes concernant l’époque de la Loi formelle, de tels actes apporteront peu de bienfaits. Il faut comprendre de ce qui précède que, l’on a beau accomplir un acte bon, s’il s’agit d’un 80acte mineur qui détruit un grand bien, cela nous conduira à tomber dans les voies mauvaises.

Notre époque coïncide avec le début de l’époque de la Fin de la Loi. Ceux qui avaient la capacité d’atteindre l’illumination, soit par les sūtras du Hinayana, soit par les sūtras provisoires du Mahayana, ont tous disparu. Demeurent uniquement ceux dont la capacité ne s’accorde qu’avec le sūtra véritable du Mahayana. On ne peut transporter un gros rocher sur un petit bateau. Les personnes mauvaises ou ignorantes sont pareilles à un gros rocher tandis que les sūtras du Hinayana et les sūtras provisoires du Mahayana, y compris ceux du Nembutsu, sont semblables à un petit bateau. Si l’on essaie de guérir des plaies purulentes par des bains d’eau chaude dans une source thermale, étant donné la gravité du mal, un traitement aussi léger n’aura aucun effet. Pour nous, en ce monde souillé de l’époque de la Fin de la Loi, croire dans le Nembutsu et dans d’autres enseignements revient à travailler dans des rizières en hiver, cela ne convient pas au moment. Tel est le troisième [des cinq principes pour la propagation].

Il faut aussi avoir une compréhension correcte du pays. Les mentalités diffèrent selon le pays. On sait qu’un mandarinier du sud du fleuve Yangzi Jiang devient un oranger une fois transplanté au nord du fleuve Huai9. Si même les plantes et les arbres, dénués d’esprit, changent en fonction de leur emplacement, c’est donc d’autant plus vrai pour les êtres dotés d’un esprit.

Une œuvre du Maître des Trois Corbeilles Xuanzang intitulée Voyages en Occident décrit de nombreux pays en Inde. Selon leurs coutumes, les habitants de certaines contrées n’obéissent pas à leurs parents alors que dans d’autres ils observent la piété filiale. Il est des pays où prévalent haine et ressentiment, d’autres où prolifèrent ignorance et stupidité. Il est des pays voués uniquement au Hinayana, d’autres uniquement au Mahayana, d’autres à la fois au Hinayana et au Mahayana. Il est des pays où on tue facilement les êtres vivants, d’autres où le vol est courant, des pays où abonde le riz, et d’autres qui produisent beaucoup de millet. Grande est la diversité des pays.

Alors quel enseignement faut-il apprendre sur cette terre du Japon, pour que ses habitants se libèrent du cycle des naissances et des morts ? À ce sujet, il est dit dans le Sūtra du Lotus : « Lorsque l’Ainsi-Venu sera entré en nirvana, je ferai en sorte que le Sūtra [du Lotus] se répande dans tout le Jambudvipa et veillerai à ce qu’il ne disparaisse jamais10. » Ce passage indique que c’est le Sūtra du Lotus qui convient au peuple du Jambudvipa, le continent sud. Le bodhisattva Maitreya a dit : « Il est un petit pays dans la région de l’Est dont le peuple n’a de lien qu’avec le Mahayana11. » Selon le passage de ce traité, à l’est du Jambudvipa se trouve donc un petit pays où la capacité des gens s’accorde tout particulièrement avec le sūtra [véritable] du Mahayana. Sengzhao a écrit : « Ce texte est destiné à un petit pays au nord-est12. » Le Sūtra du Lotus a donc un lien avec un pays du nord-est. Le révérend An'nen déclara : « Dans mon pays, le Japon, tous croient dans le Mahayana13. » Eshin a dit dans son Essence de l’enseignement du Véhicule Unique : « Dans tout le Japon, tous les êtres humains partagent la même capacité à atteindre la bouddhéité grâce à l’enseignement parfait. »

Ainsi, selon l’Ainsi-Venu Shakyamuni, le bodhisattva Maitreya, le Maître des Trois Corbeilles Shuryasoma, le Maître des Trois Corbeilles Kumarajiva, le Maître du Dharma Sengzhao, le révérend An’nen et le Sage des temps anciens Eshin, seul le Sūtra du Lotus convient à la capacité du peuple du Japon. Ceux qui mettent en pratique ne serait-ce qu’une phrase ou un verset du Sūtra du Lotus atteindront à coup sûr la Voie car un lien privilégié les attache à cet enseignement. On peut les comparer à des particules de fer attirées par un aimant ou à des gouttes de 81rosée qui se déposent sur un miroir14. D’autres bonnes pratiques telles que le Nembutsu ne conviennent pas à notre pays. Elles sont comme un aimant qui ne peut attirer le fer ou comme un miroir qui ne peut capter la rosée. C’est pourquoi An’nen déclara dans son commentaire : « [Utiliser ce sūtra,] si ce n’est pas le véritable véhicule, c’est non seulement se tromper soi-même mais aussi tromper les autres15. » Donc, celui qui enseigne aux habitants du Japon un enseignement autre que le Sūtra du Lotus non seulement se trompe lui-même mais il trompe aussi les autres. Il faut toujours prendre en considération le pays quand il s’agit de propager la Loi. Il ne faut pas présumer qu’un enseignement convenant à un pays convient nécessairement à un autre. Tel est le quatrième [des cinq principes pour la propagation].

De plus, dans un pays où les enseignements bouddhiques ont déjà été propagés, il faut aussi prendre en compte l’ordre de propagation. Il est une règle en matière de propagation bouddhique qui consiste à toujours chercher à connaître la nature des enseignements précédemment propagés. Ainsi, quand on prescrit un médicament à un malade, il faut savoir quelle sorte de médicament lui a été précédemment administré. D’ailleurs, des médicaments de sortes différentes peuvent entrer en conflit et s’opposer l’un à l’autre jusqu’à tuer le patient. De même, différents enseignements bouddhiques peuvent entrer en conflit et interférer les uns avec les autres jusqu’à avoir un effet destructeur sur le pratiquant. Dans un pays où se sont répandus les enseignements non bouddhiques, il faut les réfuter avec les enseignements bouddhiques. Ainsi, le Bouddha apparut en Inde et vainquit les non-bouddhistes ; Kashyapa Matanga et Zhu Falan se rendirent en Chine et réprimandèrent les maîtres du Dao ; le prince Jōgū est né au Japon, et il transperça Moriya de son sabre16.

Le même principe s’applique à tout le monde bouddhique. Dans un pays où s’est propagé le Hinayana, il faut le réfuter avec les sūtras du Mahayana, de même que le bodhisattva Asanga réfuta les enseignements du Hinayana prônés par Vasubandhu. Dans un pays où ont été propagés les enseignements provisoires du Mahayana, il faut les réfuter avec l’enseignement véritable du Mahayana, de même que le Grand Maître Tiantai vainquit les trois écoles du Sud et les sept écoles du Nord en Chine. En ce qui concerne le Japon, cela fait maintenant plus de quatre cents ans que s’y sont instaurées deux écoles, celle du Tendai et celle du Shingon. Durant cette période, on admettait généralement que les quatre sortes de croyants — moines, nonnes, laïcs hommes et femmes — avaient des capacités correspondant au Sūtra du Lotus. Tous les êtres humains, bons ou mauvais, sages ou ignorants, sont dotés du bienfait du cinquantième auditeur. Ils sont comparables aux monts Kunlun où ne se trouve aucune pierre sans valeur ou à l’île montagneuse de Penglai où n’existe aucun poison.

Mais voici environ cinquante ans est apparu un ennemi juré [de la Loi] répondant au nom de Hōnen. Il trompa tous les gens en leur montrant un vulgaire caillou ressemblant à un joyau et en les persuadant de rejeter le joyau qu’ils possédaient déjà au profit de ce caillou. C’est ce que signifie ce passage du cinquième volume de La Grande Concentration et Pénétration : « Ils révèrent des éclats de tuiles ou du gravier, en les prenant pour de brillants joyaux. » Tous les gens serrent dans leurs mains de vulgaires cailloux, persuadés qu’il s’agit de précieux joyaux. Autrement dit, ils ont rejeté le Sūtra du Lotus pour réciter le nom du bouddha Amida. Mais, quand je leur dis cela, ils s’insurgent et insultent le pratiquant du Sūtra du Lotus, développant davantage encore le karma qui les fera tomber dans l’Enfer aux souffrances incessantes. Tel est le cinquième [des cinq principes pour la propagation].

82Mais, en ce qui vous concerne, vous avez tenu compte de mes propos et rejeté le Nembutsu pour adopter le Sūtra du Lotus. Néanmoins, il se peut que vous soyez redevenu un adepte du Nembutsu. N’oubliez pas que rejeter le Sūtra du Lotus pour devenir un croyant du Nembutsu revient à être comme un rocher déboulant du sommet d’une montagne jusque dans la vallée, ou comme la pluie tombant du ciel sur le sol. Il ne fait aucun doute qu’une personne agissant ainsi tombera dans le grand enfer Avīci. Ceux qui étaient liés aux fils du bouddha Excellence-Sagesse-Grandes-Universelles ont dû passer [dans cet enfer] des kalpa de particules de poussière de systèmes de mondes majeurs et ceux qui ont reçu les graines de la bouddhéité dans un passé encore plus lointain y ont résidé durant des kalpa et des kalpa de particules de poussière d’innombrables systèmes de mondes majeurs. Et ce parce que, en suivant des amis de grand mal et en abandonnant le Sūtra du Lotus, ils sont retombés dans les enseignements provisoires comme le Nembutsu. Il me semble que les membres de votre famille sont adeptes du Nembutsu, et sans doute exercent-ils une pression sur vous. Cela peut se comprendre puisqu’ils y croient eux-mêmes. Mais vous devriez considérer que les disciples du diabolique Hōnen les ont égarés. Éveillez une foi forte et ne tenez pas compte de leurs propos. C’est le propre du grand démon que de revêtir la forme d’un vénérable moine ou de s’emparer de notre père, de notre mère ou de notre frère afin de faire obstacle à notre bonheur dans notre prochaine vie. Quoi qu’ils disent, quelle que soit l’intelligence qu’ils déploient pour vous tromper en vous poussant à rejeter le Sūtra du Lotus, ne vous laissez pas convaincre.

Réfléchissez un instant. Si les passages censés prouver que le Nembutsu mène à la renaissance dans la Terre pure étaient fiables, alors, durant ces douze années où j’ai déclaré que les croyants du Nembutsu tomberont dans l’Enfer aux souffrances incessantes, pourquoi ne m’ont-ils jamais réprimandé, bien que je n’aie cessé de m’exprimer en chaque occasion possible ? Ce sont en vérité des faibles ! Je connais les enseignements légués par Hōnen et Shandao depuis l’âge de dix-sept ou dix-huit ans. Et les discours tenus de nos jours ne sont pas plus évolués.

Par conséquent, sachant que leurs enseignements ne sont pas à la hauteur des miens, ils ont uniquement recours à la force du nombre pour tenter de lutter contre moi. Les croyants du Nembutsu se comptent par milliers ou dizaines de milliers et nombreux sont ceux qui les soutiennent. Moi, Nichiren, je suis seul, sans le moindre allié. Ma survie jusqu’à ce jour est étonnante. Cette année encore, le onzième jour du onzième mois, entre l’heure du Singe et l’heure du Coq [autour de cinq heures de l’après-midi], sur la grand-route portant le nom de Matsubara à Tōjō, dans la province d’Awa, plusieurs centaines de croyants du Nembutsu et d’autres m’ont tendu une embuscade17. J’étais seul avec pour toute escorte une dizaine d’hommes, dont pas plus de trois ou quatre étaient en mesure d’offrir une certaine résistance. Une pluie de flèches s’est abattue sur nous et des sabres ont fondu [sur nos têtes] comme l’éclair. L’un de mes disciples a été tué sur-le-champ et deux autres ont été grièvement blessés. J’ai été moi-même frappé et blessé et j’ai bien cru être perdu. Mais, pour une raison que j’ignore, mes agresseurs m’ont épargné ; j’ai donc survécu jusqu’à maintenant.

Cela n’a fait que renforcer ma foi dans le Sūtra du Lotus. Il est dit dans le quatrième volume du Sūtra : « Puisque haine et jalousie envers ce Sūtra abondent en ce monde du vivant même de l’Ainsi-Venu, ne seront-elles pas pires encore après sa disparition18 ? » Et dans le cinquième volume : « Il [le Sūtra du Lotus] se heurtera à une grande hostilité dans le monde et sera difficile à croire19. » 83Au Japon, nombreux sont ceux qui lisent et étudient le Sūtra du Lotus. Nombreux aussi sont ceux qui sont battus à titre de punition pour avoir tenté de séduire l’épouse d’un autre ou pour avoir commis un vol ou d’autres fautes. Mais nul n’a jamais versé de sang pour la cause du Sūtra du Lotus. Par conséquent, ceux qui croient à ce Sūtra au Japon ne sont pas encore à la hauteur des passages cités. Je suis le seul à avoir lu le Sūtra de tout mon être. Tel est le sens de la phrase : « Nous n’épargnerons ni notre corps ni notre vie car seule nous préoccupe la Voie inégalée20. » Je suis donc le premier des pratiquants du Sūtra du Lotus au Japon.

Si vous deviez quitter cette vie avant moi, il vous faudra vous présenter aux dieux célestes Brahma et Shakra21, aux quatre rois cé le stes et au roi Yama. Dites-leur que vous êtes un disciple du moine Nichiren, premier pratiquant du Sūtra du Lotus au Japon. Il sera alors impossible qu’ils manquent de courtoisie à votre égard. Mais si vous deviez avoir l’esprit partagé, récitant en alternance le Nembutsu et le Sūtra du Lotus, par crainte de ce que les autres disent de vous, alors vous aurez beau vous présenter comme un disciple de Nichiren, ils ne prendront pas vos paroles en compte. Ne m’en tenez pas rigueur par la suite. Cependant, puisque le Sūtra du Lotus répond aussi à nos prières concernant nos problèmes en cette vie-ci, il se peut que vous surviviez à votre maladie. En ce cas, je tiens absolument à vous rencontrer dès que possible pour parler directement avec vous. On ne peut pas tout exprimer dans un courrier, et une lettre ne communique jamais parfaitement nos pensées. Je m’en tiendrai donc là pour aujourd’hui.


Avec mon profond respect,
Nichiren


Le treizième jour du douzième mois de la première année de Bun’ei [1264]

À Nanjō Shichirō

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Notes


 1. Dans son Scalpel de diamant, Miaole dit que le principe essentiel contenu dans le Sūtra de la Grande Collection est celui de « l’interpénétration de l’aspect souillé et de l’aspect pur » alors que le Sūtra de la grande perfection de sagesse dans sa version longue privilégie « l’identification mutuelle et la non-dualité ». On peut penser que ces deux déclarations signifient que, parce que tous les phénomènes ont pour vraie nature la non-substantialité, ils n’ont pas de substance fixe et il n’y a donc pas de séparation fondamentale entre illusion et illumination, ou entre les hommes du commun et le Bouddha.

 2. Dans le Sūtra aux sens infinis, ces mots sont prononcés par le bodhisattva Grand-Ornement.

 3. Sūtra du Lotus, chap. 2.

 4. Ibid.

 5. Ibid., chap. 5.

 6. Nord, sud, est, ouest, nord-ouest, nord-est, sud-est et sud-ouest. Cela signifie que tous les bouddhas réunis à la cérémonie du Sūtra du Lotus étaient de rang égal.

 7. Sūtra du Lotus, chap. 3. Ce passage développe les trois vertus de souverain, de maître et de parent. « Ce Monde des trois plans est aujourd’hui mon domaine » correspond à la vertu de souverain ; « les êtres vivants qui le peuplent sont tous mes enfants » correspond à la vertu de parent ; et « ce lieu est à présent affligé de maux et d’épreuves multiples, je suis la seule personne qui puisse sauver et protéger les autres » correspond à la vertu de maître.

 8. Les êtres saints désignent ici les bouddhas et les bodhisattvas.

 9. Ce phénomène est décrit dans des classiques chinois tels que Les Récits de Yanzi. Cela signifie qu’une personne change selon son environnement. Le fleuve Huai coule vers l’est depuis la partie sud de la province de Henan, au nord du fleuve Jaune jusqu’au lac Hongze.

 10. Sūtra du Lotus, chap. 28.

 11. Ce passage est cité dans le Commentaire détaillé sur les préceptes destinés à tous les bodhisattvas d’An’nen où il est présenté comme une citation du Traité sur les étapes de la pratique du yoga. On ne trouve pas ce passage dans la version de ce texte telle qu’elle existe aujourd’hui, mais il est possible qu’une version différente ait circulé à l’époque, ou que le passage ait été omis pour une raison quelconque dans le cours de la transcription.

 12. Postface à la traduction du Sūtra du Lotus. Ce passage cite les paroles de Shuryasoma quand il légua le Sūtra du Lotus à Kumarajiva.

84 13. Commentaire détaillé sur les préceptes destinés à tous les bodhisattvas.

 14. La vapeur se condense sur un miroir placé la nuit à l’extérieur. Les gens croyaient alors que le miroir tirait cette eau de la lune.

 15. Sur les préceptes destinés à tous les bodhisattvas.

 16. Mononobe no Moriya (mort en 587), haut dignitaire de la cour de Yamato, dont on dit qu’il ordonna que les temples et monastères bâtis par le clan Soga soient tous incendiés. Lui et sa famille furent vaincus et tués par une armée dirigée par Soga no Umako, et non par le prince Jōgū, plus connu sous le nom de prince Shōtoku. Mais Nichiren mentionne ici son nom parce que Jōgū apporta son soutien à Soga, qui était partisan du bouddhisme.

 17. Il s’agit là d’une référence à la persécution de Komatsubara qui se déroula environ un mois avant la rédaction de cette lettre.

 18. Sūtra du Lotus, chap. 10.

 19. Ibid., chap. 14.

 20. Ibid., chap. 13.

 21. Divinité protectrice connue aussi sous le nom de Taishaku ou Indra.

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