Points de repère
Lors du troisième mois de 1275, environ un an avant la rédaction de cette lettre, Nichiren avertit Shijō Kingo, un samouraï qui comptait parmi ses loyaux partisans et fut l’un des premiers convertis, que, en tant que pratiquant du Sūtra du Lotus, il devait se préparer à rencontrer davantage de difficultés et d’épreuves. Dans l’œuvre présente, Nichiren explique la nature du véritable bonheur. Il consiste, dit-il, à réciter Nam-myōhō-renge-kyō. Il ajoute que la souffrance est inévitable, encourageant Shijō Kingo à considérer « la souffrance et la joie comme des réalités de la vie » et à continuer « à réciter Nam-myōhō-renge-kyō, quoi qu’il arrive ». Nichiren souligne que c’est là le moyen d’expérimenter « la joie illimitée de la Loi », c’est-à-dire l’état de bouddha.
Le seul vrai bonheur pour les êtres vivants réside dans la récitation de Nam-myōhō-renge-kyō. On lit dans le Sūtra : « (...) où les êtres vivants se divertissent à leur guise1. » Que désigne ce passage, sinon la joie illimitée de la Loi ? Sans doute faites-vous partie de ces « êtres vivants ». « Où » désigne le Jambudvipa et le Japon se trouve dans le Jambudvipa. Que signifie « se divertissent à leur guise », sinon que nos corps et nos esprits, nos vies et leur environnement, sont des réalités des trois mille mondes en un instant de vie et des bouddhas de la joie illimitée2 ? Le seul vrai bonheur réside dans la foi envers le Sūtra du Lotus. C’est ce que signifie « paix et sécurité dans leur existence présente et de bonnes circonstances pour leurs existences futures3 ». Même si des troubles apparaissent dans votre vie courante, ne les laissez jamais vous perturber. Nul ne peut éviter les problèmes, pas même les sages ou les personnes vertueuses.
Ne buvez du saké que chez vous, avec votre épouse, et récitez Nam-myōhō-renge-kyō. Prenez les souffrances et les joies comme elles se présentent. Considérez la souffrance et la joie comme des réalités de la vie et continuez à réciter Nam-myōhō-renge-kyō, quoi qu’il arrive. Qu’est-ce que cela désigne, sinon la joie illimitée de la Loi ? Renforcez plus que jamais votre foi.
Avec mon profond respect,
Nichiren
Le vingt-septième jour du sixième mois de la deuxième année de Kenji [1276], signe cyclique de hinoe-ne.
Réponse à Shijō Kingo
Notes
1. Sūtra du Lotus, chap. 16. Le passage complet est le suivant : « Cette terre, qui est mienne, demeure paisible et sûre, emplie en permanence d’êtres célestes et d’êtres humains. Les salles et les 686pavillons dans leurs jardins et les bosquets sont ornés de diverses sortes de joyaux. Les arbres précieux regorgent de fleurs et de fruits en ce lieu où les êtres vivants se divertissent à leur guise. »
2. « Le bouddha de la joie illimitée » est le bouddha éternel qui provient de la joie illimitée de la Loi.
3. Sūtra du Lotus, chap. 5.