J’ai lu attentivement votre lettre. Dans le passé, quand j’ai été exilé sur la péninsule d’Izu pour avoir défendu le Sūtra du Lotus, mon cœur s’est réjoui, mais je suppose que, si je m’exprime de cette façon, les gens penseront que mes propos manquent de modestie.
Si, depuis le passé sans commencement, j’avais une seule fois été condamné à tort ou à raison, pour la cause du Sūtra du Lotus, serais-je alors né en cette vie comme un homme du commun ? Bien que j’ai été un moment abattu [quand j’ai su que j’étais condamné à l’exil] pour la cause du Sūtra du Lotus, j’ai aussi ressenti de la joie en pensant que je pourrais ainsi effacer quelque peu les offenses commises pendant mes existences passées. Cependant, les plus graves transgressions de toutes sortes — les dix mauvais actes, les quatre fautes majeures, les six fautes majeures, les huit fautes majeures, les dix fautes majeures1, les cinq transgressions2 qui nous condamnent à l’Enfer aux souffrances incessantes, l’opposition à l’enseignement correct, et la faute de l’incroyance incorrigible — [toutes ces fautes] que j’ai accumulées depuis le passé sans commencement sont plus hautes encore qu’une montagne gigantesque et plus profondes encore que le grand océan.
En ce qui concerne les cinq transgressions capitales, le seul fait de commettre une seule d’entre elles condamne à l’Enfer aux souffrances incessantes pendant toute la durée d’un kalpa. Un kalpa est le temps qu’il faut pour que la durée de vie des êtres humains soit réduite de quatre-vignt mille ans à dix, au rythme d’un an perdu tous les cent ans, puis augmente de nouveau au même rythme jusqu’à quatre-vignt mille ans3. Celui qui tue l’un de ses parents tombera dans l’Enfer aux souffrances incessantes et endurera des souffrances terribles sans un moment de répit pendant toute cette période.
Quant à celui qui calomnie le Sūtra du Lotus, même s’il ne le fait pas sciemment, dès lors qu’il manifeste, même superficiellement, de l’hostilité, qu’il dénigre le Sūtra, y compris sous forme de plaisanterie, ou qu’il traite avec légèreté, non le Sūtra en soi, mais ceux qui agissent en son nom, alors, dit le Sūtra, il tombera dans l’Enfer aux souffrances incessantes pendant d’innombrables kalpa d’une durée correspondant à celle que nous venons de décrire. Ceux qui insultèrent et frappèrent le bodhisattva Jamais-Méprisant manifestèrent d’abord leur hostilité à son égard mais, par la suite, ils crurent en lui, devinrent ses disciples, firent preuve de déférence et le traitèrent avec un grand respect, en l’honorant comme les divinités célestes honoreraient le seigneur Shakra et comme nous craignons et vénérons le soleil et la lune. Il était cependant bien difficile d’éradiquer la grande faute de leur opposition initiale, et ils furent donc condamnés au grand enfer Avīci pendant mille kalpa et abandonnés par les Trois Trésors pendant deux cents millions de kalpa.
Si l’on compare à une maladie [la rétribution duel aux cinq transgressions capitales d’une part et celle causée par une opposition à la Loi d’autre part, alors les cinq transgressions capitales seraient comparables à une insolation, dont les effets se manifestent subitement. Quant à l’opposition à la Loi, elle est comparable à la lèpre blanche qui semble d’abord bénigne mais se révèle peu à peu très grave. Ceux qui commettent des calomnies contre la Loi renaissent généralement dans l’Enfer aux souffrances incessantes ou, plus rarement, dans les six voies inférieures. S’ils renaissent dans le monde des êtres humains alors, nous dit le Sūtra, ils subiront la 440pauvreté, feront partie des personnes de basse condition et souffriront de lèpre blanche et d’autres choses encore.
Quand je brandis devant moi le clair miroir du Sūtra du Lotus, tout y apparaît limpide. Il ne fait aucun doute que, dans mes existences antérieures, j’ai été coupable d’opposition à la Loi. Si, dans mon existence présente, je n’efface pas cette faute, comment pourrais-je alors échapper aux souffrances de l’enfer à l’avenir ? Comment pourrais-je rassembler toutes les fautes graves accumulées, époque après époque, depuis le très lointain passé, pour les éradiquer toutes dans ma vie présente, afin de m’épargner de grandes souffrances à l’avenir ? En m’interrogeant à ce sujet, je me suis rendu compte qu’aujourd’hui, à notre époque, il n’est pas une province de ce pays qui ne soit remplie d’ennemis de la Loi. Pis encore, le souverain du pays en personne est le premier à perpétuer une telle opposition. Si, dans pareille époque, je n’efface pas ces lourdes transgressions, à quel moment puis-je espérer le faire ?
Si moi, Nichiren, aussi insignifiant que je sois, je parcourais maintenant le Japon en tous sens, pour dénoncer ces oppositions, alors, d’innombrables personnes parmi les quatre sortes de croyants qui suivent des doctrines erronées uniraient en un instant leurs innombrables voix pour m’insulter. À ce moment-là, le souverain du pays, s’alliant avec les moines qui calomnient la Loi, ne manquerait pas de me détester et tenterait de me faire décapiter ou ordonnerait mon exil. Et si cela se reproduisait encore et encore, alors les graves fautes que j’ai accumulées durant d’innombrables kalpa seraient effacées en l’espace d’une seule vie. Tel est donc le grand plan que j’ai conçu, et il se réalise à présent dans ses moindres détails. Me voyant donc condamné à l’exil, je ne peux qu’y voir l’accomplissement de mes vœux.
Néanmoins, n’étant rien de plus qu’un homme du commun, il m’est parfois arrivé de regretter d’avoir emprunté une telle direction. Et si j’ai pu ressentir un tel trouble, cela a dû être d’autant plus vrai pour une femme comme votre épouse, qui ne connaît pas tous les détails en la matière. Des personnes comme vous et elle ne maîtrisent pas parfaitement les enseignements du Bouddha, et j’éprouve de la peine en pensant combien vous devez profondément regretter d’avoir choisi de suivre Nichiren. Pourtant, contre toute attente, j’ai entendu dire que vous êtes tous les deux encore plus résolus et dévoués dans votre foi que je ne le suis moi-même. Voilà chose exceptionnelle. Je me demande si le bouddha Shakyamuni en personne n’est pas entré dans vos coeurs et cela m’émeut tant que je peux à peine contenir mes larmes.
Le Grand Maître Miaole dit dans le septième volume [des Annotations sur le Commentaire textuel du Sūtra du Lotus] : « Nous savons donc que c’est en raison des graines plantées dans les existences antérieures qu’à l’époque de la Fin de la Loi on peut entendre la Loi, ne serait-ce qu’un instant, et y croire après l’avoir entendue. » Il dit aussi [dans les Annotations sur La Grande Concentration et Pénétration] : « Étant né à la fin de l’époque de la Loi formelle, j’ai pu voir ces mots véritables du Sūtra. À moins d’avoir planté la cause merveilleuse dans une existence antérieure, il est vraiment difficile de les rencontrer. »
Durant ses quelque quarante premières années d’enseignement, le bouddha Shakyamuni garda secrets les cinq caractères de Myōhō-renge-kyō. Il resta même silencieux à leur sujet en enseignant les quatorze premiers chapitres du Sūtra du Lotus, qui incluent l’enseignement théorique. C’est uniquement dans le chapitre “Durée de la vie” qu’il parle ouvertement des deux caractères, renge, qui [représentent les cinq caractères de Myōhō-renge-kyō] et désignent l’effet originel et la cause originelle4. Le Bouddha ne confia pas ces cinq caractères à Manjusri, ou à Sagesse-Universelle, ni à Maitreya, ni à Roi-de-la-Médecine, ni à d’autres membres de leur groupe. Il choisit 441de faire apparaître Pratiques-Supérieures, Pratiques-Sans-Limites, Pratiques-Pures et Pratiques-Solidement-Établies et leurs disciples depuis la Terre de la lumière [éternellement] paisible, pour leur transmettre ces cinq caractères.
Se déroula alors une cérémonie qui n’avait rien d’ordinaire. L’Ainsi-Venu Maints-Trésors, qui réside dans le monde Pureté-du-Trésor, fit son apparition, assis dans une tour qui émergea de la terre, dotée des sept sortes de trésors. Shakyamuni purifia quatre cent mille millions de nayuta de mondes, en plus de ce système de mondes majeurs, y planta des rangées d’arbres à joyaux mesurant cinq cents yojana de haut, à des intervalles correspondant à la distance que peut parcourir une flèche, disposa un trône de lion de cinq yojana de haut, sous chaque arbre à joyaux, et plaça sur ces sièges tous les bouddhas des dix directions qui étaient ses émanations.
Sur ce, l’Ainsi-Venu Shakyamuni ôta son vêtement souillé, ouvrit la Tour aux trésors et prit place à côté de l’Ainsi-Venu Maints-Trésors. C’est comme si le soleil et la lune étaient apparus côte à côte dans le ciel bleu, ou comme si le roi céleste Shakra et le roi Né-du-Sommet-du-Crâne5 avaient pu s’asseoir ensemble dans la Salle de la Bonne Loi. Manjusri et les autres bodhisattvas de ce monde, Sensible-aux-Sons-du-Monde et les autres bodhisattvas des autres mondes s’étaient rassemblés dans l’espace ouvert des dix directions, comme autant d’étoiles emplissant le ciel.
À ce moment-là, en cet endroit précis, se rassemblèrent les grands bodhisattvas, tels que Sagesse-du-Dharma, Forêt-de-Mérites, Bannière-de-Diamants, Resserre-de-Diamants, d’un nombre égal aux particules de poussière des mondes des dix directions, qui s’étaient déjà réunis dans les sept lieux et les huit assemblées du Sūtra de la Guirlande de fleurs6 en tant que disciples du bouddha Vairochana assis sur le piédestal en forme de lotus des mondes des dix directions ; [vinrent aussi] les bouddhas et bodhisattvas qui s’étaient déjà réunis comme autant de nuages dans la grande Salle aux trésors, pour entendre enseigner les sūtras de la période Vaipulya ; Subhuti, Shakra, et les mille bouddhas qui s’étaient déjà réunis pour entendre les sūtras de la Sagesse ; les quatre bouddhas et les quatre bodhisattvas7, figurant parmi les neuf honorés sur le lotus à huit pétales du Sūtra de Mahavairochana ; les trente-sept honorés8 du Sūtra de la couronne de diamants ; et les bouddhas et bodhisattvas du monde des phénomènes dans les dix directions appelés à se rassembler dans la cité de Kushinagara pour écouter le Sūtra du Nirvana. Tous furent reconnus par Manjusri, Maitreya et les autres membres de leur groupe, qui conversèrent avec eux, ce qui indique que les grands bodhisattvas, tels que Manjusri et Maitreya, étaient tout à fait habitués à leur présence.
C’est dans un tel contexte que les quatre bodhisattvas surgirent de la terre. Le bodhisattva Manjusri, qui formula l’enseignement dont l’Ainsi-Venu Shakyamuni fut le neuvième9 héritier et qui fut la mère des bouddhas des trois phases de l’existence [le passé, le présent et l’avenir] 10, et le bodhisattva Maitreya, appelé lors de sa prochaine naissance à succéder au bouddha Shakyamuni, parurent parfaitement insignifiants quand ils se retrouvèrent à côté de ces quatre bodhisattvas. On aurait dit d’humbles montagnards se mêlant à des nobles et à de hauts dignitaires, ou des primates et des singes assis à côté de lions.
Après avoir convoqué les quatre bodhisattvas, le bouddha Shakyamuni leur confia les cinq caractères de Myōhō-renge-kyō. Cette transmission n’eut rien d’une affaire ordinaire, car le Bouddha commença par manifester dix pouvoirs transcendantaux. Quand il éleva sa longue et large langue, jusqu’à ce qu’elle atteigne les limites du monde de la forme, tous les autres bouddhas firent de même, de sorte que les langues des bouddhas s’élevèrent dans les airs, au-dessus 442des quatre cent mille millions de nayuta de mondes comme cent, mille, dix mille, ou un million d’arcs-en-ciel rouges emplissant le ciel. Quelle magnifique vision !
Le Bouddha démontra ainsi combien ses dix pouvoirs transcendantaux étaient merveilleux et, de ce qui est appelé la transmission de l’essence du Sūtra, il a extrait ce qui était au cœur du Sūtra du Lotus pour le transmettre aux quatre bodhisattvas. Il les enjoignit avec ferveur à le confier après sa disparition à tous les êtres vivants des dix directions. Après quoi, il manifesta de nouveau un pouvoir transcendantal11 et confia ce Sūtra et les autres enseignements dispensés durant sa vie à Manjusri et à d’autres bodhisattvas de ce monde et d’autres mondes, aux personnes des deux véhicules et aux êtres célestes et humains, aux divinités-dragons, etc.
Ces cinq caractères, Myōhō-renge-kyō, ne furent pas même confiés à Mahakashyapa, à Shariputra ou aux autres disciples, bien que ces hommes aient été d’emblée présents auprès du Bouddha, aussi proches de lui qu’une ombre qui suit le corps. Mais, si nous laissons cela de côté, pourquoi le Bouddha a-t-il refusé de les confier aux bodhisattvas tels que Manjusri et Maitreya ? Même si leurs facultés paraissaient peut-être limitées, cela ne semble pas justifier son rejet. Il y a vraiment là de quoi s’étonner. En fait les bodhisattvas des autres mondes furent écartés en raison de leur faible lien avec ce monde-ci ; et, dans d’autres cas, même si les bodhisattvas étaient de ce monde saha, ils n’avaient avec lui qu’un lien récent ; certains furent aussi rejetés parce que, bien que disciples du Bouddha, ils n’étaient pas présents lorsqu’il manifesta pour la première fois sa quête de l’éveil et atteignit l’illumination dans le très lointain passé. Ainsi, parmi ses disciples des quelque quarante années précédant l’enseignement du Sūtra du Lotus ou parmi ceux qui étaient présents au moment de l’enseignement théorique, correspondant aux quatorze premiers chapitres du Sūtra du Lotus, il n’y en eut pas un seul qui aurait pu être qualifié de disciple originel. Nous apprenons du Sūtra que seuls ces quatre bodhisattvas avaient été les disciples de Shakyamuni, seigneur des enseignements, depuis des kalpa et des kalpa de particules de poussière d’innombrable systèmes de mondes majeurs dans le passé ; depuis le temps où il avait manifesté pour la première fois sa quête de l’éveil et atteint l’illumination, ils n’avaient jamais suivi aucun autre bouddha, pas plus qu’ils n’avaient eu besoin d’être instruits par les enseignements théorique et essentiel.
Ainsi, Tiantai dit : « La grande assemblée fut témoin du fait que seuls les bodhisattvas sortis de la terre firent ce serment12. » Il déclare aussi : « [Le Bouddha dit aux bodhisattvas sortis de la terre] : “Voici mes disciples destinés à propager ma Loi13.” » Miaole dit : « Les enfants propagent la Loi du père14. » Et Daoxian déclare : « La Loi concrétisée ici [dans le Sūtra du Lotus] est la Loi à laquelle [le Bouddha originel s’éveilla] il y a d’innombrables kalpa dans le passé et elle fut donc confiée à des personnes qui étaient disciples du Bouddha depuis d’innombrables kalpa dans le passé15. » C’est donc à ces quatre bodhisattvas que furent confiés les cinq caractères de Myōhō-renge-kyō.
Néanmoins, après la disparition du Bouddha, durant les mille ans de l’époque de la Loi correcte, les mille ans de l’époque de la Loi formelle, et les quelque deux cent vingt années écoulées depuis le début de l’époque de la Fin de la Loi, nulle part en Inde, en Chine, au Japon, ou dans n’importe quel lieu de tout le Jambudvipa, ces quatre bodhisattvas ne sont apparus une seule fois. Pourquoi ?
Bien que l’enseignement de Myōhō-renge-kyō ne lui ait pas été confié spécifiquement, le bodhisattva Manjusri demeura dans ce monde pendant quatre cent cinquante ans après la disparition du Bouddha pour 443propager les sūtras du Mahayana et, même dans les âges ultérieurs, il descendit parfois du Mont-Parfumé ou de la Montagne-Claire-et-Fraîche, en prenant la forme d’un moine éminent afin de propager les enseignements du Bouddha16. Le bodhisattva Roi-de-la-Médecine apparut sous la forme du Grand Maître Tiantai, le bodhisattva Sensible-aux-Sons-du-Monde devint le Grand Maître Nanyue17, et le bodhisattva Maitreya devint Fu Dashi18. De plus, Mahakashyapa et Ananda s’efforcèrent de propager les enseignements du Bouddha après sa disparition, pendant respectivement vingt et quarante ans. Cependant, durant tout ce temps, les héritiers légitimes du Bouddha, à qui avait été confié l’enseignement de Myōhō-renge-kyō, n’apparurent pas.
Durant cette période de quelque deux mille deux cents ans, des souverains vertueux et des rois sages ont honoré des images peintes ou sculptées de Shakyamuni, seigneur des enseignements, en tant que principal objet de vénération. Mais, s’ils ont représenté [en peinture ou sculpture] des bouddhas du Hinayana et du Mahayana, des bouddhas du Sūtra de la Guirlande de fleurs, du Sūtra du Nirvana et du Sūtra de la méditation, des bouddhas de l’enseignement théorique du Sūtra du Lotus et du Sūtra du bodhisattva Sagesse-Universelle, des bouddhas du Sūtra de Mahavairochana et des autres sūtras du Shingon, et les bouddhas Shakyamuni et Maints-Trésors du chapitre “L’apparition de la Tour aux trésors”, jamais le bouddha Shakyamuni du chapitre “Durée de la vie” n’a été représenté nulle part, dans aucun temple de montagne, ni aucun monastère. Il est bien difficile de comprendre pourquoi.
L’Ainsi-Venu Shakyamuni a précisément mentionné la dernière période de cinq cents ans comme étant le bon moment pour propager le Sūtra du Lotus, mais il n’a jamais mentionné cela pour les deux mille ans des époques de la Loi correcte et de la Loi formelle. Le Grand Maître Tiantai dit : « Pendant la dernière période de cinq cents ans, la Voie merveilleuse se répandra et apportera des bienfaits aux êtres humains pour longtemps à l’avenir19 », indiquant ainsi que la propagation relevait d’une époque ultérieure. Le Grand Maître Dengyō a écrit : « Les époques de la Loi correcte et de la Loi formelle sont presque terminées, et l’époque de la Fin de la Loi approche20. » Il écarta ainsi la fin de l’époque de la Loi formelle, en déclarant que ce n’était pas le moment de propager le Sūtra du Lotus.
Devons-nous en déduire que les grands bodhisattvas sortis de la terre, aussi nombreux que les particules de poussière de mille mondes, ont l’intention de rester silencieux et impassibles, revenant ainsi sur la promesse faite au moment où Shakyamuni, Maints-Trésors, et les bouddhas des dix directions leur confièrent l’enseignement ?
En fait, même les sages présentés dans les écrits non bouddhiques savent qu’il faut attendre le moment propice. Le coucou attend toujours le quatrième ou cinquième mois pour faire entendre son chant. De même, nous lisons dans le Sūtra que ces grands bodhisattvas doivent eux aussi attendre la venue de l’époque de la Fin de la Loi.
Pourquoi dis-je cela ? Les écrits bouddhiques et non bouddhiques établissent clairement que des présages apparaissent toujours avant un événement particulier, inscrit dans le destin. Ainsi, quand une araignée tisse sa toile, cela signifie qu’un événement heureux va se produire et, quand une pie jacasse, cela annonce l’arrivée imminente d’un visiteur. Si des événements aussi mineurs s’accompagnent de présages, à plus forte raison des événements majeurs. C’est pourquoi les six événements de bon augure décrits dans le chapitre “Introduction” du Sūtra du Lotus sont de grands présages, dont l’ampleur dépasse tout autre signe majeur apparu du vivant du bouddha Shakyamuni. Et les présages décrits dans le chapitre “Surgir de terre21” sont d’une ampleur incomparablement plus grande encore.
444C’est pourquoi Tiantai dit : « En observant la violence de la pluie, nous pouvons dire la taille du dragon qui l’a provoquée et, en observant l’éclosion des fleurs de lotus, nous pouvons déterminer la profondeur de l’étang dans lequel elles ont poussé22. » Et Miaole déclare : « Les hommes sages perçoivent la cause des choses, de même que les serpents connaissent la voie des serpents23. »
Aujourd’hui, moi aussi, je discerne la signification des présages et dois de ce fait figurer parmi les sages. Le grand tremblement de terre de la première année de l’ère Shōka [1257], sous le signe cyclique de hinoto-mi, le vingt-troisième jour du huitième mois, lors du passage de l’heure du Chien à l’heure du Sanglier [autour de vingt et une heures], ainsi que la grande comète apparue lors de la première année de l’ère Bun’ei [1264], sous le signe cyclique de kinoe-ne, le quatrième jour du septième mois24, voilà des présages majeurs comme il ne s’en est jamais produit durant les quelque deux mille deux cents ans écoulés depuis la disparition du Bouddha. Je me demande si ces signes majeurs n’indiquent pas que ces grands bodhisattvas s’apprêtent à faire maintenant leur apparition en ce monde, en apportant la grande Loi.
On ne voit pas s’élever des vagues de dix pieds dans une mare d’eau large de quelques pouces, et le braiement d’un âne ne peut faire souffler le vent. Même si le gouvernement du Japon d’aujourd’hui est en plein chaos et que les gens ordinaires poussent des cris de détresse, ces seules circonstances pourraient difficilement provoquer l’apparition de si importants présages. Nul autre [que Nichiren] ne comprend qu’il s’agit là de grands signes annonçant que, bien que le Sūtra du Lotus ait péri, il est en fait éternel25.
Durant les deux mille ans écoulés [depuis la disparition du Bouddha], il y eut de mauvais rois insultés par leurs sujets et des traîtres détestés de tous. Mais, sans être coupable d’aucune faute, durant les vingt années passées, Nichiren a sans cesse été maudit et insulté, attaqué à coups de sabre et de bâton, de tuiles et de pierres, par des personnes de haute comme de basse condition. Voilà un événement qui n’a rien d’ordinaire.
Je suis comparable au bodhisattva Jamais-Méprisant qui, vers la fin de la Loi du bouddha Roi-Son-Majestueux, fut insulté et rabaissé pendant de nombreuses années. De plus, citant l’exemple de ce bodhisattva, le bouddha Shakyamuni prédit qu’après sa propre disparition, à l’époque de la Fin de la Loi, il se produirait le même genre d’événements qu’au temps de Jamais-Méprisant. Cependant, que ce soit ici, près de nous, au Japon, ou dans ce lointain pays qu’est la Chine, jamais pareil événement n’a été mentionné pour le compte du Sūtra du Lotus.
Comme les gens me détestent, nul ne mentionne le sens de tout cela. Si je le fais moi-même, cela peut passer pour de l’éloge de soi. Mais, si je m’abstiens, je commettrai la faute de faire mentir les paroles du Bouddha. Je dis cela parce que le fait d’accorder peu de prix à sa propre vie mais de la valeur à la Loi est la voie du sage.
Moi, Nichiren, je ressemble au bodhisattva Jamais-Méprisant. Que le roi d’un pays assassine ses parents ou qu’un sujet de basse condition tue son père et sa mère, malgré leur différence de position sociale, la même cause conduira les deux assassins dans l’Enfer aux souffrances incessantes. De même, bien que le bodhisattva Jamais-Méprisant et moi, nous nous trouvions à des niveaux différents, nous accomplissons le même acte. Par conséquent, si le bodhisattva Jamais-Méprisant est destiné à atteindre la bouddhéité, peut-il y avoir le moindre doute sur le fait que j’obtiendrai également le fruit de la bouddhéité ?
Le bodhisattva Jamais-Méprisant fut insulté par des moines arrogants qui observaient intégralement les deux cent cinquante préceptes. Moi, Nichiren, je suis calomnié et accusé par Ryōkan, 445considéré comme le plus important observateur des préceptes. Les moines qui ont insulté Jamais-Méprisant, même s’ils ont fini par le suivre, durent encore souffrir dans l’enfer Avīci pendant mille kalpa. Mais Ryōkan n’a jamais encore recherché mes enseignements. C’est pourquoi je ne sais pas ce qu’il adviendra de lui. Il est peut-être destiné à tomber en enfer pendant d’innombrables kalpa. C’est vraiment pitoyable !
Question : À propos du grand tremblement de terre de l’ère Shōka, dans votre lettre de remontrance Sur l’établissement de l’enseignement correct pour la paix dans le pays, que vous avez confiée au moine séculier Yadoya pour qu’il la soumette à sa Seigneurie, le regretté moine séculier du Saimyō-ji, le seizième jour du septième mois de la première année de l’ère Bunnō [1260], sous le signe cyclique de kanoe-saru, vous avez émis l’opinion que le ciel et la terre avaient laissé éclater leur fureur parce que les gens du Japon détruisaient la Loi bouddhique en s’appuyant sur le Choix du Nembutsu par-dessus tout de Hōnen, et que cette erreur apporterait la rébellion au sein du pays et l’invasion de pays étrangers.
Mais vous dites maintenant que le tremblement de terre était un présage de bon augure, annonçant la propagation du Sūtra du Lotus. Comment expliquez-vous le fossé entre ces deux explications ?
Réponse : Votre question est très pertinente. Il est dit dans le quatrième volume du Sūtra du Lotus : « Puisque haine et jalousie envers ce Sūtra abondent en ce monde, du vivant même de l’Ainsi-Venu, ne seront-elles pas pires encore après sa disparition26 ? » Et, dans le septième volume, se référant de nouveau à l’époque « après sa disparition », quand la situation aura empiré, le Bouddha dit : « Quand j’aurai disparu, dans la dernière période de cinq cents ans, il te faudra le propager largement dans tout le Jambudvipa (...)27. » Nous voyons donc que la haine qui abonde après la disparition du Bouddha apparaîtra dans la dernière période de cinq cents ans, quand seront propagés [les cinq caractères de] Myōhō-renge-kyō. Et, juste après le passage ci-dessus, le Bouddha avertit des dangers représentés par « les démons, le peuple des démons, les êtres célestes, les dragons, les yaksha ou les démons kumbhanda ».
Quand le grand patriarche Xingman posa les yeux sur le Grand Maître Dengyō, il s’exclama : « Les paroles [du Bouddha] ne s’éteindront pas. Maintenant, j’ai rencontré cet homme ! Toutes les doctrines que j’ai apprises, je les transmettrai à cet Ajari28 venu du Japon29. » La situation reste aujourd’hui identique. En ce début de l’époque de la Fin de la Loi, le moment est venu de propager les cinq caractères de Myōhō-renge-kyō de sorte que tous les habitants du Japon puissent recevoir les graines de la bouddhéité.
Quand une servante est enceinte du souverain, les autres femmes deviennent furieuses. Et quand on offre à une personne de naissance humble un joyau de la couronne du roi, alors, de grands troubles ne manquent pas d’apparaître.
Comme il est dit dans le Sūtra : « [Le Sūtra du Lotus] se heurtera à une grande hostilité dans le monde et sera difficile à croire30. »
On lit dans le Sūtra du Nirvana : « Si l’on fait souffrir un sage, le pays où il réside sera attaqué par d’autres. » Le Sūtra des rois bienveillants dit pour l’essentiel la même chose. Si, moi, Nichiren, je suis attaqué, alors du ciel, de la terre et des quatre directions, de grandes calamités tomberont comme la pluie, jailliront comme des fontaines, ou se soulèveront comme des vagues. Si les nombreux moines, ces nuées de sauterelles qui affligent le pays, et les autorités proches du pouvoir persistent à me calomnier toujours davantage et à lancer contre moi de fausses accusations, on verra se produire de grands désastres d’une ampleur toujours croissante.
Quand un [roi-démon] asura tenta d’atteindre le dieu Shakra, sa flèche rebondit et 446lui creva un œil. Et, quand les oiseaux garuda tentèrent d’attaquer le roi-dragon Anavatapta, des flammes jaillirent de tous leurs corps et les consumèrent. Le pratiquant qui garde le Sūtra du Lotus est-il inférieur à Shakra ou au roi-dragon Anavatapta ?
Le Grand Maître Zhangan dit : « Celui qui détruit les enseignements du Bouddha ou sème la confusion en leur sein les trahit. Si l’on se lie d’amitié avec quelqu’un sans avoir la bienveillance pour le corriger, on est en fait son ennemi31. » Et il ajoute : « Celui qui délivre l’offenseur du mal agit comme son parent32. »
Tous les êtres ordinaires du Japon ont été égarés par les extravagantes déclarations de Hōnen qui leur a dit de « rejeter, fermer, écarter, et abandonner » [le Sūtra du Lotus] ou par celles de l’école Zen qui présente son enseignement comme « une transmission séparée en dehors des sūtras », de sorte qu’il n’y a pas une seule personne qui ne soit destinée à tomber dans l’Enfer aux souffrances incessantes. Convaincu de cela, durant les quelque vingt années passées, je n’ai jamais cessé de m’élever haut et fort contre ces erreurs, en ne redoutant ni le souverain du pays ni le peuple. Je ne suis en aucune façon inférieur à Guan Longfeng et Bi Gan, ministres des temps anciens connus pour leur franchise. Je suis pareil au bodhisattva à mille bras, Sensible-aux-Sons-du-Monde, qui, dans sa grande compassion, s’efforce de sauver sur-le-champ tous les êtres confinés dans l’Enfer aux souffrances incessantes.
Quand plusieurs enfants sont prisonniers d’un incendie, même si leurs parents souhaitent les sauver tous en même temps, comme ils n’ont que deux bras, ils doivent décider lequel sauver en premier et lesquels viendront après. Le Sūtra du Lotus est un parent à mille bras, dix mille bras, ou un million de bras. Les sūtras enseignés avant le Sūtra du Lotus n’ont en quelque sorte qu’un ou deux bras. Mais le Sūtra du Lotus a la nature de Bouddha aux bras innombrables, grâce à laquelle le Bouddha « a converti tous les êtres vivants et leur a permis à tous d’accéder à la Voie du Bouddha33 ». Selon le Sūtra du Lotus et le commentaire de Zhangan, Nichiren est un père et une mère emplis de compassion envers tous les habitants du Japon. Le Ciel est peut-être très haut, mais ses oreilles fines lui permettent d’entendre. La Terre a peut-être de l’épaisseur, mais elle observe avec ses yeux perçants. Ciel et Terre connaissent donc la situation d’aujourd’hui. Et pourtant moi, qui suis le père et la mère de tous les êtres humains, je suis maudit, insulté, et envoyé en exil. Les abus du gouvernement de ce pays durant les deux ou trois dernières années passées sont sans équivalent dans les temps anciens, et défient toute raison.
Dans votre lettre, vous mentionnez vos sentiments de piété filiale envers votre mère défunte. En vous lisant, j’ai été si ému que j’ai eu bien du mal à retenir mes larmes.
Il y a longtemps en Chine vivaient cinq jeunes gens, parmi lesquels Yuan Zhong34. Au début, ils ne se connaissaient pas, car ils étaient issus de régions diverses et portaient des noms de famille différents, mais ils firent le vœu d’être frères, ne s’opposèrent jamais les uns aux autres et, pour finir, amassèrent trois mille trésors.
Tous étaient orphelins, ce qui les faisait souffrir. Alors, lorsqu’ils rencontrèrent une vieille femme sur la route, ils décidèrent de l’honorer comme leur propre mère. Ils agirent ainsi vingt-quatre années durant, sans jamais contrarier le moindre de ses désirs.
Puis la mère tomba soudain malade et devint incapable de parler. Levant les yeux au ciel, les cinq fils dirent : « Nos efforts pour nous occuper de notre mère n’ont pas été appréciés, et elle est en proie à une maladie qui l’a privée de l’usage de la parole. Si le Ciel accorde le moindre prix aux sentiments filiaux, nous prions pour qu’elle recouvre la faculté de parler. »
Sur ce, la mère dit à ses cinq fils : « J’étais autrefois la fille d’un certain Yang 447Meng, de la région de Taiyuan. j’ai été mariée à Zhang Wen Jian de la même région, qui est mort depuis. Nous avons eu un fils que nous avons appelé Wuyi. Quand il atteignit l’âge de sept ans, une rébellion éclata dans le pays, et je ne sais ce qu’il advint de lui. Mes cinq fils, vous vous occupez de moi depuis vingt-quatre ans, mais jamais je ne vous ai parlé de cela. Mon fils, Wuyi, avait les sept étoiles de la Grande Ourse marquées sur la poitrine et un grain de beauté sur la plante du pied droit. » Après avoir achevé de parler, elle mourut.
Lorsque les cinq fils accompagnèrent sa dépouille jusqu’au lieu d’inhumation, ils rencontrèrent en chemin le juge de la région. Celui-ci avait malencontreusement laissé tomber un sac contenant d’importants documents, et les cinq jeunes gens furent accusés de l’avoir volé, ce qui leur valut d’être arrêtés et ligotés. Quand le juge vint à leur rencontre, il leur demanda : « Qui êtes-vous ? », sur quoi, les jeunes gens lui dirent tout ce qu’ils avaient appris de leur mère.
En les écoutant, le juge faillit tomber de son siège, il leva les yeux au ciel, puis s’inclina en larmes jusqu’à terre. Il détacha leurs liens pour les libérer, les fit asseoir auprès de lui, et dit : « Je suis Wuyi et la femme dont vous vous êtes occupés était ma mère ! Durant ces vingt-quatre dernières années, j’ai connu bien des occasions de me réjouir, mais je pensais sans cesse à ma mère bien-aimée, et ma joie ne fut jamais complète. » Il présenta ensuite les cinq hommes au souverain du pays, et chacun fut nommé à la tête d’une région.
Ainsi, même des personnes sans lien les unes avec les autres furent récompensées pour s’être unies et avoir traité quelqu’un d’autre comme leur propre parent. Ce sera donc d’autant plus vrai pour d’authentiques frères et sœurs qui s’occupent avec affection de leurs parents ! Comment le Ciel pourrait-il ne pas les approuver ?
Pure-Resserre et Pure-Vision utilisèrent le Sūtra du Lotus pour amener leur père, qui soutenait des vues erronées, vers l’illumination. Devadatta était un ennemi du Bouddha, condamné par les sūtras enseignés durant les quelque quarante premières années d’enseignement du Bouddha. Le moment de sa mort fut terrifiant : la terre se fendit, et il tomba dans l’Enfer aux souffrances incessantes. Mais, dans le Sūtra du Lotus, il fut convoqué et reçut la prédiction qu’il deviendrait l’Ainsi-Venu Souverain-Céleste. Le roi Ajatashatru tua son père mais, juste avant que le Bouddha n’entre dans le nirvana, il entendit les enseignements du Sūtra du Lotus, et put échapper aux grandes souffrances de l’enfer Avīci.
Cette province de Sado est en quelque sorte le royaume des bêtes sauvages. De plus, on y trouve de très nombreux disciples de Hōnen qui me détestent, cent, mille, dix mille, un million de fois plus que les gens de Kamakura. Je ne suis jamais certain de parvenir vivant au terme de la journée. Mais, grâce au chaleureux soutien que vous m’avez l’un et l’autre apporté, j’ai réussi à préserver ma vie jusqu’à présent. Sachant cela, je suppose que, puisque Shakyamuni, Maints-Trésors, et les bouddhas et grands bodhisattvas des dix directions font tous des offrandes et rendent hommage au Sūtra du Lotus, ces bouddhas et ces bodhisattvas doivent informer vos parents à chaque heure de la nuit et du jour que vous me venez en aide. Et, si vous goûtez maintenant aux faveurs de votre seigneur, vous le devez sans doute aussi à la bienveillante protection de vos parents.
Ne considérez jamais vos frères et sœurs comme de simples frères et sœurs. Pensez vraiment à eux comme s’il s’agissait de vos propres enfants. Il est vrai que, parmi les enfants, certains sont comme les petits de la chouette qui, dit-on, mangent leur propre mère, ou comme les progénitures de la bête hakei35, qui guettent l’occasion de dévorer leur propre père. Même si Shirō36, votre propre enfant, s’occupe de ses parents, si c’est une mauvaise personne, il n’y a rien à faire. 448En revanche, même un inconnu, si vous lui ouvrez votre cœur, peut avoir le désir de donner sa vie pour vous. Ainsi, si vous traitez vos frères cadets comme vos propres fils, ils pourront devenir vos alliés pour la vie et, du même coup, cela impressionnera favorablement les autres à votre égard. De même, si vous considérez vos sœurs cadettes comme vos filles, pourquoi ne manifesteraient-elles pas en retour de la piété filiale ?
Quand j’ai été exilé en ce lieu, j’ai imaginé que nul ne me rendrait visite. Mais il n’y a pas moins de sept ou huit personnes avec moi ici et, sans votre sollicitude, je ne sais pas comment nous pourrions subvenir aux besoins de tout le groupe. Je suis convaincu que, s’il en est ainsi, c’est parce que les caractères du Sūtra du Lotus ont pénétré dans vos corps pour vous pousser à nous venir en aide. Aussi troublée que soit l’époque à venir, je prie pour que le Sūtra du Lotus et les dix filles rakshasa vous protègent tous. Je prie ainsi avec autant de ferveur qu’il en faudrait pour produire du feu avec du bois humide ou tirer de l’eau d’un sol desséché. Il y a beaucoup d’autres sujets à aborder, mais je conclurai ici.
Nichiren
Réponse à Shijō Kingo
Notes
1. Cette série de fautes va de la moins grave à la plus grave. Voir « dix fautes majeures », « six fautes majeures », etc. dans le glossaire.
2. Les cinq transgressions capitales sont : tuer son père ; tuer sa mère ; tuer un arhat ; blesser un bouddha ; provoquer la discorde dans la Communauté bouddhiste.
3. Selon l’ancienne cosmologie indienne, la durée de la vie humaine passe par un cycle répété de périodes de croissance et de décroissance. Selon le calcul présenté ici, un kalpa dure 15 998 000 ans.
4. L’effet originel désigne l’illumination atteinte par le Bouddha dans le très lointain passé, et la cause originelle, la cause de cette illumination. « L’effet originel » et « la cause originelle » indiquent aussi respectivement le monde de la bouddhéité (effet) et les neuf états (cause) qui sont l’un et l’autre originellement inhérents à la vie. Myōhō-renge-kyō est la Loi qui simultanément contient à la fois la cause et l’effet.
5. Né-du-Sommet-du-Crâne ou Murdhagata, en sanskrit, apparaît dans plusieurs sūtras. On dit qu’il est sorti du sommet du crâne du roi Uposatha et qu’il était appelé à devenir un roi-qui-fait-tourner-la-roue-d’or. Il gouverna les quatre continents entourant le mont Sumeru et finalement s’éleva dans le ciel des trente-trois divinités, au sommet du mont Sumeru. Selon le Sūtra du Nirvana, il y fut accueilli par le dieu Shakra, qui le fit asseoir à ses côtés dans la Salle de la Bonne Loi, située au sud-ouest, en dehors du palais de Shakra Agréable-à-Voir, dans le ciel des trente-trois divinités.
6. L’enseignement du Sūtra de la Guirlande de fleurs aurait été dispensé devant huit assemblées successives, en sept lieux différents, en partant du lieu de l’illumination du bouddha Shakyamuni pour se déplacer dans divers cieux.
7. Bouddhas et bodhisattvas dépeints dans la cour du lotus à huit pétales, qui apparaît au centre du mandala du Plan de la matrice. Dans ce mandala, le bouddha Mahavairochana figure assis au centre du lotus.
8. Cinq bouddhas, réunis autour de Mahavairochana et trente-deux bodhisattvas décrits dans le Sūtra de la couronne de diamants.
9. Cette histoire apparaît dans le chapitre “Introduction” du Sūtra du Lotus. Dans le très lointain passé, Manjusri apparut sous la forme du bodhisattva Éclat-Merveilleux, disciple du bouddha Éclat-de-Soleil-et-de-Lune. Après la disparition de ce Bouddha, Éclat-Merveilleux continua à croire dans le Sūtra du Lotus que son maître avait exposé. Ce Bouddha avait donné naissance à huit fils avant de renoncer au monde. Le bodhisattva Éclat-Merveilleux mena ces fils à l’illumination. Le dernier d’entre eux à atteindre la bouddhéité fut le bouddha Torche-Brûlante et c’est sous sa direction que, dans une existence antérieure, Shakyamuni pratiqua le Sūtra pour atteindre l’illumination. En ce sens, Shakyamuni fut « le neuvième héritier » des enseignements de Manjusri.
10. Le Sūtra de la contemplation sur les étapes de l’esprit et d’autres sūtras présentent Manjusri comme la mère de tous les bouddhas. On l’appelle ainsi parce qu’il incarne la sagesse suprême essentielle pour atteindre l’illumination.
11. Au début du chapitre “Transmission” du Sūtra du Lotus, le bouddha Shakyamuni caressa de la main droite la tête des innombrables bodhisattvas présents, avant de leur transmettre à tous le Sūtra du Lotus.
449 12. Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.
13. Ibid.
14. Annotations sur le Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.
15. Supplément au Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.
16. Selon le Sūtra du Nirvana de Manjusri, qutre cent cinquante ans après la disparition du Bouddha, le bodhisattva Manjusri se rendit dans les montagnes Neigeuses, où il présenta les enseignements bouddhiques à cinq cents ermites. Par la suite, il prit la forme d’un moine et, descendant des montagnes, mena de nombreux êtres humains au salut. Il vécut par la suite dans un stupa sur le Mont-Parfumé (skt. Gandhamādana) qui s’étend, dit-on, au nord des montagnes Neigeuses. Selon le Sūtra de la Guirlande de fleurs, Manjusri vit sur la Montagne-Claire-et-Fraîche (ch. Qingliang), à l’est, laquelle fut assimilée plus tard au mont Wutai, en Chine.
17. Les manifestations respectives de Roi-de-la-Médecine et de Sensible-aux-Sons-du-Monde en Tiantai et Nanyue sont mentionnées dans Sūtra du Lotus et ses traditions.
18. Fu Dashi était un moine chinois. Il est dit dans la biographie de Fu Dashi qu’il descendit du ciel Tushita, demeure du bodhisattva Maitreya, pour exposer l’enseignement de l’illumination suprême.
19. Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.
20. Essai sur la protection du pays.
21. C’est là une référence au sol qui se fend et aux innombrables bodhisattvas qui surgissent de la terre.
22. Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.
23. Annotations sur le Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.
24. La comète apparut pour la première fois le vingt-sixième jour du sixième mois, se mit à briller avec un éclat renouvelé le quatrième jour du septième mois, et conserva son éclat au cours du huitième mois.
25. Cela signifie que, à l’époque de la Fin de la Loi, même si le Sūtra du Lotus est devenu sans effet, la Loi de Nam-myōhō-renge-kyō, présente dans les profondeurs du chapitre “Durée de la vie” du Sūtra, se propagera pour apporter des bienfaits à tous les êtres humains.
26. Sūtra du Lotus, chap. 10.
27. Ibid., chap. 23.
28. Titre honorifique signifant « maître ».
29. Biographie du Grand Maître du mont Hiei.
30. Sūtra du Lotus, chap. 14.
31. Annotations sur le Sūtra du Nirvana.
32. Ibid.
33. Sūtra du Lotus, chap. 2.
34. Yuan Zhong était un habitant de l’État de Wei, durant la dynastie des Zhou (environ 1100-256 avant notre ère), en Chine. L’histoire de ces cinq personnes apparaît dans les Annotations sur La Grande Concentration et Pénétration.
35. Bête sauvage légendaire, ressemblant à un tigre.
36. On ne connaît pas les détails concernant Shirō. Aucune autre lettre n’indique que Shijō Kingo avait un fils. Un de ses frères cadets s’appelait Shirō, mais il n’est pas certain que ce soit à lui que Nichiren fasse ici allusion.