Soka Gakkai Bibliothèque du bouddhisme de Nichiren

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Lettre à la Sage Nichimyō
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ÉCRITS: 36 Lettre à la Sage Nichimyō

( pp.324 - 330 )

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 1. Traité de la grande perfection de sagesse.

 2. Il s’agit de vingt idéogrammes qui se trouvent dans la traduction chinoise faite par Kumarajiva.

 3. Sūtra sur l’acquittement des dettes de reconnaissance.

 4. Sūtra du Nirvana.

 5. On trouve cette histoire dans le Sūtra du Nirvana.

 6. Cette histoire figure dans le vingt-troisième chapitre du Sūtra du Lotus.

 7. Sūtra du Lotus, chap. 20.

 8. Cette histoire est rapportée dans le chapitre “Devadatta” (le douzième) du Sūtra du Lotus, bien que le nom de Suzudan n’y soit pas spécifiquement mentionné.

 9. Selon le Sūtra de la lumière dorée, dans une existence passée, Shakyamuni entreprit le paramita du don en tant que prince Sattva, fils du roi Maharatha. Il découvrit une tigresse blessée qui venait de mettre bas mais était trop affaiblie par la faim pour nourrir sa progéniture. Il lui fit alors offrande de son corps.

 10. Selon les Récits de la guirlande des naissances, un jour, le dieu Vishvakarman se déguisa en colombe et Shakra se changea en épervier pour tester le roi Shibi. L’épervier poursuivit la colombe qui se réfugia dans la robe du roi Shibi en quête de protection. Pour sauver la colombe, Shibi offrit sa propre chair à l’épervier affamé. Le roi Shibi était Shakyamuni dans l’une de ses existences passées, alors qu’il accomplissait le paramita du don.

 11. Shrutasoma, ou Clarté-Universelle, était le nom de Shakyamuni dans une existence passée, alors qu’il était roi. Voir glossaire.

 12. Cette histoire apparaît dans le Sūtra sur les sages et les insensés. L’ascète Persévérance était Shakyamuni, alors qu’il accomplissait le paramita de la persévérance dans une existence passée. L’ascète enseigna un jour le paramita aux servantes du roi Kali, à Varanasi. Le roi supposa que l’ascète tentait de les séduire et laissa éclater sa colère. Apprenant que l’ascète accomplissait la pratique de la persévérance, le roi lui fit couper les mains, les jambes, les oreilles et le nez. Mais l’ascète ne fléchit pas. Son sang se changea en lait et il recouvra toute son intégrité physique. Voyant cela, le roi se repentit de sa conduite et, dès lors, protégea l’ascète.

 13. Cette histoire apparaît, entre autres, dans le Sūtra sur les sages et les insensés. Né au sein d’une famille royale, le prince Généreux-Donneur-d’Aumônes éprouvait de la pitié pour les pauvres et les gens qui souffraient dans son pays et il implora son père de leur offrir tous ses trésors. Une fois que son père eut fait ce don, le prince entra dans la mer en quête d’un joyau-qui-exauce-les-vœux, propriété d’un roi-dragon. Il dut faire face à bien des obstacles avant de découvrir finalement le joyau et, lorsqu’il l’eut rapporté, il fit tomber une pluie de trésors sur son peuple. Ce prince était Shakyamuni dans une vie antérieure.

 14. Shōjari était le nom de Shakyamuni alors qu’il pratiquait en tant qu’ascète le paramita de la méditation dans une existence passée. Selon le Traité de la grande perfection de sagesse, alors que Shōjari se livrait à la méditation, un oiseau vint bâtir un nid dans ses cheveux et y pondit plusieurs œufs. Un jour, il parvint à un niveau de pénétration spirituelle élevé mais, sachant la présence des œufs sur sa tête, il se retint de bouger jusqu’à leur éclosion et l’envol des oiseaux nouveaux-nés.

 15. Sūtra du Lotus, chap. 3.

 16. Ibid., chap. 2.

 17. Annotations sur le Sūtra du Nirvana.

 18. Ancienne unité de mesure linéaire au Japon. Voir glossaire.

 19. Sūtra du Lotus, chap. 2.

 20. Ibid., chap. 11.

 21. Ibid., chap. 16.

 22. Ibid.

 23. Cela correspond aux quatre mauvais actes de la parole : mentir, flatter (ou tenir des propos arbitraires et irresponsables), diffamer et faire preuve de duplicité.

 24. Dans le vingtième chapitre du Sūtra du Lotus, le bodhisattva Jamais-Méprisant, manifestant son respect envers tous les êtres humains pour leur nature de bouddha innée, prédit qu’ils deviendraient bouddha à l’avenir. Dans le même esprit, Nichiren attribua à la destinataire de cette lettre le nom bouddhique de Sage Nichimyō. Nichi, de Nichimyō, vient de Nichiren et désigne le soleil, et myō, ou merveilleux, vient de Nam-myōhō-renge-kyō.

 25. Les mondes de la souffrance dans lesquels une personne tombe en rétribution de ses mauvais actes.

 26. Hōjō Tokisuke, demi-frère aîné du régent Hōjō Tokimune, avait monté une conspiration pour s’emparer du pouvoir, mais Tokimune en eut vent et y mit rapidement un terme en faisant tuer son demi-frère.

32436

Lettre à la Sage Nichimyō


Texte

Points de repère


Nichiren écrivit cette lettre à Ichinosawa, sur l’île de Sado. Il l’adressa à une disciple de Kamakura, qui s’était séparée de son mari alors qu’elle était encore jeune. On sait peu de chose à son sujet, sinon qu’elle entreprit le long et périlleux voyage depuis Kamakura avec sa fille en bas âge, prénommée Oto, pour rendre visite à Nichiren en exil. Nichiren fut si impressionné par sa foi qu’il lui attribua dans cette lettre le nom bouddhique de Sage Nichimyō (Merveilleux-Soleil).

Lorsque Nichiren se retira au mont Minobu, elle lui rendit encore visite et, par la suite, au cours du huitième mois de 1275, Nichiren lui envoya une lettre destinée à sa fille, intitulée La suprématie de la Loi. Il lui disait alors qu’elle serait toujours la bienvenue au mont Minobu et il l’invitait à venir y séjourner selon son gré.

Au début de cette lettre, Nichiren cite sept récits concernant les pratiques de bodhisattva auxquelles Shakyamuni s’est livré lors de ses existences passées. En réalisant des pratiques aussi dures dans sa quête de la Loi bouddhique, Shakyamuni a pu atteindre la bouddhéité. En fait, Nichiren compare le difficile voyage de Nichimyō jusqu’à Sado à ces pratiques de bodhisattva, pour indiquer que son esprit de recherche lui permettra d’atteindre l’illumination.

Dans la partie suivante, Nichiren explique que le bouddhisme qu’il pratique n’est pas aussi difficile que celui de Shakyamuni parce que Nam-myōhō-renge-kyō contient tous les bienfaits accumulés par ce dernier pendant toute une série de vies au cours de ses pratiques de bodhisattva. C’est pourquoi, en récitant Nam-myōhō-renge-kyō, nous, hommes du commun, pouvons obtenir en cette vie les mêmes vertus et bienfaits que le bouddha Shakyamuni. Tel est le thème majeur de cette lettre où Nichiren explique l’essence de son enseignement : par la récitation de Nam-myōhō-renge-kyō, un homme du commun peut devenir bouddha.

En conclusion, Nichiren loue la forte foi de sa disciple et lui confère le titre de Sage, pour signifier qu’elle deviendra bouddha.

Haut de la page


Autrefois vivait un ascète appelé Aspiration-à-la-Loi. Pendant douze ans, il voyagea de pays en pays en quête des enseignements d’un Ainsi-Venu. Durant ce temps, il ne découvrit aucun des Trois Trésors ; ni le Bouddha, ni la Loi, ni la Communauté [bouddhiste] ne se trouvaient où que ce soit. L’ascète poursuivit néanmoins sa quête de la Loi bouddhique, aussi désespérément qu’une personne assoiffée recherche de l’eau, ou un affamé de la nourriture. Un jour, un brahmane vint à sa rencontre et lui dit : « Je détiens une strophe de l’enseignement qui conduit à l’éveil. Si 325tu recherches véritablement la Loi bouddhique, je te la confierai. » L’ascète l’implora de le faire. Le brahmane dit alors : « Pour prouver ta sincérité, d’abord arrache-toi la peau pour t’en servir de parchemin, brise un de tes os pour en faire un pinceau de calligraphie, broies-en la moelle pour en tirer du pigment, et prends de ton sang pour préparer l’encre. Si tu es prêt à faire tout cela pour transcrire cet enseignement, je t’enseignerai la strophe du Bouddha. »

L’ascète fut transporté de joie. Il s’arracha la peau et la fit sécher pour en faire un parchemin. Puis il accomplit précisément toutes les autres actions exigées de lui. Quand il eut terminé, le brahmane disparut brusquement. L’ascète se lamenta sur son sort, tantôt levant les yeux au ciel, tantôt se jetant au sol. Conscient de sa sincérité, le Bouddha émergea de la terre et lui enseigna ceci : « Pratique ce qui s’accorde avec la Loi ; ne pratique pas ce qui la contredit. Celui qui pratique la Loi connaîtra paix et sécurité à la fois dans cette vie et dans la suivante1. » À l’instant même où l’ascète entendit ces mots, il devint bouddha. Cet enseignement consiste en vingt caractères [chinois]2.

Autrefois, [dans une existence antérieure], alors que Shakyamuni, en tant que bodhisattva, était un roi-qui-fait-tourner-la-roue, il révéra une phrase en huit caractères qui disait : « Celui qui naît est voué à mourir. Mettre un terme à ce cycle, c’est entrer dans la joie du nirvana3. » En offrande à ces huit caractères, il donna son propre corps pour alimenter mille lanternes. Il exhorta également les autres à inscrire ces caractères sur les murs de pierres et les routes principales, pour que les gens puissent les lire et éveiller leur aspiration à atteindre l’illumination.

La lumière de ces lanternes s’éleva jusqu’à hauteur du ciel des trente-trois divinités, où elle servit à illuminer Shakra et les autres divinités célestes.

Dans une autre existence antérieure, Shakyamuni était un bodhisattva, en quête de la Loi bouddhique. Un jour, un lépreux lui dit : « je détiens l’enseignement correct, composé de vingt caractères. Si vous acceptez de masser mon corps de lépreux, de le prendre dans vos bras et de le lécher, si vous m’offrez chaque jour à manger deux ou trois livres de votre propre chair, je vous confierai l’enseignement. » Le bodhisattva fit exactement ce que le lépreux lui avait demandé. Grâce à cela, il obtint l’enseignement en vingt caractères et put atteindre la bouddhéité. Voici quel était l’enseignement : « L’Ainsi-Venu s’est éveillé à la vérité du nirvana, et s’est libéré à jamais du cycle des naissances et des morts. Celui qui l’écoute en toute sincérité obtiendra à coup sûr une joie infinie4. »

Autrefois vivait un jeune garçon appelé Montagnes-Neigeuses, qui habitait les montagnes du même nom. Il était parvenu à la maîtrise de tous les enseignements non bouddhiques, mais n’avait pas encore rencontré la Loi bouddhique. Puis, un jour, il entendit un terrifant démon réciter un verset commençant ainsi : « Tout est changeant, rien n’est constant. Telle est la loi de la naissance et de la mort. » Le démon ne prononça que les huit premiers caractères de ce verset, laissant le reste dans le silence. Le garçon éprouva une immense joie en entendant ces huit premiers caractères, mais il eut aussi le sentiment de n’avoir obtenu que la moitié d’un joyau-qui-exauce-tous-les-vœux. C’était comme une plante qui fleurit mais ne porte pas de fruits. Quand le jeune garçon s’enquit des huit caractères manquants, le démon répondit : « Cela fait des jours que je n’ai rien mangé. Je suis trop étourdi par la faim pour enseigner les huit autres caractères. Donne-moi d’abord à manger. » « De quoi te nourris-tu ? » demanda le garçon. « Je me nourris de la chair fraîche et du sang des êtres humains. Je puis certes voler n’importe où, à travers les quatre continents, en un instant, mais je n’ai pu trouver ni chair fraîche ni sang frais. Les êtres humains sont 326protégés par les divinités célestes et je ne peux donc les tuer, sauf s’ils commettent de mauvais actes », répondit le démon.

« Je vais te faire l’offrande de mon propre corps. Alors, enseigne-moi les huit derniers caractères, de sorte que je puisse laisser derrière moi l’enseignement dans son intégralité », dit le garçon Montagnes-Neigeuses. « Tu es un fieffé coquin ! Je suis sûr que tu essaies de me tromper », répondit le démon. « Si l’on se voyait offrir de l’or et de l’argent en échange de simples débris ou cailloux, comment pourrait-on ne pas accepter ? Si je meurs sans but sur cette montagne, mon corps sera dévoré par des rapaces, des hiboux, des loups et des tigres, et je n’en tirerai cependant aucun bienfait. En revanche, donner ma vie pour obtenir les huit derniers caractères, c’est comme échanger des excréments contre de la nourriture », dit le garçon.

« Je ne te crois pas », dit le démon. « J’en connais qui pourront se porter garants de mon honnêteté. À l’instar des bouddhas des temps passés, je demande au grand roi céleste Brahma, au seigneur céleste Shakra, aux dieux du soleil et de la lune, et aux quatre rois célestes, de témoigner en ma faveur », le rassura le garçon.

Finalement, le démon consentit à transmettre la seconde moitié du verset. Le garçon ôta son vêtement en peau de bête qu’il étendit sur le sol pour que le démon puisse s’y asseoir. Puis il s’agenouilla, joignit les mains en signe de supplication, et pria le démon de prendre place. Le cruel démon accepta et se mit à réciter : « En mettant un terme au cycle des naissances et des morts, on entre dans la joie du nirvana. » Après avoir pris connaissance du verset dans son intégralité, le jeune garçon l’inscrivit sur les arbres et les pierres. Une fois cette tâche achevée, il se jeta dans la gueule du démon. Le garçon Montagnes-Neigeuses était en fait Shakyamuni dans l’une de ses existences antérieures, alors que le démon était Shakra déguisé en démon5.

Le bodhisattva Roi-de-la-Médecine brûla ses bras pendant soixante-douze mille ans pour en faire offrande au Sūtra du Lotus6. Le bodhisattva Jamais-Méprisant endura insultes et humiliations pendant bien des années ; il fut battu à coups de bâton, de tuiles et de pierres, par d’innombrables moines, nonnes, croyants et croyantes laïcs, parce qu’il exprimait sa vénération à leur égard en utilisant cette formule en vingt-quatre caractères : « J’éprouve envers vous un profond respect. Je n’oserais jamais vous traiter avec arrogance ni vous mépriser. Pourquoi cela ? Parce que vous pratiquez tous la voie des bodhisattvas et que vous parviendrez tous sans aucun doute à la bouddhéité7. » Le bodhisattva Jamais-Méprisant était le bouddha Shakyamuni dans l’une de ses vies antérieures. Le roi Suzudan accomplit des tâches ingrates au service du prophète Asita8 pendant mille ans afin de recevoir les cinq caractères de Myōhō-renge-kyō. Il alla jusqu’à faire un lit de son propre corps pour son maître. Grâce à cela, il renaquit en tant que bouddha Shakyamuni.

Le Sūtra du Lotus de la Loi merveilleuse est composé de huit volumes. Lire ces huit volumes revient en fait à en lire seize, car le Sūtra fut exposé par Shakyamuni et authentifié par Maints-Trésors. À leur tour, les seize volumes en représentent d’innombrables, car ils ont été authentifiés par les bouddhas des dix directions. De la même façon, chaque caractère du Sūtra en vaut deux, puisqu’il fut prononcé par Shakyamuni et confirmé par Maints-Trésors. Mieux encore, un seul caractère équivaut à un nombre infini de caractères, la validité du Sūtra étant attestée par les bouddhas des dix directions. On obtient autant de trésors grâce à un seul joyau-qui-exauce-les-vœux que grâce à deux ou à d’innombrables joyaux de ce genre. De même, chaque caractère du Sūtra du Lotus est comme un seul joyau-qui-exauce-les-vœux, et les innombrables caractères du Sūtra sont pareils à d’innombrables joyaux. Le caractère myō 327fut prononcé par deux langues : celles de Shakyamuni et de Maints-Trésors. Les langues de ces deux bouddhas sont comme une fleur de lotus à huit pétales, chaque pétale en recouvrant un autre, sur laquelle repose un joyau, le caractère myō.

Le joyau du caractère « myō » contient tous les bienfaits reçus par l’Ainsi-Venu Shakyamuni en pratiquant les six paramita dans ses existences passées : les bienfaits obtenus par la pratique du don en offrant son corps à une tigresse affamée9 et en donnant sa vie en échange de celle d’une colombe10 ; les bienfaits obtenus lorsqu’il était le roi Shrutasoma et tint parole, au prix même de sa vie, afin de rester fidèle aux préceptes11 ; les bienfaits obtenus alors qu’il était l’ascète « Persévérance », en endurant les tortures infligées par le roi Kali12 ; les bienfaits obtenus en tant que prince Généreux-Donneur-d’Aumônes13 et en tant que l’ascète Shōjari14, et tous les autres bienfaits. Nous, personnes de cet âge mauvais de la Fin de la Loi, n’avons pas créé la moindre bonne cause mais, [en nous transmettant le joyau de myō], Shakyamuni nous a octroyé le même bienfait que si nous avions nous-mêmes accompli toutes les pratiques des six paramita. Cela s’accorde parfaitement avec sa déclaration : « Ce Monde des trois plans est aujourd’hui mon domaine et les êtres vivants qui le peuplent sont tous mes enfants15. »

En tant qu’hommes du commun, ligotées comme nous le sommes par les désirs terrestres, nous pouvons instantanément obtenir les mêmes bienfaits que le bouddha Shakyamuni, car nous recevons tous ceux qu’il a accumulés. On lit dans le Sūtra : « Dans l’espoir de rendre toutes personnes égales à moi-même, sans aucune distinction entre nous16. » Cela signifie que ceux qui croient dans le Sūtra du Lotus et le pratiquent équivalent au bouddha Shakyamuni.

Pour donner quelques exemples, un père et une mère s’unissent harmonieusement pour donner naissance à un enfant. Nul ne peut nier que l’enfant est la chair et le sang de ses parents. Un veau engendré par un bœuf royal deviendra un bœuf royal ; il ne pourra jamais devenir roi des lions. Un lionceau, engendré par un roi-lion, deviendra roi des lions ; il ne pourra jamais devenir un roi humain ou céleste. Or, les pratiquants du Sūtra du Lotus sont les enfants du bouddha Shakyamuni, seigneur des enseignements, comme l’enseigne cette phrase du Sūtra : « Les êtres vivants qui peuplent ce monde sont tous mes enfants. » Ils n’éprouvent donc aucune difficulté à devenir des rois de la Loi, à l’instar de Shakyamuni.

Cependant, les enfants dépourvus de piété fliale ne peuvent succéder à leurs parents. Le roi Yao avait un héritier nommé Dan Zhu et le roi Shun avait pour successeur le prince Shang Jun. À cause de leur manque de piété filiale, ces deux fils furent déshérités par leurs pères respectifs et ramenés au rang de roturiers. En revanche, Chonghua et Yu, enfants de roturiers, étaient l’un et l’autre exemplaires en matière de piété filiale. Apprenant cela, le roi Yao et le roi Shun convoquèrent Chonghua et Yu et abdiquèrent à leur profit. Des roturiers accédèrent ainsi à la royauté du jour au lendemain. De même qu’un roturier peut devenir roi en cette vie présente, un homme du commun peut devenir instantanément bouddha. Tel est le cœur de la doctrine des trois mille mondes en un instant de vie.

Comment, alors, obtenir ce bienfait ? Faut-il s’arracher la peau comme l’ascète Aspiration-à-la-Loi, suivre l’exemple du jeune garçon Montagnes-Neigeuses et offrir notre corps à un démon ou, à l’instar du bodhisattva Roi-de-la-Médecine, brûler nos bras ? Comme l’a déclaré le Grand Maître Zhangan : « Il faut adapter nos choix et ne jamais adhérer seulement à l’un ou à l’autre17. » La pratique permettant de maîtriser l’enseignement correct et d’atteindre la bouddhéité varie en fonction du moment. 328S’il n’y avait pas de papier au Japon, vous devriez vous arracher la peau. Si le Sūtra du Lotus n’avait pas encore été introduit dans notre pays et qu’apparaissait un démon, seul à le connaître, vous devriez lui offrir votre corps. Si partout l’huile manquait dans le pays, vous devriez vous brûler les bras. Mais à quoi bon s’arracher la peau lorsqu’il existe d’importantes réserves de bon papier ? Xuanzang voyagea pendant dix-sept ans dans toute l’Inde, couvrant une distance de cent mille ri. Dengyō ne demeura que deux ans dans la Chine des Tang mais, pour s’y rendre, il parcourut trois mille ri18 à travers une mer déchaînée. Tous deux étaient des hommes, des anciens, des personnes vertueuses et des sages. Jamais je n’ai entendu parler d’une femme qui ait, comme vous, parcouru mille ri en quête de la Loi bouddhique. En fait, la fille du roi-dragon atteignit l’illumination dans son corps [de fille], et la nonne Mahaprajapati reçut la prédiction qu’elle deviendrait bouddha dans l’avenir. Je ne peux l’affirmer à coup sûr, mais peut-être s’agit-il de bouddhas ou de bodhisattvas qui ont revêtu une forme féminine. Après tout, ces événements se produisirent du vivant du Bouddha.

L’homme et la femme ont des caractères radicalement différents. Le feu est chaud, et l’eau, froide. Les pêcheurs ont le don d’attraper les poissons et les chasseurs excellent dans l’art de traquer le gibier. Il est dit dans un sūtra que les femmes ont l’intelligence de la jalousie mais jamais je n’ai entendu dire qu’elles avaient l’intelligence de la Loi bouddhique. On compare l’esprit d’une femme à une brise rafraîchissante ; on pourrait bien attacher le vent qu’il serait toujours difficile de saisir l’esprit féminin. On compare cet esprit à des caractères tracés à la surface de l’eau qui s’effacent aussitôt. On qualifie les femmes de menteuses, car leurs paroles sont, comme celles du menteur, tantôt vraies, tantôt fausses. On compare l’esprit féminin à une rivière car toutes les rivières sont sinueuses.

Mais le Sūtra du Lotus contient des formules telles que « renonçant très clairement à me servir des moyens opportuns19 », « [Shakyamuni] tout ce que tu viens d’exposer est la pure vérité20 », « honnêtes et droits, avec des intentions bienveillantes21 », et « ceux qui ont bon caractère sont pacifiques, honnêtes et droits22 ». Ceux qui croient en ce Sūtra doivent donc avoir l’esprit aussi droit qu’une corde d’arc tendue ou que le trait d’encre [d’un charpentier]. On peut qualifier les excréments de bois de santal, mais ils n’en acquerront pas pour autant le parfum. Il ne suffit pas de dire d’un menteur qu’il est honnête pour qu’il le devienne. Tous les sūtras sont les enseignements dorés, les paroles authentiques du Bouddha. Mais, comparés avec le Sūtra du Lotus, ils sont faux, flatteurs, grossiers, ou chargés de duplicité23. Seul le Sūtra du Lotus est la vérité parmi les vérités. Seules les personnes honnêtes peuvent avoir foi en ce Sūtra, enseignement libre de tout mensonge. Vous êtes assurément une femme qui croit dans les véritables paroles [du Bouddha].

Pensez-y ! Même si l’on pouvait rencontrer une personne qui traverse l’océan en portant le mont Sumeru sur sa tête, jamais on ne pourrait trouver une autre femme comme vous. Même si l’on pouvait rencontrer quelqu’un capable de changer le sable en riz en le faisant bouillir, jamais on ne pourrait voir une seule femme qui soit votre égale. Sachez que le bouddha Shakyamuni, le bouddha Maints-Trésors, les bouddhas des dix directions, qui sont des émanations de Shakyamuni, les grands bodhisattvas tels que Pratiques-Supérieures et Pratiques-Sans-Limites, Brahma, Shakra, les quatre rois du ciel et les autres divinités vous protégeront, comme l’ombre accompagne le corps. Vous êtes la plus importante pratiquante du Sūtra du Lotus parmi toutes les femmes du Japon. C’est pourquoi, suivant l’exemple du bodhisattva Jamais-Méprisant, je vous confère le nom bouddhique de Sage Nichimyō24.

329Le trajet depuis Kamakura, dans la province de Sagami, jusqu’à Sado, la province du nord, est de plus de mille ri, et il contraint à traverser des montagnes dangereuses et des mers déchaînées. Il faut subir les brusques assauts du vent et de la pluie, des bandits rôdent dans les montagnes tandis qu’en pleine mer des pirates se tiennent à l’affût. À chaque arrêt, dans chaque ville-relais, les gens sont aussi féroces que des chiens et des tigres, et vous avez sûrement dû avoir l’impression d’affronter les souffrances des trois mauvaises voies25 en cette vie. Nous vivons, de plus, en une époque troublée. Depuis l’an dernier, des rebelles emplissent notre pays et, le onzième jour du deuxième mois de cette année, la bataille a fini par éclater26. Nous approchons maintenant de la fin du cinquième mois, et les gens n’ont pas encore retrouvé paix et sécurité. Néanmoins, malgré tous les risques encourus, vous avez effectué le voyage jusqu’à Sado, en portant votre fille en bas âge, car son père, dont vous êtes depuis longtemps séparée, ne voulait pas s’occuper d’elle.

Je ne peux imaginer les difficultés auxquelles vous avez été confrontée durant votre périple, et encore moins trouver les mots pour les décrire. Je reposerai donc là mon pinceau de calligraphie.


Nichiren


Le vingt-cinquième jour du cinquième mois de la neuvième année de Bun’ei [1272], signe cyclique de mizunoe-saru


À la Sage Nichimyō

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Notes


 1. Traité de la grande perfection de sagesse.

 2. Il s’agit de vingt idéogrammes qui se trouvent dans la traduction chinoise faite par Kumarajiva.

 3. Sūtra sur l’acquittement des dettes de reconnaissance.

 4. Sūtra du Nirvana.

 5. On trouve cette histoire dans le Sūtra du Nirvana.

 6. Cette histoire figure dans le vingt-troisième chapitre du Sūtra du Lotus.

 7. Sūtra du Lotus, chap. 20.

 8. Cette histoire est rapportée dans le chapitre “Devadatta” (le douzième) du Sūtra du Lotus, bien que le nom de Suzudan n’y soit pas spécifiquement mentionné.

 9. Selon le Sūtra de la lumière dorée, dans une existence passée, Shakyamuni entreprit le paramita du don en tant que prince Sattva, fils du roi Maharatha. Il découvrit une tigresse blessée qui venait de mettre bas mais était trop affaiblie par la faim pour nourrir sa progéniture. Il lui fit alors offrande de son corps.

 10. Selon les Récits de la guirlande des naissances, un jour, le dieu Vishvakarman se déguisa en colombe et Shakra se changea en épervier pour tester le roi Shibi. L’épervier poursuivit la colombe qui se réfugia dans la robe du roi Shibi en quête de protection. Pour sauver la colombe, Shibi offrit sa propre chair à l’épervier affamé. Le roi Shibi était Shakyamuni dans l’une de ses existences passées, alors qu’il accomplissait le paramita du don.

 11. Shrutasoma, ou Clarté-Universelle, était le nom de Shakyamuni dans une existence passée, alors qu’il était roi. Voir glossaire.

 12. Cette histoire apparaît dans le Sūtra sur les sages et les insensés. L’ascète Persévérance était Shakyamuni, alors qu’il accomplissait le paramita de la persévérance dans une existence passée. L’ascète enseigna un jour le paramita aux servantes du roi Kali, à Varanasi. Le roi supposa que l’ascète tentait de les séduire et laissa éclater sa colère. Apprenant que l’ascète accomplissait la pratique de la persévérance, le roi lui fit couper les mains, les jambes, les oreilles et le nez. Mais l’ascète ne fléchit pas. Son sang se changea en lait et il recouvra toute son intégrité physique. Voyant cela, le roi se repentit de sa conduite et, dès lors, protégea l’ascète.

 13. Cette histoire apparaît, entre autres, dans le Sūtra sur les sages et les insensés. Né au sein d’une famille royale, le prince Généreux-Donneur-d’Aumônes éprouvait de la pitié pour les pauvres et les gens qui souffraient dans son pays et il implora son père de leur offrir tous ses trésors. Une fois que son père eut fait ce don, le prince entra dans la mer en quête d’un joyau-qui-exauce-les-vœux, propriété d’un roi-dragon. Il dut faire face à bien des obstacles avant de découvrir finalement le joyau et, lorsqu’il l’eut rapporté, il fit tomber une pluie de trésors sur 330son peuple. Ce prince était Shakyamuni dans une vie antérieure.

 14. Shōjari était le nom de Shakyamuni alors qu’il pratiquait en tant qu’ascète le paramita de la méditation dans une existence passée. Selon le Traité de la grande perfection de sagesse, alors que Shōjari se livrait à la méditation, un oiseau vint bâtir un nid dans ses cheveux et y pondit plusieurs œufs. Un jour, il parvint à un niveau de pénétration spirituelle élevé mais, sachant la présence des œufs sur sa tête, il se retint de bouger jusqu’à leur éclosion et l’envol des oiseaux nouveaux-nés.

 15. Sūtra du Lotus, chap. 3.

 16. Ibid., chap. 2.

 17. Annotations sur le Sūtra du Nirvana.

 18. Ancienne unité de mesure linéaire au Japon. Voir glossaire.

 19. Sūtra du Lotus, chap. 2.

 20. Ibid., chap. 11.

 21. Ibid., chap. 16.

 22. Ibid.

 23. Cela correspond aux quatre mauvais actes de la parole : mentir, flatter (ou tenir des propos arbitraires et irresponsables), diffamer et faire preuve de duplicité.

 24. Dans le vingtième chapitre du Sūtra du Lotus, le bodhisattva Jamais-Méprisant, manifestant son respect envers tous les êtres humains pour leur nature de bouddha innée, prédit qu’ils deviendraient bouddha à l’avenir. Dans le même esprit, Nichiren attribua à la destinataire de cette lettre le nom bouddhique de Sage Nichimyō. Nichi, de Nichimyō, vient de Nichiren et désigne le soleil, et myō, ou merveilleux, vient de Nam-myōhō-renge-kyō.

 25. Les mondes de la souffrance dans lesquels une personne tombe en rétribution de ses mauvais actes.

 26. Hōjō Tokisuke, demi-frère aîné du régent Hōjō Tokimune, avait monté une conspiration pour s’emparer du pouvoir, mais Tokimune en eut vent et y mit rapidement un terme en faisant tuer son demi-frère.

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