Points de repère
Il ne reste qu’une partie de cette lettre dont le destinataire et la date sont inconnus. On a d’abord pensé qu’elle constituait la conclusion de La réalité ultime de tous les phénomènes, lettre écrite sur l’île de Sado lors du cinquième mois de 1273. Mais, d’après son style et son contenu, on considère maintenant qu’il s’agit de l’extrait d’une lettre écrite après le départ de Nichiren au mont Minobu. On pense également qu’elle était peut-être destinée au moine séculier Takahashi Rokurō Hyōe, qui habitait à Kashima, dans le district du mont Fuji, dans la province de Suruga. L’épouse de Takahashi était la tante de Nikkō, et Takahashi et sa famille semblent avoir concrètement soutenu le mouvement de propagation dans le district du mont Fuji.
Il convient de noter que, en guise de conclusion, Nichiren confie au destinataire de cette lettre la responsabilité de la propagation dans sa province, laissant ainsi entendre que c’était quelqu’un doté d’une foi résolue, une personnalité majeure parmi les croyants de cette région.
Cela s’applique aussi au riz. Même si le riz en soi ne change pas, lorsqu’il sert de nourriture à quelqu’un qui calomnie la Loi, il permet à cette personne qui détruit les graines de la bouddhéité de se maintenir en vie et en fait ainsi un ennemi plus puissant que jamais. Mais, au fond, ne soutient-il pas la vie de cette personne pour que, finalement, elle se rallie au Sūtra du Lotus ? Par ailleurs, le riz qui nourrit le pratiquant du Sūtra du Lotus est certainement le riz de la bienveillance suprême, parce qu’il apporte des bienfaits à tous les êtres vivants. Voilà ce que signifie la transformation en riz des reliques du Bouddha. Que, dans un moment pareil, vous m’ayez envoyé un messager jusqu’ici me procure une joie indicible. Se pourrait-il que le bouddha Shakyamuni ou les bodhisattvas sortis de la terre soient entrés dans votre corps ?
Je vous confie la propagation de la Loi bouddhique dans votre province. Il est dit que « les graines de la bouddhéité germent en s’appuyant sur la causalité et pour cette raison ils prêchent le Véhicule Unique1 ». Si Jibu-bō, Shimotsuke-bō2 ou d’autres arrivent, je leur demanderai de vous rejoindre sans délai. Et, si vous avez l’occasion de voir Matsuno3, ayez la bonté de lui expliquer en détail ce que je viens de dire.
Notes
1. Sūtra du Lotus, chap. 2.
2. Jibu-bō était un disciple de Nichiren. Il avait d’abord été un moine du Tendai, au Shijūku-in, dans la province de Suruga. Shimotsuke-bō est un autre nom de Nisshū, moine du Ryūsen-ji, un temple de l’école Tendai, situé à Atsuhara, dans le district de Fuji, dans 1125la province de Suruga, mais il fut converti par Nikkō. Il contribua à son tour à convertir de nombreux paysans, ce qui provoqua la fureur du vice-grand patriarche du temple, Gyōchi, dont l’opposition aux enseignements de Nichiren mena finalement à la persécution d’Atsuhara.
3. Matsuno Rokurō Saemon, disciple de Nichiren et grand-père maternel de Nanjō Tokimitsu.