J’ai bien reçu les trente chopes et les soixante assiettes que vous avez eu la bonté de me faire parvenir.
Une chope est une forme d’ustensile. Notre terre étant creuse, l’eau s’y accumule ; et, parce que le ciel est d’un bleu pur, on y voit briller la lune. Quand la lune se lève, une lumière pure se reflète dans l’eau ; et, quand la pluie tombe, les plantes et les arbres s’épanouissent.
Comme la terre, une chope est creuse et l’eau s’y accumule de la même façon que dans un étang. Et la lune se reflète à la surface de l’eau comme le Sūtra du Lotus illumine notre être.
Mais une chope possède quatre défauts qui lui sont inhérents. Le premier est qu’elle peut être renversée ou couverte, ce qui signifie que la chope peut être retournée ou que l’on peut poser un couvercle dessus. Le deuxième est qu’elle peut comporter une fissure, ce qui signifie que l’eau peut s’écouler. Le troisième est qu’elle peut être souillée, ce qui signifie que son contenu peut être altéré. L’eau en elle-même peut être pure mais, si l’on met de la saleté dans la chope, alors cette eau sera inutilisable. Le quatrième est qu’il peut y avoir un mélange. Si l’on mélange du riz avec des saletés ou des cailloux, du sable ou de la terre, alors il ne pourra plus être consommé par les humains.
La chope symbolise ici notre corps et notre esprit. Notre esprit est une sorte de récipient lui aussi, comme notre bouche et nos oreilles. Le Sūtra du Lotus est l’eau du Dharma de la sagesse du Bouddha. Mais, quand cette eau est versée dans notre esprit, nous pouvons la repousser et la renverser. Ou nous pouvons y faire obstruction en couvrant nos oreilles de nos mains, bien décidés à ne pas écouter. Ou nous pouvons recracher cette eau pour empêcher notre bouche de réciter le Sūtra. Nous sommes alors comme un récipient qui s’est renversé ou sur lequel a été disposé un couvercle.
De plus, même si nous avons un certain degré de foi, nous pouvons rencontrer de mauvaises influences et la laisser s’affaiblir. Alors, nous abandonnerons délibérément notre foi ou peut-être la conserverons-nous une journée pour l’abandonner ensuite pendant un mois. Nous sommes alors comme des récipients dont l’eau s’échappe.
Nous pouvons aussi être des pratiquants du Sūtra du Lotus qui récitent Nam-myōhō-renge-kyō à un instant donné, mais Namu-Amida-butsu à l’instant suivant. C’est comme mélanger des saletés à notre riz, ou y ajouter du sable ou des cailloux. Ici, le Sūtra du Lotus nous met en garde en ces termes : « Ayez pour seul désir de recevoir et de garder le Sūtra du Grand Véhicule, sans accepter un seul verset d’aucun autre sūtra1. »
Ceux qui font autorité en matière d’érudition aujourd’hui s’imaginent qu’il n’y a aucun mal à mélanger d’autres pratiques à celle du Sūtra du Lotus. Moi aussi, Nichiren, j’ai partagé autrefois cet avis. Mais le passage de Sūtra [que je viens de citer] ne cautionne pas une telle vision. Supposez qu’une femme, après avoir épousé un grand roi et avoir été enceinte de lui, fasse ensuite volte-face et épouse un homme ordinaire. Dans ce cas, la semence du roi et la semence du roturier se mélangeront et, de ce fait, le ciel cessera d’accorder aide et assistance, les divinités tutélaires2 retireront leur protection et le royaume sera voué à 1026la ruine. L’enfant né de ces deux genres de pères ne pourrait être ni un roi, ni un roturier, mais quelqu’un qui n’appartient pas au monde des humains.
C’est là l’un des points les plus importants contenus dans le Sūtra du Lotus. La doctrine concernant l’ensemencement de la graine, sa maturation et sa récolte3 est l’essence du Sūtra du Lotus. Tous les bouddhas des trois phases de l’existence [le passé, le présent et l’avenir] et des dix directions ont invariablement atteint la bouddhéité grâce aux graines représentées par les cinq caractères de Myōhō-renge-kyō. Les mots Namu-Amida-butsu ne constituent pas les graines de la bouddhéité, pas plus que les mantras ou les cinq préceptes4. Il convient d’avoir une perception claire à ce sujet, car il s’agit là du défaut qualifié de mélange.
Si un récipient ne comporte pas ces quatre défauts, c’est-à-dire s’il n’est ni renversé, ni fendu, ni souillé, et ne contient pas de mélange, alors on peut le qualifier de récipient parfait. Si les berges autour des douves sont étanches, alors l’eau ne s’en échappera jamais. Et si l’esprit de la foi est parfait, alors l’eau de la sagesse, de la grande sagesse impartiale, ne s’asséchera jamais.
Il se trouve que les récipients que vous m’avez fait parvenir sont solides et épais et, de plus, recouverts de laque pure. Ils symbolisent la fermeté et la vigueur du pouvoir de votre foi dans le Sūtra du Lotus.
On dit que le roi céleste Vaishravana offrit quatre bols au Bouddha et c’est pourquoi il fut reconnu comme la plus importante divinité de la bonne fortune sur l’ensemble des quatre continents de ce monde. La reine Pure-Vertu offrit quatre-vingt-quatre mille bols en offrande au bouddha Roi-du-Son-du-Tonnerre-et-des-Nuages et, de ce fait, devint le bodhisattva Son-Merveilleux. Alors, puisque vous avez offert ces trente récipients et ces soixante assiettes, comment douter que vous deviendrez bouddha ?
Le Japon est connu sous dix noms différents, comme Fusō, Yamato, Mizuho et Akitsushima. De plus, il est composé de soixante-six provinces et de deux îles qui mesurent plus de trois mille ri de long et dont la largeur varie de cent à cinq cents ri. Il est divisé en cinq régions et sept grandes routes réparties autour de la capitale et comporte cinq cent quatre-vingt-six districts et trois mille sept cent vingt-neuf villages. Pour ce qui est des champs, il comporte onze mille cent vingt chō5 de bonnes terres agraires et huit cent quatre-vingt-cinq mille cinq cent soixante-sept chō de terres d’autres sortes. Sa population s’élève à quatre millions neuf cent quatre-vingt-neuf mille six cent cinquante-huit personnes. Il compte trois mille cent trente-deux sanctuaires et onze mille trente-sept temples. Le nombre d’hommes s’élève à un million neuf cent quatre-vingt-quatorze mille huit cent vingt-huit et les femmes à deux millions neuf cent quatre-vingt-quatorze mille huit cent trente.
Parmi tous ces hommes, Nichiren est le premier de tous. En quel sens ? C’est lui qui suscite le plus de haine chez les hommes et les femmes. En effet, il y a beau avoir beaucoup de provinces et d’habitants au Japon, tous ont le même cœur et prononcent à haute voix Namu-Amida-butsu. Ils ont pris le bouddha Amida pour objet de vénération et, détestant l’ensemble des neuf autres directions, ne rêvent que de l’ouest6. Ainsi, ceux qui pratiquent le Sūtra du Lotus, ceux qui accomplissent les pratiques du Shingon, ceux qui observent les préceptes, les sages et les insensés, tous considèrent les autres pratiques comme secondaires et respectent le Nembutsu comme pratique primordiale et, dans l’espoir d’expier ainsi leurs fautes, ils récitent le nom de ce bouddha. Certains d’entre eux le récitent alors soixante mille fois, quatre-vingt mille fois, ou quatre cent quatre-vingt mille fois tandis que d’autres le récitent dix fois, cent fois ou mille fois.
1027Moi seul, Nichiren, je déclare que la récitation du nom du bouddha Amida est un acte qui conduit à renaître dans l’Enfer aux souffrances incessantes, que l’école Zen est l’invention du démon céleste, que l’école Shingon est une doctrine néfaste qui détruira le pays, et que l’école Ritsu et les observateurs des préceptes sont des traîtres au pays.
Dès lors tous, depuis le souverain jusqu’au peuple, me craignent plus qu’un ennemi de leurs parents, un ennemi d’une existence passée, un agitateur qui trame une trahison, un voleur de nuit ou un bandit. Ils enragent, me maudissent, me frappent. Ceux qui me calomnient se voient octroyer des terres, tandis que ceux qui font mon éloge sont chassés de leurs domaines ou soumis à des amendes, et les gens qui cherchent à me tuer bénéficient de récompenses. Pour couronner le tout, j’ai à deux reprises attiré sur moi la fureur des autorités7.
Je ne suis pas seulement, parmi toutes les personnes en vie, la plus étrange du monde d’aujourd’hui ; sous les quatre-vingt-dix règnes des souverains humains8, durant les plus de sept cents ans écoulés depuis l’introduction des enseignements bouddhiques au Japon, jamais il n’y eut quelqu’un de si étrange. Moi, Nichiren, je suis comme la grande comète de l’ère Bun’ei [1264], un désordre dans les cieux tel qu’il ne s’en est jamais produit au Japon avant cette époque. Moi, Nichiren, je suis comme le grand tremblement de terre de l’ère Shōka [1257], un phénomène terrestre sans précédent en ce pays.
Dans toute l’histoire du Japon depuis son origine, il y eut vingt-six hommes qui se rendirent coupables de trahison. Le premier fut le prince Ōyama, le deuxième Ōishi no Yamamaru, ainsi de suite jusqu’au vingt-cinquième, Yoritomo, et au vingt-sixième, Yoshitoki. Parmi ces hommes, les vingt-quatre premiers furent renversés par les forces impériales et l’on exposa leurs têtes devant les portes de la prison ou on laissa leurs cadavres pourrir dans la montagne. Mais les deux derniers réussirent à renverser le souverain et à acquérir le contrôle intégral du pays, ce qui marqua la fin du pouvoir impérial.
Cependant, aucun de ces divers traîtres n’a suscité autant de haine parmi le peuple que Nichiren. Si vous vous en demandez la raison, je vais vous la dire. Le Sūtra du Lotus contient un passage où il est dit que ce Sūtra est le premier de tous les sūtras9. Cependant, le Grand Maître Kōbō déclare que le Sūtra du Lotus se classe en troisième position10, alors que le Grand Maître Jikaku le classe en deuxième11, et que le Grand Maître Chishō suit l’avis de Jikaku. C’est pourquoi, à présent, quand les moines du mont Hiei, du Tō-ji et de l’Onjō-ji vénèrent le Sūtra du Lotus, ils lisent le passage où il est dit que le Sūtra du Lotus vient en premier, mais ils comprennent en le lisant que le Sūtra du Lotus vient en fait en deuxième ou troisième position.
Ni les nobles, ni les clans guerriers n’ont de connaissance précise à ce sujet. Mais, puisque les moines éminents en qui ils ont confiance souscrivent tous à cette opinion, les laïcs partagent la même vision que leurs maîtres.
Par rapport aux autres groupes, l’école Zen se décrit comme un enseignement transmis en dehors des sūtras12 et traite donc avec mépris le Sūtra du Lotus. L’école Nembutsu déclare que « pas même une personne sur mille » ne peut être sauvée grâce aux autres enseignements13 et que « pas une seule personne n’a jamais atteint la bouddhéité14 » grâce à eux, signifiant par là que, par comparaison avec le Nembutsu, le Sūtra du Lotus est une pratique trop élevée [pour la capacité des gens] et devrait donc être rejeté. L’école Ritsu s’appuie sur les doctrines du Hinayana. Même à l’époque de la Loi correcte, le Bouddha n’aurait pas admis la propagation de tels enseignements, il n’approuverait donc sûrement en aucun cas 1028qu’ils soient propagés à l’époque de la Fin de la Loi, conduisant ainsi le souverain du pays à la confusion et à l’égarement.
Trois femmes des temps anciens — Daji, Moxi et Baosi — induisirent en erreur les souverains des trois dynasties15 et les amenèrent à perdre leur trône. De la même façon, ces doctrines néfastes ont été propagées dans tout le pays et, de ce fait, le Sūtra du Lotus a perdu la place qui est la sienne. C’est pourquoi les grands souverains Antoku, Takahira et les autres furent rejetés par la Grande Déesse du Soleil et le grand bodhisattva Hachiman et se noyèrent dans la mer ou furent exilés dans des îles lointaines. Ils furent détrônés par des familles qui, au cours des générations passées, avaient été à leur service, parce qu’ils avaient perdu la protection des divinités célestes. Ils ont eu foi dans les ennemis du Sūtra du Lotus. Mais, personne n’en ayant conscience, il ne leur fut pas possible de tirer les leçons de leurs erreurs. C’est ce qu’illustre l’affirmation : les hommes sages perçoivent la cause des choses, de même que les serpents connaissent la voie des serpents16.
Moi, Nichiren, je ne suis pas un sage. Mais, de même qu’un serpent peut comprendre l’esprit d’un dragon et que les corbeaux peuvent prédire la venue d’événements favorables ou défavorables en ce monde, j’ai pu également sonder le cours futur des événements. Je savais que, en prenant la parole, je subirais instantanément des sanctions alors que, si je ne parlais pas, je tomberais dans le grand enfer Avīci.
Lorsqu’on pratique l’enseignement du Sūtra du Lotus, il y a trois principes qu’il faut comprendre. Le premier concerne les calomniateurs. Le moine Intention-Supérieure, le moine Rivage-de-la-Souffrance, l’érudit Vimalamitra et le Brahmane-à-la-Grande-Arrogance en sont des exemples. Ces hommes n’utilisaient que trois habits de moine pour se vêtir, tenaient un simple bol d’aumônes à hauteur de leurs yeux17 et observaient méticuleusement les deux cent cinquante préceptes et, pourtant, c’étaient en fait des ennemis du Mahayana et ils finirent par tomber dans la grande citadelle de l’Enfer aux souffrances incessantes.
Plus récemment, au Japon, il y eut des hommes comme Kōbō, Jikaku et Chishō qui observèrent les préceptes comme ces moines des temps passés et dont la sagesse n’était en rien différente de la leur. Mais comme ils ont déclaré que l’enseignement du Shingon — du Sūtra de Mahavairochana — se classait en premier et que le Sūtra du Lotus venait en deuxième ou en troisième position, si ma vision des choses se révèle correcte, ils se trouvent maintenant dans la grande citadelle de l’Enfer aux souffrances incessantes.
Il est effrayant de prononcer de telles paroles et il faudrait donc encore plus hésiter à les transcrire. Mais, comme le Bouddha lui-même a déclaré que le Sūtra du Lotus venait en premier, si l’on apprend qu’une personne l’a classé en deuxième ou en troisième position et que, par crainte des autres ou des autorités au pouvoir, l’on ne dit rien, alors « on est en fait son ennemi18 », autrement dit, on agit comme un redoutable ennemi de tous les êtres vivants. Voilà ce qui est expliqué à la fois dans les sūtras et dans les commentaires, et c’est pourquoi j’en parle ouvertement.
Parler sans redouter les autres et sans hésitation face à la société, voilà ce à quoi le Sūtra nous appelle en disant : « Nous n’épargnerons ni notre corps ni notre vie, car seule nous préoccupe la Voie inégalée19. »
Cela ne signifie pas que la calomnie, les coups de bâton et les jets de pierre subis par le bodhisattva Jamais-Méprisant aient été oubliés. Cela ne veut pas dire que le monde ne nous inspire aucune crainte. C’est seulement que la mise en garde du Sūtra du Lotus est encore plus sévère. La situation est comparable à celle de Sukenari et Tokimune20 qui agirent comme ils le firent, alors qu’ils se trouvaient dans le camp du shogun, parce qu’ils aspiraient à se venger de leur 1029ennemi et éprouvaient de la honte à l’idée de ne pas y réussir.
Le principe que je viens d’énoncer concerne les calomniateurs.
Quant aux membres de leur famille, même s’ils passent toute leur vie sans calomnier le Sūtra du Lotus, voire le pratiquent à toute heure du jour et de la nuit, du fait qu’ils sont nés dans la famille d’un calomniateur, ils renaîtront inévitablement dans l’Enfer aux souffrances incessantes21. Les personnes issues de la famille du moine Intention-Supérieure ou du moine Rivage-de-la-Souffrance par exemple, qui sont devenues leurs disciples, moines ou laïcs, tombèrent toutes, contre leur gré, dans l’Enfer aux souffrances incessantes. On peut aussi citer comme exemples les membres de la famille de Yoshimori. Sans compter ceux qui ont perdu leur vie dans la bataille, même les fœtus furent arrachés du ventre de leur mère et tués avant la naissance.
Or, moi, Nichiren, j’ai mentionné que les trois Grands Maîtres, Kōbō, Jikaku et Chishō déclarent effrontément dans leurs écrits que le Sūtra du Lotus représente la région des ténèbres, qu’il est une doctrine fausse et illusoire. Si ce que dit le Sūtra du Lotus lui-même est juste, alors, selon vous, que vont devenir les moines du mont Hiei, du Tō-ji, de l’Onjō-ji, des sept temples majeurs de Nara, de l’ensemble des onze mille trente-sept temples de tout le Japon ? Si les exemples cités précédemment ont quelque valeur d’indication, ils tomberont sans aucun doute dans la grande citadelle de l’Enfer aux souffrances incessantes.
Tel est le principe s’appliquant aux familles des calomniateurs.
Venons-en maintenant au pays des calomniateurs. Les personnes qui vivent dans un pays où l’on calomnie la Loi seront tous, quels qu’ils soient et dans tout le pays, condamnés à la grande citadelle de l’Enfer aux souffrances incessantes. De même que tous les cours d’eau s’unissent pour former le grand océan, toutes sortes de malheurs s’abattent sur un tel pays. Ils se multiplieront, de même que les herbes et les arbres prolifèrent en montagne.
Quand on verra s’accumuler mois après mois les trois calamités22 et que, jour après jour, apparaîtront les sept désastres23, la faim et la soif prévaudront et le pays deviendra le domaine des esprits affamés. Quand les fléaux et les maladies envahiront le pays, il deviendra le domaine de l’enfer. Quand la guerre éclatera, il deviendra le domaine des asura24. Et, quand parents, frères et sœurs, ignorant les liens familiaux qui les unissent, commenceront à se prendre mutuellement pour mari et femme, le monde deviendra le domaine des animaux. Il n’y aura plus alors à attendre la mort pour tomber dans les trois mauvaises voies. Durant notre vie même, le pays où nous résidons se changera en quatre voies mauvaises.
Tel est le principe s’appliquant au pays habité par des calomniateurs.
Dans les pays de ce genre, les gens sont comparables à ceux qui vivaient à l’époque de la Fin de la Loi du bouddha Grand-Ornement ou dans l’âge souillé du bouddha Roi-au-Rugissement-de-Lion. Si l’on en croit le Sūtra sur l’acquittement des dettes de reconnaissance, les gens mangeront la chair de leurs propres parents ou de leurs frères et sœurs défunts ou de tout autre défunt, et se nourriront aussi de chair humaine vivante.
Le Japon d’aujourd’hui correspond précisément à ce genre de pays. Le pays tout entier est plein de gens qui mangent de la chair humaine tels que les maîtres de l’école Shingon, les moines de l’école Zen, et les observateurs des préceptes. Et cela est uniquement dû aux doctrines erronées de l’école Shingon.
Ryūzō-bō n’est qu’un des innombrables mangeurs d’êtres humains dont le cas a été révélé au grand jour. Dans le même esprit que lui, les gens se procurent de la chair 1030humaine et la mélangent avec de la viande de sanglier ou de cerf ou la découpent et la mélangent avec du poisson ou de la volaille, la broient ou la font mariner, puis la vendent. Il est impossible de dire combien de gens en ont mangé. De tels faits arrivent parce que le pays a été rejeté par les dieux célestes et abandonné par les divinités bienveillantes qui veillaient sur lui et le protégeaient. Pour finir, ce pays sera envahi par d’autres pays, ses habitants tomberont dans le combat qui les opposera entre eux, et il se changera en Enfer aux souffrances incessantes.
Ayant perçu à quel point ces comportements étaient erronés, moi, Nichiren, j’ai voulu éviter de me rendre complice de calomnie, par crainte d’être accusé par le Bouddha. Pour avoir compris mes obligations et souhaité m’acquitter de ma dette de reconnaissance envers mon pays, j’ai annoncé et fait savoir tout cela au souverain du pays et à tous ses habitants.
Le précepte interdisant le meurtre de tous les êtres vivants est le premier de tous les divers préceptes. Les cinq préceptes commencent par le précepte interdisant d’ôter la vie, et les huit préceptes, les dix préceptes, les deux cent cinquante préceptes, les cinq cents préceptes, les dix préceptes majeurs du Sūtra du filet de Brahma, les dix préceptes inépuisables du Sūtra de la Guirlande de fleurs, et les dix préceptes du Sūtra du collier en pierres précieuses, tous commencent par l’interdiction d’ôter la vie. Parmi les trois mille sanctions interdites par les enseignements confucéens, la peine de mort figure là encore en première place.
En effet, « même les trésors de tout le système de mondes majeurs ne peuvent égaler la valeur de notre corps et de notre vie25 », autrement dit, même les joyaux et les trésors qui remplissent le système de mondes majeurs ne peuvent se substituer à la vie. Celui qui tue ne serait-ce qu’une fourmi tombera en enfer, à plus forte raison ceux qui tuent des poissons ou des oiseaux. Celui qui coupe ne serait-ce qu’un brin d’herbe verte tombera en Enfer, à plus forte raison ceux qui découpent des cadavres.
Et pourtant, aussi sévères que soient ces interdits concernant l’acte d’ôter la vie, il est dit que, si une personne se comporte en ennemi du Sūtra du Lotus, la mettre à mort revient à accomplir un acte extrêmement méritoire. Dans ce cas, comment pourrait-on faire des offrandes à une telle personne et la soutenir ? C’est pour cela que le roi Sen’yo fit exécuter les cinq cents maîtres brahmanes, le moine Éveil-à-la-Vertu une quantité innombrable de calomniateurs de l’enseignement correct et le grand roi Ashoka cent huit mille non-bouddhistes.
Ces souverains étaient considérés avec respect comme les rois les plus vertueux de tout le continent du Jambudvipa et le moine, comme le plus sage de tous les observateurs des préceptes. Le roi Sen’yo renaquit par la suite sous la forme du bouddha Shakyamuni, le moine Éveil-à-la-Vertu sous celle du bouddha Kashyapa, et le grand roi Ashoka fut reconnu comme un homme qui avait atteint la Voie.
Le Japon d’aujourd’hui ressemble aux pays de ces rois. C’est un pays où tous les gens se rassemblent comme un seul être pour calomnier le Sūtra du Lotus, qu’ils soient des observateurs des préceptes, qu’ils les enfreignent, ou qu’ils n’en aient pas, qu’ils soient souverains, ministres ou gens du commun. La situation est telle que, même si une personne arrachait sa propre peau pour y transcrire le Sūtra du Lotus ou donnait sa propre chair en offrande26, le pays n’en serait pas moins voué à périr et cette personne elle-même tomberait en enfer, tant sa faute est grande. Le seul remède est de barrer la route à l’école Shingon, à l’école Nembutsu, à l’école Zen et aux observateurs des préceptes pour se consacrer au Sūtra du Lotus.
Quant à ceux qui peuvent réciter par cœur les soixante volumes de l’école Tendai et qui sont considérés par le 1031souverain du pays et les autres autorités comme des personnes sages, est-ce parce qu’ils manquent de sagesse ou parce que, même s’ils ont une juste compréhension de la situation, ils redoutent les gens, qu’ils font l’éloge de l’école Shingon et joignent leurs forces à celles des disciples du Nembutsu, du Zen et du Ritsu ? Leur faute est cent ou mille fois plus grande que celle de ces disciples. On peut les comparer à Shigeyoshi ou à Yoshimura27.
Le Grand Maître Cien écrivit l’Éloge de la profondeur du Sūtra du Lotus en dix volumes où il célébrait le Sūtra du Lotus, et il tomba pourtant en enfer. Cet homme était un disciple des disciples principaux du Maître des Trois Corbeilles Xuanzang, le maître de l’empereur Taizong, et l’on dit que c’était une manifestation du bodhisattva Sensible-aux-Sons-du-Monde aux onze visages28. Par leur thème, ses écrits ressemblaient au Sūtra du Lotus mais, dans leur essence, ils étaient identiques aux sūtras enseignés avant le Sūtra du Lotus, et c’est pourquoi il tomba en enfer.
Le Grand Maître Jiaxiang écrivit le Traité sur la profondeur du Sūtra du Lotus en dix volumes, et cela lui aurait valu en temps ordinaire de tomber dans l’Enfer aux souffrances incessantes. Mais il rejeta sa propre manière de lire le Sūtra du Lotus et servit le Grand Maître Tiantai, parvenant ainsi à échapper aux souffrances de l’enfer.
Ceux qui appartiennent aujourd’hui à l’école du Lotus sont comparables à ces hommes. Le mont Hiei devrait être une forteresse du Sūtra du Lotus et le Japon un pays voué aux enseignements du Véhicule Unique. Et pourtant le Grand Maître Jikaku a utilisé sa position de grand patriarche de l’école qui aurait dû se consacrer au Sūtra du Lotus et s’est fait au contraire grand patriarche des enseignements du Shingon, et l’ensemble des trois mille moines de la montagne devinrent ses disciples.
Le Grand Maître Kōbō vola frauduleusement la protection de l’empereur Saga, auparavant disciple laïc de l’école du Lotus, et transforma le palais impérial en temple de l’école Shingon.
L’empereur Antoku [1180-1185], qui avait pour maître le grand patriarche Myōun, lui demanda de conduire des incantations pour la défaite du ministre de la Cour Yoritomo. Cependant, non seulement ces hommes furent punis par le général de la droite29 Yoritomo mais, pour finir, l’empereur Antoku se noya dans la mer de l’ouest et Myōun fut exécuté par Yoshinaka.
Le souverain Takahira convoqua le supérieur des moines Jien, grand patriarche du Tendai, et d’autres moines éminents du Tō-ji, de l’Omuro et d’autres temples encore, quarante et un hommes au total. Il leur fit ériger une grande estrade dans le palais impérial et accomplir des incantations pour renverser Yoshitoki, le régent en place dans le secteur ouest de la capitale. Mais le septième jour, qui se trouvait être le quatorzième jour du sixième mois, la capitale fut envahie par les forces de Yoshitoki, les souverains30 furent exilés dans la province d’Oki et sur l’île de Sado, et le grand patriarche, prélat de l’Omuro31, et les autres furent sévèrement punis, et certains d’entre eux moururent de chagrin.
Nos contemporains ne comprennent pas la véritable origine de ces événements. Cela est entièrement dû à leur confusion quant aux mérites relatifs du Sūtra du Lotus et du Sūtra de Mahavairochana.
Et aujourd’hui, alors que le Japon est confronté à la menace d’une attaque du grand empire mongol, il paraît que les autorités ont recours aux mêmes doctrines néfastes afin de tenter de renverser les Mongols par des incantations. Les registres journaliers eux-mêmes sont clairs à ce sujet. Comment une personne pleinement consciente de la situation pourrait-elle ne pas s’en attrister ?
Qu’il est tragique de naître dans un pays où les gens calomnient 1032l’enseignement correct et rencontrent de si grandes difficultés ! Même si nous parvenons à ne pas tomber nous-mêmes dans la calomnie, comment échapper aux réprimandes pour avoir appartenu à une famille ou à un pays de calomniateurs ?
Si vous désirez échapper aux réprimandes en tant que membre d’une famille où certains calomnient [la Loi], alors parlez-en à vos parents ou à vos frères. Peut-être vous détesteront-ils, mais il est aussi possible qu’ils croient en vos paroles.
Si vous désirez échapper aux réprimandes liées au fait que vous vivez dans un pays habité par des calomniateurs, alors vous devriez faire des remontrances au souverain, même si cela peut vous valoir d’être condamné à la mort ou à l’exil. Il est dit dans le Sūtra du Lotus : « Nous n’épargnerons ni notre corps ni notre vie car seule nous préoccupe la Voie inégalée32. » Et le commentaire précise : « Notre corps est insignifiant alors que la Loi est suprême. Il faut donner notre vie afin de propager la Loi33. »
Si vous n’avez jamais réussi à atteindre la bouddhéité depuis d’innombrables kalpa dans le très lointain passé jusqu’à ce jour, c’est parce que, lorsqu’une situation comme celle-là s’est présentée, votre crainte vous a empêché de parler. Et ce principe s’appliquera tout autant à l’avenir.
Aujourd’hui, moi, Nichiren, je comprends tout cela pour l’avoir personnellement enduré. Parmi mes disciples, certains comprennent cela aussi, mais ils redoutent les accusations de leurs contemporains. Bien que leur vie soit aussi éphémère que la rosée, comme ils pensent qu’elle est durable, ils régressent, gardent leurs croyances cachées dans leur cœur ou adoptent d’autres modes de comportement.
Il est dit dans un passage du Sūtra du Lotus que ce Sūtra est « le plus difficile à croire et le plus difficile à comprendre34 » et j’ai appris la valeur de cette citation à travers ma propre expérience. Les calomniateurs sont aussi nombreux que les particules de poussière de la terre ; les croyants aussi rares que les grains de poussière capables de tenir sur un ongle. Les calomniateurs sont un gigantesque océan, et les croyants une goutte d’eau.
Sur le mont Tiantai se trouve un lieu appelé la Porte du Dragon. C’est une cascade d’environ mille pieds de haut. Au début du printemps, les poissons s’y rassemblent et tentent de remonter la cascade. Un sur cent ou mille y parvient et il devient alors dragon.
Le courant de cette cascade est plus rapide qu’une flèche ou qu’un éclair. Non seulement il est difficile de la remonter mais, au début du printemps, les pêcheurs se rassemblent au pied de cette chute et lancent des centaines et des milliers de filets pour attraper les poissons, ils les transpercent de flèches ou les saisissent à la main. Aigles, éperviers, milans, hiboux, tigres, loups, chiens et renards se rassemblent également jour et nuit en ce lieu pour capturer les poissons et les dévorer. Il peut alors se passer dix ou vingt ans sans qu’un seul poisson ne se change en dragon. C’est comme une personne de condition humble et ordinaire qui rêve d’être admise au palais de l’empereur ou à une femme de naissance humble qui rêve de devenir l’épouse de l’empereur.
Vous devriez comprendre qu’il est encore plus difficile de croire dans le Sūtra du Lotus.
Le Bouddha nous a constamment mis en garde : même si l’on est un grand observateur des préceptes et que l’on a une sagesse élevée et une bonne connaissance du Sūtra du Lotus et des autres sūtras, si l’on voit un ennemi du Sūtra du Lotus mais qu’on ne le réprimande pas et qu’on ne le dénonce pas, ou que, au lieu d’en avertir le souverain du pays, on se cantonne dans le silence par crainte des autres, alors on tombera immanquablement dans la grande citadelle de l’Enfer aux souffrances incessantes. Supposez, par analogie, que l’on ne commette 1033soi-même aucun acte de trahison, mais que l’on connaisse une personne coupable de trahison. Si l’on n’avertit pas son souverain, on sera coupable du même crime que l’auteur de cette trahison.
Le Grand Maître Nanyue a déclaré : « Si l’on voit un ennemi du Sūtra du Lotus et qu’on ne le réprimande pas, on devient un calomniateur de la Loi et l’on tombe dans l’Enfer aux souffrances incessantes35. » Même un sage, s’il voit une personne de ce genre sans rien dire, tombera dans les profondeurs de l’Enfer aux souffrances incessantes et ne pourra jamais s’en échapper tant que cet enfer durera.
Redoutant ces remontrances du Bouddha, moi, Nichiren, j’ai donc dénoncé tous ceux qui, en ce pays, le méritaient et, à plusieurs reprises, j’ai été condamné à l’exil ou à la mort. Convaincu que mes fautes passées étaient désormais éradiquées et que l’on ne pouvait rien me reprocher, j’ai quitté Kamakura pour m’établir sur cette montagne et, depuis, sept années se sont écoulées.
Laissez-moi vous décrire cette montagne. Au Japon, on trouve sept grandes routes et nous sommes ici sur celle qu’on appelle le Tōkaidō et qui traverse quinze provinces. Parmi celles-ci, la province de Kai comporte trois districts ruraux appelés Iino, Mimaki et Hakii, et nous sommes ici dans celui qu’on appelle Hakii. C’est une région de montagne éloignée qui s’étend sur une zone de plus de vingt ri dans la partie nord-ouest du district.
Au nord s’élève le mont Minobu, au sud, le mont Takatori, à l’ouest, le mont Shichimen et, à l’est, le mont Tenshi. Ce sont comme des murs qui se dressent aux quatre coins. Presque aux frontières de cette zone, on trouve quatre rivières. À l’arrière, la rivière Fuji coule du nord au sud et la rivière Haya d’ouest en est. Devant, s’étend la rivière Hakii, qui coule d’ouest en est, et son affluent, la rivière Minobu, avec sa cascade. On pourrait croire que le pic de l’Aigle s’est déplacé depuis l’Inde centrale pour venir jusqu’ici ou que le mont Tiantai a été apporté de Chine.
Au milieu de ces quatre montagnes et de ces quatre rivières s’étend une zone plate pas plus large que la paume de notre main, et c’est là que j’ai bâti une petite masure pour m’abriter de la pluie. J’ai arraché des écorces d’arbres pour élever quatre murs et je porte un habit confectionné avec la peau d’un daim mort de mort naturelle. Au printemps, je coupe des fougères pour nourrir mon corps et, à l’automne, je ramasse des fruits pour assurer ma survie. Mais, depuis le onzième mois de l’année dernière, la neige s’amoncelle et, actuellement, en ce premier mois de la nouvelle année, la neige n’a pas cessé. Ma masure a sept pieds de haut, mais la neige à l’extérieur s’entasse jusqu’à une hauteur de dix pieds. Je suis entouré de quatre murs de glace, et des stalactites pendent aux avant-toits comme un collier de bijoux ornant mon lieu de prières tandis que, à l’intérieur de ma masure, c’est la neige qui s’amoncelle à la place du riz.
Même en temps ordinaire, les gens viennent rarement ici et actuellement, avec la neige épaisse et les routes bloquées, je ne reçois pas le moindre visiteur. Ainsi, au moment où j’expie le karma qui me condamnait à tomber dans les huit enfers froids, loin d’atteindre la bouddhéité en cette vie présente, je suis comme l’oiseau qui souffre du froid. Je ne me rase plus le crâne de sorte que je ressemble à une caille, et mon vêtement est à ce point durci par la glace qu’il ressemble aux ailes gelées d’un canard mandarin.
En pareil lieu, où les amis de longue date ne viennent jamais me rendre visite et, alors même que mes propres disciples m’ont abandonné, vous avez envoyé ces récipients que je remplis de neige, en imaginant qu’il s’agit de riz, et dans lequel je bois de l’eau en imaginant qu’il s’agit de gruau. Je vous laisse imaginer ce que je ressens face 1034à votre bonté. J’ai encore bien des choses à vous dire.
Avec mon profond respect,
Nichiren
Le vingt-septième jour du premier mois de la troisième année de Kōan [1280]
Réponse à Akimoto Tarō Hyōe
Notes
1. Sūtra du Lotus, chap. 3.
2. « Les divinités tutélaires » désignent le dieu tutélaire d’un clan. Ainsi, le clan Minamoto révérait le grand bodhisattva Hachiman dont il avait fait sa divinité tutélaire.
3. Il s’agit des trois phases du processus par lequel un Bouddha mène les êtres vivants à la bouddhéité. Cela correspond au processus de croissance et de développement d’une plante. D’abord, le Bouddha plante les graines de la bouddhéité dans la vie des gens, puis il les entretient en les aidant à pratiquer la Loi et, finalement, il leur permet de manifester pleinement la bouddhéité.
4. Il s’agit de préceptes fondamentaux destinés aux laïcs. Voir glossaire.
5. Il s’agit d’une unité de mesure ancienne utilisée pour les superficies et qui correspondait à environ neuf mille neuf cent vingt mètres carrés.
6. Selon le Sūtra du bouddha Vie-Infinie, la Terre pure du bouddha Amida est située dans la région ouest de l’univers. Les neuf autres directions sont le nord, le sud, l’est, le nord-ouest, le nord-est, le sud-est, le sud-ouest, le haut et le bas.
7. Nichiren fait ici allusion aux exils d’Izu et de Sado.
8. C’est là une manière de désigner les empereurs successifs, depuis le premier empereur légendaire Jimmu (qui régna de 660 à 585 avant notre ère selon les Chroniques du Japon) jusqu’au quatre-vingt-dixième empereur Kameyama (qui régna de 1259 à 1274). Auparavant on croyait que le pays était dirigé par les dieux.
9. On lit en effet dans le chapitre 10 du Sūtra du Lotus : « J’ai prêché divers sūtras mais de tous ces sūtras le [Sūtra du] Lotus est le plus important ! »
10. On trouve cette déclaration dans le Traité sur les dix étapes de l’esprit de Kōbō.
11. Cette déclaration apparaît dans les annotations portées par Jikaku sur le Susiddhikara-sūtra.
12. L’école Zen déclare que l’essence du bouddhisme se transmet d’esprit à esprit plutôt qu’à travers les sūtras.
13. On trouve cette déclaration dans l’Éloge de la renaissance dans la Terre pure, de Shandao.
14. On trouve cette déclaration dans le Recueil d’essais sur le monde de la paix et du bonheur, de Daochuo.
15. Les souverains des trois dynasties sont le roi Zhou (XIe siècle avant notre ère), dernier souverain de la dynastie des Yin, le roi Jie (vers le XVIIe-XVIe siècle avant notre ère), dernier souverain de la dynastie des Xia, et le roi You (mort en 771 avant notre ère), dernier souverain de la dynastie des Zhou de l’Ouest. Les trois rois se consacrèrent à leurs épouses, respectivement Daji, Moxi et Baosi, au détriment de leurs devoirs officiels, ce qui provoqua la chute de leurs dynasties.
16. Annotations sur le Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.
17. Les « trois habits » et le « bol d’aumône » symbolisent la vie austère d’un moine. C’étaient les seules choses que les moines étaient autorisés à posséder.
18. Annotations sur le Sūtra du Nirvana, de Zhangan. Voici le passage en entier : « Celui qui détruit les enseignements bouddhiques ou sème la confusion en leur sein les trahit. Si l’on se lie d’amitié avec quelqu’un sans avoir la bienveillance de le corriger, on est en fait son ennemi. »
19. Sūtra du Lotus, chap. 13.
20. Sukenari (1172-1193) et Tokimune (1174-1193), également connus sous le nom de frères Soga, étaient des guerriers dont le père fut tué en 1176 par Kudō Suketsune, qui se lia par la suite au shogun Minamoto no Yoritomo. En 1193, ils vengèrent leur père en assassinant Kudō Suketsune lors d’une chasse organisée par Yoritomo. Sukenari fut tué par le vassal de Kudō alors que Tokimune fut capturé et exécuté.
21. Ici, l’accent est mis sur l’importance de réfuter la calomnie et d’éviter la faute consistant à en être le complice. Même si l’on ne commet pas soi-même de calomnie, si l’on ne réfute pas les membres de sa famille qui calomnient la Loi ou agissent de concert avec les calomniateurs, on connaîtra le même destin qu’eux.
22. Ces calamités sont de deux sortes : les mineures et les majeures. Les trois mineures sont la guerre, les épidémies et la famine. Les trois majeures sont celles du feu, de l’eau et du vent.
23. Il s’agit des désastres attribués à l’opposition à l’enseignement correct. Voir glossaire.
1035 24. Il s’agit d’une sorte de démon de la mythologie indienne, de nature querelleuse et guerrière, qui lutte sans cesse contre le dieu Shakra.
25. Dans le Commentaire sur le Sūtra du filet de Brahma, on trouve un passage similaire, présenté comme une citation du Traité de la grande perfection de sagesse.
26. Nichiren cite ici des exemples qui décrivent les austérités pratiquées par le bodhisattva Aspiration-à-la-Loi et le garçon Montagnes-Neigeuses ; Nichiren enseigne que de telles pratiques non seulement n’apportent pas de bienfaits aux êtres vivants à l’époque de la Fin de la Loi mais qu’elles n’ont pas le pouvoir d’empêcher les gens de calomnier la Loi.
27. Il s’agit de Taguchi Shigeyoshi (XIIe siècle) et de Miura Yoshimura (décédé en 1239). Shigeyoshi était le chef d’une puissante famille de guerriers d’Awa, province située au sud du Japon. Tout en soutenant ostensiblement le clan Taira, il informa le clan rival, le clan Minamoto, du fonctionnement interne de l’armée des Taira, notamment de ses points faibles. Cela contribua à provoquer la chute des Taira. Yoshimura était un général à la tête d’une puissante famille de guerriers de la province de Sagami, connu pour ses jugements politiques avisés. Il promit d’aider Wada Yoshimori, également membre du clan Miura, durant la révolte de ce dernier contre le clan Hōjō au pouvoir, en 1213, mais il changea de camp et prit le parti des Hōjō au dernier moment, contribuant ainsi à la défaite de Yoshimori.
28. Traditionnellement on croit que le bodhisattva Sensible-aux-Sons-du-Monde emprunta diverses formes pour sauver tous les êtres vivants et c’est pourquoi il est dépeint de diverses façons. Plusieurs sūtras ésotériques font référence à diverses formes de Sensible-aux-Sons-du-Monde tels que Sensible-aux-Sons-du-Monde aux onze visages et Sensible-aux-Sons-du-Monde aux mille bras.
29. Le général assis à la droite du régent occupait la plus haute fonction à la Cour.
30. Les souverains sont Takahira, empereur retiré Gotoba (1183-1198), et Morihira, empereur retiré Juntoku (1210-1221).
31. Le prélat de l’Omuro est le prince Dōjo, fils de l’empereur Gotoba, qui était devenu moine. Ce titre en vint à désigner de manière plus large tout empereur ou prince retiré devenu moine qui vivait au Ninna-ji, un temple du Shingon à Kyōto. Omuro est une autre façon de désigner le Ninna-ji.
32. Sūtra du Lotus, chap. 13.
33. Annotations sur le Sūtra du Nirvana.
34. Sūtra du Lotus, chap. 10.
35. Source inconnue. On trouve un passage similaire dans les Annotations sur les pratiques paisibles du Sūtra du Lotus.