Un arbre transplanté ne tombera pas s’il est soutenu par un solide tuteur, même si des vents violents se mettent à souffler. Mais même un arbre qui a bien grandi pourra tomber si ses racines sont fragiles. Une personne faible ne trébuchera pas si ceux qui la soutiennent sont forts, mais une personne extrêmement forte, lorsqu’elle est seule, peut tomber sur un chemin accidenté.
De la même façon, si le Bouddha n’était pas apparu en ce monde, alors, dans tout le système de mondes majeurs, à l’exception du vénérable Shariputra et du vénérable Mahakashyapa, tous les êtres humains auraient sombré dans les trois mauvaises voies. Mais, grâce aux liens solides formés en se fiant au Bouddha, un grand nombre de personnes ont atteint la bouddhéité. Même des personnes cruelles comme le roi Ajatashatru ou Angulimala, qui, pensait-on, ne pourraient jamais atteindre l’illumination mais tomberaient inévitablement dans l’enfer Avīci, ont pu atteindre la bouddhéité en rencontrant un grand homme, le maître des enseignements, le bouddha Shakyamuni.
Par conséquent, la meilleure façon d’atteindre la bouddhéité consiste à rencontrer un ami de bien1. Jusqu’où peut nous conduire notre propre sagesse ? Si nous avons juste assez de sagesse pour distinguer le chaud du froid, nous devrions rechercher un ami de bien.
Mais rien n’est plus difficile que de rencontrer un ami de bien. C’est pourquoi le Bouddha a expliqué que cela était aussi rare que de voir une tortue borgne trouver un morceau de bois flottant à la surface de l’eau avec un creux d’une taille telle qu’elle puisse s’y mettre, ou de réussir à faire descendre un fil depuis le ciel de Brahma et le faire passer dans le chas d’une aiguille sur terre. De plus, en cette époque mauvaise de la Fin de la Loi, les amis de mal sont plus nombreux que les particules de poussière de la terre, alors que les amis de bien sont plus rares que les grains de poussière pouvant tenir sur un ongle.
Sur le mont Potalaka, le bodhisattva Sensible-aux-Sons-du-Monde se comporta comme un ami de bien pour le garçon Bons-Trésors mais, bien que le bodhisattva lui ait enseigné les deux doctrines de l’enseignement spécifique et de l’enseignement parfait, il ne lui révéla pas l’enseignement subit et parfait [du Sūtra du Lotus]. Le bodhisattva Toujours-Pleurant vendit son propre corps en offrande, dans sa quête d’un ami de bien, et c’est ainsi qu’il rencontra le bodhisattva Loi-Émergente. Mais il n’apprit de ce dernier que les trois doctrines de l’enseignement intermédiaire, de l’enseignement spécifique et de l’enseignement parfait, et ne reçut pas l’enseignement du Sūtra du Lotus. Shariputra se comporta comme un ami de bien à l’égard d’un forgeron qu’il instruisit pendant une période de quatre-vingt-dix jours, mais il ne réussit qu’à en faire une personne à l’incroyance incorrigible2. Purna enseigna la doctrine bouddhique tout un été durant, mais il enseigna les doctrines du Hinayana à des personnes qui avaient la capacité de comprendre les doctrines du Mahayana, et il en fit des adeptes du Hinayana.
Ainsi, même de grands sages [tels que Sensible-aux-Sons-du-Monde et Loi-Émergente] ne furent pas autorisés à enseigner le Sūtra du Lotus, et même des arhat qui avaient obtenu la délivrance [tels que 604Shariputra et Purna] n’ont pas toujours pu évaluer correctement la capacité des gens. À partir de ces exemples, vous pouvez imaginer à quel point les érudits de notre époque mauvaise de la Fin de la Loi ne sont pas à la hauteur ! Il vaut bien mieux être une personne mauvaise qui n’apprend absolument rien des enseignements bouddhiques que d’avoir foi en de tels hommes qui déclarent que le ciel est la terre, que l’est est l’ouest ou que le feu est l’eau, ou encore qui affirment que les étoiles sont plus brillantes que la lune, ou qu’une fourmilière est plus haute que le mont Sumeru.
Pour juger de la valeur des doctrines bouddhiques, moi, Nichiren, je crois qu’il n’y a pas de meilleurs critères que la raison et la preuve textuelle. Et, ce qui est plus précieux encore que la raison et la preuve textuelle, c’est la preuve apportée par les faits réels.
Par le passé, autour de la cinquième année de l’ère Bun’ei [1268], quand les barbares d’Ezo se rebellèrent à l’est et que les envoyés mongols arrivèrent de l’ouest avec leurs exigences, je pressentis que ces événements étaient dus au fait que les gens n’avaient pas foi dans les doctrines bouddhiques correctes. J’ai supposé que des rituels de prières seraient sûrement conduits pour soumettre l’ennemi et que de tels rituels seraient dirigés par les moines de l’école Shingon. De l’Inde, de la Chine et du Japon, je laisserai pour l’instant l’Inde de côté. Mais je suis certain que le Japon tout comme la Chine s’effondreront à cause de l’école Shingon.
Le Maître des Trois Corbeilles Shanwuwei fit le voyage depuis l’Inde jusqu’en Chine sous le règne de l’empereur Xuanzong, de la dynastie des Tang. Il y eut à ce moment-là une grande sécheresse, et Shanwuwei reçut l’ordre de conduire des prières pour qu’il pleuve. Il réussit à faire tomber une forte pluie et, de ce fait, tout le monde, de l’empereur aux gens ordinaires, fut transporté de joie. Cependant, peu après, une tempête arriva, provoquant des ravages dans tout le pays, et l’enthousiasme des gens retomba rapidement.
Sous le même règne, le Maître des Trois Corbeilles Jingangzhi vint [lui aussi] en Chine depuis l’Inde. Il pria également pour qu’il pleuve et, en l’espace de sept jours, une forte pluie tomba et les gens se réjouirent comme auparavant. Mais quand une tempête d’une violence sans précédent se leva, le souverain en conclut que l’école Zhenyan3 professait une doctrine mauvaise et effrayante, et fut bien près de renvoyer Jingangzhi en Inde. Cependant, ce dernier formula toutes sortes d’excuses et parvint à rester.
Sous le même règne, le Maître des Trois Corbeilles Bukong pria lui aussi pour qu’il pleuve. Dans les trois jours, une forte pluie se mit à tomber, provoquant la même joie qu’auparavant. Mais une fois de plus une tempête s’éleva, cette fois-ci plus violente encore que les deux fois précédentes, et elle fit rage plusieurs semaines durant avant de s’apaiser.
Que d’événements étranges ! Il n’est pas une seule personne au Japon, sage ou ignorante, qui en ait connaissance. Si quelqu’un souhaite apprendre la vérité, il ferait mieux de m’interroger en détail et de se former à ces questions tant que je suis encore en vie.
Quant au Japon, il connut une grande sécheresse lors du deuxième mois de la première année de l’ère Tenchō [824]. On demanda au Grand Maître Kōbō de prier, dans le jardin de Shinsen’en4, pour qu’il pleuve. Mais un moine du nom de Shubin se présenta et, faisant valoir qu’il était membre du clergé depuis plus longtemps que Kōbō et d’un rang plus élevé que lui, demanda à conduire le rituel. On lui accorda l’autorisation et Shubin dirigea les prières. Le septième jour, une forte pluie tomba, mais uniquement sur la capitale et non sur la campagne environnante.
Kōbō reçut alors pour instruction de diriger cette cérémonie de prières, mais sept 605jours s’écoulèrent sans pluie, puis sept jours encore et de nouveau sept jours. Finalement, l’empereur lui-même se mit à prier pour qu’il pleuve, et la pluie se mit effectivement à tomber. Mais les moines du Tō-ji [temple du Maître Kōbō] appelèrent cette pluie « la pluie de notre maître ». Il suffit de consulter les registres pour apprendre tous ces détails.
Ce fut là l’une des pires supercheries jamais connues dans notre pays. S’y ajoutent l’affaire de l’épidémie qui éclata au printemps de la neuvième année de l’ère Kōnin [818]5 et celle du sceptre de diamant en forme de trident6, deux autres supercheries tout à fait singulières. Mais je préfère partager ces choses avec vous de vive voix.
Durant la période de la dynastie des Chen, la Chine fut confrontée à une grave sécheresse, mais le Grand Maître Tiantai récita le Sūtra du Lotus et, sans délai, la pluie se mit à tomber. Le souverain et ses ministres inclinèrent la tête et les gens ordinaires joignirent les mains en signe de révérence. De plus, la pluie ne fut pas torrentielle et ne fut pas davantage accompagnée de vent ; c’était une douce averse. Le souverain Chen s’assit, ravi, devant le Grand Maître et en oublia même de retourner dans son palais. Il s’inclina à trois reprises [pour marquer sa reconnaissance envers le Grand Maître].
Une grande sécheresse éclata au Japon lors du printemps de la neuvième année de l’ère Kōnin. L’empereur Saga ordonna à Fuyutsugu7 d’envoyer le fonctionnaire Matsuna8 [auprès du Grand Maître Dengyō pour lui demander d’offrir des prières pour qu’il pleuve]. Le Grand Maître Dengyō pria pour demander la pluie en récitant le Sūtra du Lotus, le Sūtra de la lumière dorée et le Sūtra de l’excellent roi, et, le troisième jour, de légers nuages apparurent et une pluie douce se mit à tomber. L’empereur en fut si heureux qu’il autorisa la construction de l’estrade d’ordination du Mahayana9, qui avait été le projet le plus difficile [à mener à bien] au Japon.
Gomyō, maître du Grand Maître Dengyō10, était un sage et le moine le plus important de Nara, la capitale du Sud. Avec quarante de ses disciples, il récita le Sūtra des rois bienveillants et fit une prière pour demander la pluie et, cinq jours plus tard, celle-ci se mit à tomber. Il était sûrement merveilleux que la pluie soit tombée le cinquième jour, mais ce fut moins impressionnant que si elle était tombée dès le troisième jour [comme ce fut le cas avec le Grand Maître Dengyō]. De plus, ce fut une pluie très violente, ce qui rendit les résultats obtenus par Gomyō nettement inférieurs. Ces exemples vous permettent d’évaluer à quel point les efforts de Kōbō pour faire tomber la pluie furent bien inférieurs.
Le Sūtra du Lotus est donc supérieur, alors que l’enseignement de l’école Shingon est inférieur. Cependant, comme pour conduire délibérément le Japon à sa perte, nos contemporains ne s’appuient que sur le Shingon.
Me souvenant de ce qui s’était passé avec l’empereur retiré sur l’île d’Oki11, j’étais convaincu que, si l’on essayait d’utiliser les pratiques du Shingon pour tenter de soumettre les Mongols et les barbares d’Ezo, le Japon courrait certainement à sa perte. C’est pourquoi j’ai pris la décision de faire fi de ma propre sécurité et de lancer ouvertement une mise en garde.
Lorsque je fis cela, mes disciples tentèrent de me retenir mais, compte tenu de la tournure des événements, ils doivent probablement apprécier mon action. J’ai su percevoir ce qu’aucun homme sage n’avait jamais compris en Chine ni au Japon en plus de cinq cents ans !
Quand Shanwuwei, Jingangzhi et Bukong prièrent pour demander la pluie, elle tomba, mais accompagnée de vents violents. Vous devriez vous interroger sur la raison [de ce phénomène]. Des êtres humains sont parfois parvenus à faire tomber la pluie en utilisant même des enseignements non bouddhiques, y compris les 606enseignements du Dao, qui ne méritent pas qu’on s’y arrête. Alors, bien sûr, en employant les enseignements bouddhiques, même s’il ne s’agit en fait que de ceux du Hinayana, comment la pluie pourrait-elle ne pas tomber ? Cela est d’autant plus vrai si on utilise un texte tel que le Sūtra de Mahavairochana qui, bien qu’inférieur au Sūtra de la Guirlande de fleurs et aux sūtras de la Sagesse, demeure encore un peu supérieur aux sūtras Agama [du Hinayana] ! De ce fait, la pluie tomba en effet, mais la présence de vents violents indique que les doctrines appliquées étaient entachées de graves erreurs. Quant au fait que le Grand Maître Kōbō fût incapable de faire pleuvoir bien qu’il ait prié pour cela pendant vingt et un jours, et qu’il s’appropriât indûment la pluie que l’empereur parvint à déclencher, en s’en attribuant le mérite, il montre que Kōbō était encore plus gravement dans l’erreur que Shanwuwei et les autres.
Mais le plus grave de tous les mensonges, c’est ce que le Grand Maître Kōbō rapporte lorsqu’il écrit : « Au printemps de la neuvième année de l’ère Kōnin, alors que je priais pour que cesse l’épidémie, le soleil est apparu au milieu de la nuit12. » Voilà le genre de mensonges dont cet homme était capable ! Il s’agit là d’un des secrets les plus importants de ceux que je confie à mes disciples. Ils devraient citer ce passage pour mettre leurs adversaires en difficulté. Je n’entrerai pas ici dans des questions de supériorité doctrinale, mais j’aimerais simplement souligner que les points que je viens d’écrire sont de la plus haute importance. Il ne faut pas en discuter à la légère ni les transmettre à d’autres. C’est en raison de votre grande détermination que je les ai soumis à votre attention.
Et qu’advient-il de mes remontrances ? C’est parce que les gens les considèrent avec suspicion et refusent d’en tenir compte que se produisent des désastres comme ceux auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés. Si les Mongols nous attaquent avec puissance, je suis sûr que les enseignements du Sūtra du Lotus se répandront largement en cette vie présente. Alors, tous ceux qui m’ont traité durement auront des raisons de le regretter.
Les enseignements non bouddhiques [de l’Inde] datent d’environ huit cents ans avant l’époque du Bouddha. D’abord, ils se centrèrent autour des deux divinités13 et des trois ascètes, avant de se diviser graduellement en quatre-vingt-quinze écoles. Parmi les maîtres non bouddhiques figuraient de nombreux sages et des personnes dotées de pouvoirs surnaturels, mais aucun d’eux ne put se libérer des souffrances des naissances et des morts. De plus, les gens qui se convertirent à leurs enseignements, qu’ils y soient fidèles ou non, finirent tous par tomber dans les trois mauvaises voies.
Quand le Bouddha apparut en ce monde, ces quatre-vingt-quinze groupes de non-bouddhistes conspirèrent avec les souverains, les ministres et les gens ordinaires des seize royaumes majeurs de l’Inde, certains injuriant le Bouddha, d’autres l’attaquant ou tuant un nombre incalculable de ses disciples et des laïcs qui le soutenaient. Mais le Bouddha ne relâcha pas sa détermination car, dit-il, s’il devait cesser d’enseigner la Loi en se laissant intimider par les autres, il est alors certain que tous les êtres vivants tomberaient également en enfer. Il éprouva une profonde compassion et n’envisagea pas un instant de renoncer.
Ces enseignements non bouddhiques provenaient d’une lecture erronée des divers sūtras des bouddhas qui précédèrent le bouddha Shakyamuni.
La situation d’aujourd’hui est largement similaire. Même si l’on enseigne au Japon toutes sortes de doctrines bouddhiques différentes, elles proviennent toutes des « huit écoles », des « neuf écoles » ou des « dix écoles »14. Parmi les « dix écoles », je n’aborderai pas pour l’instant l’école Kegon ni les autres, à l’exception 607des écoles Shingon et Tendai. Mais comme Kōbō, Jikaku et Chishō s’égarèrent sur la question des mérites relatifs de ces dernières, les habitants du Japon ont été, dans cette vie-ci, attaqués par un pays étranger et, dans leur prochaine vie, ils tomberont dans les mauvaises voies. L’effondrement de la Chine, tout comme l’inévitable chute de sa population dans les voies mauvaises résultèrent également des erreurs de Shanwuwei, Jingangzhi et Bukong.
De plus, depuis l’époque de Jikaku et Chishō, les moines de l’école Tendai ont été perturbés par la fausse sagesse de ces hommes et firent évoluer leur école dans un sens tout à fait différent de ce qu’elle était à l’origine.
« Est-ce vraiment exact ? » se demandent peut-être certains de mes disciples. « Nichiren a-t-il véritablement une compréhension supérieure à celle de Jikaku et de Chishō ? » Mais je ne fais que suivre ce que le Bouddha a prédit dans les sūtras.
Il est dit dans le Sūtra du Nirvana que, à l’époque de la Fin de la Loi, les personnes qui calomnient l’enseignement du Bouddha, et tombent de ce fait dans l’Enfer aux souffrances incessantes, seront plus nombreuses que les particules de poussière de la terre, alors que ceux qui gardent l’enseignement correct seront moins nombreux que les grains de poussière pouvant tenir sur un ongle. Et il est dit dans le Sūtra du Lotus que, à l’époque de la Fin de la Loi du bouddha Shakyamuni, il serait plus facile de rencontrer quelqu’un qui soit capable de soulever le mont Sumeru et de le lancer au loin, qu’une personne qui puisse prêcher fidèlement le Sūtra du Lotus.
On lit dans le Sūtra de la Grande Collection, le Sūtra de la lumière dorée, le Sūtra de la sagesse des rois bienveillants, le Sūtra de la protection, le Parinirvana-sūtra et le Sūtra de l’excellent roi que, au début de l’époque de la Fin de la Loi, s’il apparaît une personne pratiquant l’enseignement correct, ceux qui gardent les enseignements erronés feront appel au souverain et à ses ministres. Le souverain et ses ministres, les croyant sur parole, insulteront cet unique défenseur de l’enseignement correct, ou l’attaqueront, l’enverront en exil, voire le mettront à mort. À ce moment-là, le roi Brahma, Shakra et toutes les innombrables divinités ainsi que les divinités célestes et terrestres s’empareront de l’esprit des souverains sages des pays voisins et les inciteront à détruire le pays où cela s’est produit. La situation à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés ne ressemble-t-elle pas à ce que décrivent ces sūtras ?
Je me demande quels bons actes posés dans vos vies antérieures ont permis à tant d’entre vous de me rendre visite à moi, Nichiren. Mais, quoi que vous découvriez en examinant votre passé, je suis sûr que cette fois vous pourrez vous libérer des souffrances des naissances et des morts. Chudapanthaka fut incapable de mémoriser un enseignement en quatorze caractères, même en trois ans, et atteignit pourtant la bouddhéité. D’un autre côté, Devadatta entreprit de mémoriser soixante mille enseignements mais tomba dans l’Enfer aux souffrances incessantes. Ces exemples illustrent précisément la situation de notre monde en cette époque de la Fin de la Loi. Ne vous imaginez surtout pas qu’ils s’adressent aux autres et ne vous concernent pas.
J’aimerais dire bien d’autres choses encore, mais j’en resterai là. Je ne sais comment vous remercier pour tout ce que vous avez fait en ces temps troublés, et c’est pourquoi j’ai voulu esquisser ici pour vous quelques points importants.
Merci pour les graines de cornille et les graines de soja vert que vous m’avez fait parvenir.
Nichiren
Le vingt-deuxième jour du sixième mois
Réponse à Nishiyama
608Notes
1. Celui qui mène les autres à l’enseignement correct. Voir glossaire.
2. Selon le Sūtra du Nirvana, Shariputra tenta d’instruire un forgeron en lui enseignant la méditation sur l’impureté du corps et un blanchisseur, en lui enseignant la méditation consistant à compter ses inspirations et ses expirations. Par cette méthode, ni l’un ni l’autre n’acquirent aucune compréhension de l’enseignement du Bouddha mais tombèrent dans des positions erronées. Par la suite, le bouddha Shakyamuni inversa l’enseignement, en apprenant au forgeron à compter ses inspirations et ses expirations et au blanchisseur à méditer sur l’impureté du corps. Après quoi l’on dit que l’un et l’autre atteignirent rapidement le stade d’arhat.
3. Nom de l’école chinoise qui devint l’école Shingon au Japon.
4. Jardin établi sur les terres du palais impérial, à Kyōto, par l’empereur Kammu, où se déroulaient les prières pour demander la pluie. On y trouvait un grand étang où, d’après la légende citée dans les Biographies des moines éminents de l’ère Genkō, vivait un dragon qui faisait tomber la pluie lorsqu’il apparaissait.
5. Dans La clé du secret du Sūtra du cœur, Kōbō prétend que, alors qu’il priait pour mettre un terme à une épidémie, le soleil se leva en pleine nuit. Cette anecdote est citée plus loin par Nichiren.
6. Instrument rituel utilisé dans le bouddhisme ésotérique, symbolisant la détermination inflexible d’atteindre l’illumination, qui peut détruire toutes les illusions. Il est dit dans la Biographie du Grand Maître Kōbō : « Alors qu’il s’apprêtait à quitter la Chine à bord d’un bateau, il se tourna du côté du Japon et lança son sceptre de diamant en forme de trident dans les airs. Ce dernier s’éloigna et disparut parmi les nuages » et « Kōbō se rendit jusqu’au pied du mont Kōya où il prit la décision d’établir son lieu de méditation (...) et par la suite on découvrit que le sceptre de diamant qu’il avait jeté par-dessus la mer s’était retrouvé là, sur cette montagne ».
7. Il s’agit de Fujiwara no Fuyutsugu (775-826), officiel de la Cour du début de la période de Heian (794-1125) qui devint finalement ministre de la gauche de l’empereur.
8. Il s’agit de Wake no Matsuna (783-846), fils de Wake no Kiyomaro. En tant que noble de la Cour, lui et son frère Hiroyo parrainèrent une conférence du Grand Maître Dengyō au [temple] Takao-dera, à Kyōto. Quatorze représentants des six écoles de Nara assistèrent à cette conférence.
9. Les moines au Japon étaient ordonnés exclusivement selon les préceptes du Hinayana. Dengyō avait cherché à maintes reprises à obtenir l’autorisation impériale d’établir une estrade d’ordination du Mahayana au mont Hiei, malgré l’ardente opposition des écoles de Nara. Ses efforts constants en ce sens, associés au formidable succès de ses prières pour demander la pluie et aux demandes de Fujiwara no Fuyutsugu et d’autres, conduisirent finalement au consentement de l’empereur Saga.
10. Il n’existe pas de source attestant que Gomyō (750-834), moine de l’école Hossō, ait été un maître de Dengyō.
11. Il s’agit là d’une référence au quatre-vingt-deuxième empereur, Gotoba. En 1221, après s’être retiré, il tenta de renverser le gouvernement de Kamakura et amena un grand nombre de moines à offrir des prières ésotériques du Shingon pour la victoire des forces impériales. Cependant, le dirigeant du shogunat de Kamakura en sortit victorieux.
12. La clé du secret du Sūtra du cœur.
13. Shiva et Vishnu.
14. Les « huit écoles » sont les écoles Kusha, Jōijitsu, Ritsu, Hossō, Sanron, Kegon, Tendai, et Shingon. En y ajoutant l’école Zen, on obtient les « neuf écoles » et, pour les « dix écoles » il faut ajouter encore l’école Jōdo.