Points de repère
On pense que cette lettre a été écrite au mont Minobu, lors de la douzième année de Bun’ei (1275). On n’a conservé que deux lettres destinées au moine séculier de Kō et à son épouse, celle-ci et la Lettre à la nonne séculière de Kō, et on n’a que très peu d’éléments les concernant.
Comme ils habitaient dans la ville où se situait le siège du gouvernement de la province de Sado, on appelait le mari « moine séculier de Kō » ; autrement dit, le moine séculier qui réside au siège du gouvernement de la province (kō). Bien que cette lettre leur soit adressée à tous les deux, le contenu (en particulier, l’éloge que Nichiren adresse à la nonne séculière qui permit à son mari de lui rendre visite malgré le long trajet) suggère qu’elle était destinée à l’épouse.
Durant l’exil de Nichiren sur l’île de Sado, le moine séculier et son épouse le protégèrent et lui firent des offrandes, en dépit du risque de représailles de la part des autorités locales. Puis, après le départ de Nichiren pour le mont Minobu, le moine séculier effectua le difficile et périlleux voyage depuis Sado pour lui rendre visite.
J’ai bien reçu les deux sacs en papier d’algues nori1, les dix paquets d’algues wakame, le sac en papier d’algues vertes, et les champignons2 [que vous m’avez fait parvenir].
L’esprit humain est inconstant ; il est toujours changeant et jamais stable. J’ai trouvé merveilleux que vous ayez eu foi en mes enseignements alors que j’étais dans cette province de Sado, et la bonne volonté dont vous avez fait preuve en m’envoyant votre mari jusqu’ici est encore plus remarquable. Nous vivons dans des provinces très éloignées l’une de l’autre, des mois et des années ont passé, et je craignais donc que vous ne vous relâchiez dans votre détermination. Cependant, vous témoignez d’une foi toujours plus profonde et accumulez les actes bons. Voilà qui n’est sûrement pas le résultat de la pratique d’une ou deux vies antérieures seulement.
Le Sūtra du Lotus étant difficile à croire, le Bouddha emprunte diverses formes, celles d’un enfant, d’un parent ou d’une épouse, pour que l’on puisse avoir foi en lui. Mais vous n’avez pas d’enfants et vivez simplement en tant que mari et femme. Il est dit dans le Sūtra : « Les êtres vivants qui peuplent [le monde des trois plans] sont tous mes enfants3. » Par conséquent, le bouddha Shakyamuni, seigneur des enseignements, doit être un père empli de compassion pour chacun de vous. Moi, Nichiren, je dois être votre enfant mais, désireux de sauver le peuple du Japon, je réside pour l’instant dans la région centrale du pays. Les actions méritoires que vous avez accumulées dans les existences antérieures sont en vérité bien précieuses.
Quand les Mongols envahiront le Japon, je vous prie de venir me rejoindre. Et, puisque vous n’avez pas de fils, pensez à venir vivre vos vieux jours ici, avec moi. 494Aucun lieu n’est en sécurité. Soyez convaincue que la bouddhéité est la demeure finale.
Avec mon profond respect,
Nichiren
Le douzième jour du quatrième mois
Réponse au moine séculier de Kō