Question : J’ai eu la chance précieuse de naître en tant qu’être humain et la bonne fortune de rencontrer la Voie du Bouddha. Mais on dit qu’il y a des enseignements superficiels et des enseignements profonds, des personnes très douées et d’autres fort peu. Alors, quels enseignements devrais-je pratiquer pour atteindre la bouddhéité le plus vite possible ? Je vous implore de m’instruire sur ce point.
Réponse : Chaque famille a ses anciens qui sont respectés et chaque province ses personnes de noble condition. Tous regardent avec déférence leur seigneur et honorent leurs propres parents, mais qui pourrait s’élever au-dessus du souverain du pays ?
De même, les confrontations entre le Mahayana et le Hinayana ou entre les enseignements provisoires et l’enseignement véritable sont comparables aux querelles entre maisons rivales ; mais, parmi tous les enseignements exposés par le Bouddha de son vivant, seul le Sūtra du Lotus occupe une position de supériorité absolue. C’est le guide qui montre la voie de l’atteinte subite de la sagesse parfaite, le chariot qui nous conduit directement sur le lieu de l’illumination.
Question : À mes yeux, un maître est quelqu’un qui a saisi le sens essentiel des sūtras et traités et qui les explique par ses commentaires. Il est alors parfaitement normal que les maîtres des diverses écoles formulent les doctrines selon leur propre compréhension et sur cette base écrivent des commentaires, établissent des principes et se consacrent à l’atteinte de l’illumination. Comment de tels efforts pourraient-ils être vains ? Soutenir que le Sūtra du Lotus occupe seul une position de supériorité absolue revient, à mon sens, à adopter une vision trop étroite.
Réponse : Si vous pensez que proclamer la supériorité absolue du Sūtra du Lotus c’est adopter une vision trop étroite, il faudrait alors en conclure que nul en ce monde n’a fait preuve de plus d’étroitesse d’esprit que le bouddha Shakyamuni. Je crains que vous vous trompiez gravement à ce sujet. Permettez-moi de vous citer l’un des sūtras et le commentaire d’une école, et voyons si je peux contribuer ainsi à vous sortir de cette confusion.
Il est dit dans le Sūtra aux sens infinis : « [Comme les êtres vivants diffèrent dans leur disposition et leurs désirs,] j’ai enseigné la Loi de façon diverse et variée. En 57enseignant la Loi de façon diverse et variée, j’ai eu recours à la force des moyens opportuns. Mais, durant ces quelque quarante années, je n’ai pas encore révélé la vérité [tout entière]. »
En entendant cette déclaration, quatre-vingt mille bodhisattvas dont Grand Ornement répondirent à l’unisson, et exprimèrent leur conviction commune que « [les êtres vivants incapables d’entendre ce Sūtra (...)] n’atteindront finalement pas l’illumination suprême, même au terme d’un nombre incommensurable, illimité, inconcevable d’asamkhya kalpa ».
Ce passage établit clairement qu’on ne parviendra pas à atteindre l’illumination suprême, même au terme d’un nombre incommensurable, illimité, inconcevable d’asamkhya kalpa, quelle que soit l’intensité avec laquelle on recherche la Voie du Bouddha en invoquant le nom du bouddha Amida, ou en adoptant les enseignements de l’école Zen, et cela en s’appuyant sur les sūtras des périodes de la Guirlande de fleurs, des périodes Agama, Vaipulya et de la Sagesse, enseignés par le Bouddha durant quelque quarante années [précédant l’enseignement du Sūtra du Lotus].
Et ce n’est pas le seul passage de ce genre. Il est dit dans le chapitre “Moyens opportuns” du Sūtra du Lotus : « L’Honoré du monde qui depuis longtemps déjà expose des doctrines adaptées à ses auditeurs doit maintenant révéler la vérité [tout entière]1. » On y lit aussi : « [Dans les terres des bouddhas des dix directions,] il n’est qu’une Loi, celle du Véhicule Unique. Il n’y en a ni deux, ni trois2. » Ces passages signifient que seul ce Sūtra du Lotus représente la vérité [tout entière].
De plus, il est dit dans le deuxième volume : « Je suis la seule personne qui puisse sauver et protéger les autres3. » Et il y est question du « seul désir de recevoir et de garder le Sūtra du Grand Véhicule, sans accepter un seul verset d’aucun autre sūtra4 ». Ces passages signifient que seul le bouddha Shakyamuni peut sauver et protéger tous les êtres vivants, et qu’il faudrait aspirer à recevoir et à garder uniquement le Sūtra du Lotus et jamais le moindre verset d’aucun autre sūtra5.
Il est dit aussi : « Si quelqu’un n’y accorde pas foi mais au contraire dénigre ce sūtra, il réduira aussitôt à néant toutes les graines qui lui auraient permis de devenir un bouddha en ce monde (...) et, lorsque sa vie s’achèvera, il se retrouvera dans l’enfer Avīci6 ». Ce passage signifie que celui qui ne croit pas au Sūtra du Lotus, mais au contraire s’y oppose, détruira immédiatement les graines de l’atteinte de la bouddhéité en ce monde. Après sa mort, il tombera dans l’Enfer aux souffrances incessantes.
En se penchant sur ces extraits, Tiantai conclut que c’est ce genre de déclaration qui suscita la question : « Serait-ce un démon qui [pour mieux me leurrer] a pris l’apparence du Bouddha7 ? » Si nous nous appuyons seulement sur les commentaires des différents maîtres sans suivre les déclarations du Bouddha lui-même, alors comment pouvons-nous appeler cela la Loi du Bouddha ? C’est d’une absurdité sans nom !
C’est pourquoi le Grand Maître Chishō déclara que si l’on nie la division des sūtras entre Hinayana et Mahayana, et que l’on ne fait pas la distinction entre une vérité partielle et la vérité parfaite [ou plénière], acceptant ainsi tous les mots des divers maîtres, alors les enseignements bouddhiques n’auront servi à rien8.
Tiantai affirma : « Tout ce qui a une doctrine profonde et s’accorde avec les sūtras doit être mis par écrit et propagé. Mais n’ayez aucune foi en tout ce qui, dans les mots ou dans le sens, ne correspond pas à ces critères9. » Il dit aussi : « Toute affirmation qui ne s’appuie pas sur une preuve textuelle doit être déclarée fausse10. » Comment interprétez-vous ces propos ?
Question : Vos paroles peuvent s’appliquer aux commentaires des maîtres. Mais que faites-vous des sūtras enseignés avant le 58Sūtra du Lotus où il est dit « Voici le Sūtra le plus important » ou « Voici le roi des sūtras »? S’il fallait suivre vos propos, alors nous devrions rejeter ces déclarations sorties de la bouche même du Bouddha, n’est-ce pas ?
Réponse : Même si l’on peut lire dans ces sūtras antérieurs « Voici le Sūtra le plus important » ou « Voici le roi des sūtras », tous n’en sont pas moins des enseignements provisoires. Il ne faut pas s’appuyer sur de telles déclarations. Le Bouddha lui-même fit à ce sujet le commentaire suivant : « Appuyez-vous sur les sūtras complets et définitifs et non sur ceux qui ne sont ni complets ni définitifs11. » Et le Grand Maître Miaole déclara : « Si d’autres sūtras peuvent se qualifier de roi des sūtras, aucun ne se présente comme le plus important de tous les sūtras prêchés dans le passé, dans le présent, ou dans l’avenir12. Il faut donc les appréhender selon le principe de “combiner, exclure, correspondre et inclure13”. » Ce passage du commentaire dit en substance que même si un sūtra particulier se qualifie de roi des sūtras, s’il ne se déclare pas supérieur à ceux qui ont été ou seront prêchés avant et après lui, alors il faut savoir qu’il appartient aux enseignements opportuns.
Les sūtras précédant le Sūtra du Lotus ont pour caractéristique de ne rien dire de ceux qui seront enseignés par la suite. Seul le Sūtra du Lotus, quintessence ultime des enseignements du Bouddha, affirme clairement sa position de supériorité absolue « parmi les sūtras que j’ai prêchés, que je prêche ou que je prêcherai ».
D’où ce commentaire : « C’est seulement dans le Sūtra du Lotus que le Bouddha a révélé le sens de ses enseignements antérieurs et éclairci le sens véritable de son enseignement présent14. » C’est donc dans le Sūtra du Lotus que l’Ainsi-Venu a donné une forme définitive à sa véritable intention ainsi qu’aux méthodes à utiliser pour enseigner et convertir les êtres vivants.
Voilà qui explique cette déclaration de Tiantai : « Après que l’Ainsi-Venu a atteint l’illumination, pendant quelque quarante ans il n’a pas révélé la vérité [tout entière]. Avec le Sūtra du Lotus, il a révélé cette vérité15 pour la première fois. » En d’autres termes, après son apparition dans le monde, l’Ainsi-Venu enseigna pendant plus de quarante ans sans révéler l’enseignement véritable. C’est dans le Sūtra du Lotus qu’il a révélé pour la première fois la vraie voie menant à l’atteinte de la bouddhéité.
Question : Vous m’avez fait comprendre que le Sūtra du Lotus est le plus important des sūtras que le Bouddha « a prêchés, prêche ou prêchera ». Mais un maître a déclaré que la phrase « En plus de quarante ans, je n’ai pas encore révélé la vérité [tout entière] » ne s’appliquait qu’aux auditeurs capables de parvenir à la bouddhéité grâce au Sūtra du Lotus. Elle ne s’applique pas aux bodhisattvas qui avaient déjà atteint le bienfait de l’illumination grâce aux sūtras antérieurs au Sūtra du Lotus. Quelle est votre opinion à ce sujet ?
Réponse : Vous faites allusion à la thèse selon laquelle le Sūtra du Lotus aurait été enseigné pour les personnes des deux véhicules16 et non pour les bodhisattvas, et que les mots « je n’ai pas encore révélé la vérité [tout entière] » ne s’appliqueraient donc qu’aux deux véhicules. Telle était l’opinion du Grand Maître Tokuitsu, de l’école Hossō. Le Grand Maître Dengyō l’a désavoué ainsi : « C’est aujourd’hui quelqu’un qui dispense des aliments médiocres. Il a composé plusieurs volumes d’écrits erronés, calomniant la Loi et les êtres humains. Comment pourrait-il ne pas tomber en enfer17 ? » À la suite de ces réprimandes, la langue de Tokuitsu se fendit en huit morceaux et il mourut.
En tout cas, dire que l’expression « je n’ai pas encore révélé la vérité [tout entière] » s’adressait aux personnes des deux véhicules paraît en soi parfaitement raisonnable. En effet, dès le début, l’enseignement de l’Ainsi-Venu visait essentiellement à ouvrir la voie de l’illumination aux personnes 59des deux véhicules. Et les méthodes utilisées durant toute la période où il enseigna, ainsi que les moyens opportuns exposés pendant ses trois cycles de prêche leur étaient principalement destinés.
Dans le Sūtra de la Guirlande de fleurs, les êtres résidant en enfer sont considérés comme aptes à devenir bouddha, mais les auditeurs et les pratyekabuddha [bouddhas-pour-soi]18 en sont jugés incapables. Dans les sūtras Vaipulya, il est déclaré que, de même que les fleurs de lotus ne peuvent pas pousser sur le sommet d’une haute montagne, les gens des deux véhicules ont brûlé les graines de la bouddhéité [et donc n’y parviendront jamais]. Et, dans les sūtras de la Sagesse, nous lisons que les personnes qui ont commis les cinq transgressions capitales peuvent atteindre la bouddhéité mais pas les personnes des deux véhicules. L’Ainsi-Venu déclara alors qu’il avait en fait pour véritable intention de permettre à ces pauvres personnes égarées d’atteindre la bouddhéité, et c’est là le critère témoignant de la supériorité du Sūtra du Lotus. D’où ces propos de Tiantai : « Ni le Sūtra de la Guirlande de fleurs ni le Sūtra de la grande perfection de sagesse dans sa version longue ne pourraient soulager [les maux de ces personnes des deux véhicules]. Seul le Sūtra du Lotus a pu planter les racines de bien chez ceux qui n’avaient rien de plus à apprendre19, leur ouvrant ainsi la Voie du Bouddha. Voilà pourquoi ce Sūtra est appelé myō, ou merveilleux. De plus, les icchantika, ou personnes à l’incroyance incorrigible, néanmoins doués d'un esprit, et il leur est donc encore possible d’atteindre la bouddhéité. Mais les personnes des deux véhicules, ayant tourné le dos à la sagesse, sont incapables d'éveiller en eux l’esprit d’illumination. Cependant, le Sūtra du Lotus peut les guérir et c’est pourquoi on l’appelle myō ou merveilleux20. »
Il ne me paraît pas nécessaire d’expliquer en détail la portée de ce passage. Il faut comprendre une fois pour toutes que même le médicament des enseignements offert par le Sūtra de la Guirlande de fleurs, les sūtras Vaipulya et le Sūtra de la grande perfection de sagesse dans sa version longue ne peut guérir la maladie grave dont souffrent les personnes des deux véhicules. De plus, dans les sūtras enseignés avant le Sūtra du Lotus, même les personnes qui ont fait du mal et qui sont condamnées à habiter les trois mauvaises voies, peuvent être considérées comme des bodhisattvas et donc capables d’atteindre la bouddhéité, mais cette possibilité n’est pas reconnue aux personnes des deux véhicules.
À cet égard, le Grand Maître Miaole a déclaré : « Dans les divers sūtras, il est parfois enseigné que les êtres engagés dans toutes les autres voies sont orientés vers la vraie [Voie de la bouddhéité], mais aucun espoir de ce type n’est offert aux personnes des deux véhicules. Par conséquent, [dans le Sūtra du Lotus] les êtres dans les six voies sont groupés avec les bodhisattvas [ayant l’assurance d’atteindre la bouddhéité] et le pouvoir du Sūtra est offert aux personnes des deux véhicules pour qui l’atteinte de la bouddhéité est le plus difficile21. » En fait, Tiantai établit que l’atteinte de la bouddhéité par les [êtres des] deux véhicules est la preuve que tous les êtres vivants, sans exception, peuvent devenir bouddhas.
Concevrait-on qu’un asura peine à traverser le grand océan ? Peut-on croire qu’un petit enfant pourrait renverser facilement un homme robuste ? De la même manière, les sūtras enseignés avant le Sūtra du Lotus expliquent que ceux qui portent en eux les graines de la nature de bouddha peuvent atteindre la bouddhéité, mais il n’est dit nulle part que ceux dont les graines sont irrémédiablement brûlées pourront y parvenir un jour. Seul le bon médicament du Sūtra du Lotus peut guérir aisément cette grave maladie.
Si vous souhaitez désormais atteindre la bouddhéité, il vous suffit d’abaisser la bannière de votre arrogance, de jeter le bâton 60de votre colère et de vous consacrer exclusivement au Véhicule Unique du Sūtra du Lotus. Gloire et profit en ce monde ne sont que les hochets de votre existence présente, arrogance et préjugés sont les chaînes de votre prochaine vie. Vous devriez en avoir honte ! Et vous devriez aussi redouter cela !
Question : À partir d’un seul exemple, on peut déduire la nature de toutes choses, et c’est pourquoi, en entendant vos brèves remarques sur le Sūtra du Lotus, je sens que mes oreilles et mes yeux se sont ouverts pour la première fois. Mais comment comprendre le Sūtra du Lotus afin d’atteindre rapidement le rivage de l’illumination ?
J’ai entendu dire que la pratique de ce Sūtra s’accorde uniquement à la capacité des personnes pour qui brille le soleil de la sagesse dans le grand ciel sans nuage des trois mille mondes en un instant de vie, et pour qui l’eau de la sagesse dans le vaste étang de la triple contemplation en un esprit est claire et jamais boueuse. Mais je n’ai jamais entrepris l’étude des diverses écoles de la capitale du Sud, Nara, et je n’ai donc aucune connaissance des doctrines du Traité sur les étapes de la pratique du yoga et du Traité sur la doctrine du rien-que-conscience ; malgré mon respect, je n’ai jamais non plus ouvert les yeux sur les enseignements du mont Hiei, au nord, et j’ai donc bien du mal à percevoir la signification d’œuvres comme La Grande Concentration et Pénétration et le Sens profond du Sūtra du Lotus. Par rapport aux écoles Tendai et Hossō, je suis comme une personne qui, la tête couverte d’un pot, resterait plantée devant un mur. Il me semble bien que ma capacité ne s’accorde pas avec le Sūtra du Lotus. Que puis-je faire ?
Réponse : Les érudits d’aujourd’hui prétendent que seuls ceux qui détiennent une sagesse supérieure et s’entraînent vigoureusement à la pratique de la méditation ont la capacité de recevoir des bienfaits du Sūtra du Lotus, et ils découragent même d’essayer de le faire les personnes qui manquent de sagesse. Voilà un point de vue parfaitement stupide et erroné. Le Sūtra du Lotus est l’enseignement qui permet à tous les êtres vivants d’atteindre la voie du Bouddha. Les personnes de facultés supérieures et de capacité supérieure doivent naturellement se consacrer à la contemplation et à la méditation de la Loi. Mais, pour les personnes de facultés moindres et de capacité moindre, il suffit d’avoir le cœur plein de foi. Ainsi, le Sūtra déclare : « Si des gens de bien, hommes ou femmes (...), y accordent foi et le révèrent d’un cœur pur sans le moindre doute, sans la moindre perplexité, ils ne tomberont jamais en enfer ni dans le monde des esprits affamés ni dans le monde des bêtes sauvages mais naîtront en présence des bouddhas des dix directions22. » Il faut avoir une foi totale dans le Sūtra du Lotus et désirer ardemment naître en présence des bouddhas dans notre prochaine vie.
À titre d’exemple, supposez qu’une personne se trouve au bas d’une falaise et ne parvienne pas à la gravir. Et supposez que quelqu’un, en haut de cette falaise, fasse descendre une corde en disant : « Si vous vous accrochez à cette corde, je vous hisserai au sommet. » Si la personne au fond doute de la force de l’autre ou de la résistance de la corde et refuse d’avancer les mains pour s’en saisir, comment pourra-t-elle jamais espérer parvenir à se hisser [jusqu’en haut] ? Mais si, au contraire, elle suit les instructions et tend les mains pour saisir la corde, alors elle pourra grimper.
Si vous doutez de la force du Bouddha qui a dit : « Je suis la seule personne qui puisse sauver et protéger les autres », si vous vous méfiez de la corde tendue par le Sūtra du Lotus qui enseigne qu’on ne peut « accéder [à ce Sūtra] que grâce à la foi23 », si vous ne louez pas la Loi merveilleuse garantissant qu’« une telle personne assurément et sans doute aucun [atteindra la Voie du Bouddha]24 », alors le pouvoir du Bouddha ne pourra pas parvenir jusqu’à vous et il vous sera impossible de gravir la falaise de l’illumination.
61C’est le manque de foi qui, fondamentalement, amène une personne à tomber en enfer. Il est donc dit dans le Sūtra : « Si, à l’égard de ce Sūtra, quelqu’un est pris de doutes et ne parvient pas à croire, il tombera aussitôt dans les voies mauvaises25. »
Quand on a eu la chance précieuse de naître en tant qu’être humain et celle, encore plus précieuse, de rencontrer la Loi du Bouddha, comment peut-on la gaspiller ? Si l’on décide de croire, alors parmi tous les divers enseignements du Mahayana et du Hinayana, les enseignements provisoires et l’enseignement véritable, il faut croire dans le Véhicule Unique, véritable but de l’apparition du Bouddha en ce monde et voie directe de l’atteinte de l’illumination pour tous les êtres vivants.
Si le sūtra auquel on croit est supérieur à tous les autres, alors la personne qui garde ses enseignements doit elle aussi surpasser les autres. C’est pourquoi il est dit dans le Sūtra du Lotus : « Une personne capable d’accepter et de garder ce Sūtra est aussi la plus respectable de tous les êtres vivants26. » Il n’y a aucun doute à avoir sur ces paroles d’or du grand sage. Et pourtant les gens ne comprennent pas ce principe ou ne se penchent pas sur cette question, mais recherchent au contraire la réputation mondaine ou cèdent à la suspicion et aux préjugés, établissant ainsi les fondements pour tomber en enfer. Mon seul souhait est que vous adoptiez ce Sūtra et lanciez votre nom sur l’océan des vœux émis par les bouddhas des dix directions, et que vous confiez votre honneur aux cieux, c’est-à-dire à la compassion des bodhisattvas des trois phases de l’existence [passée, présente et à venir]. Celui qui adhère de cette façon au Sūtra du Lotus amènera à le suivre les dieux célestes, les dragons, et les autres êtres figurant parmi les huit sortes d’êtres non humains, ainsi que les grands bodhisattvas. Mieux encore, le corps physique de cette personne, dans le processus consistant à créer des causes pour atteindre la bouddhéité, acquerra l’œil du Bouddha, qui appartient à celui qui a réalisé le fruit de la bouddhéité ; et cette chair humaine qui existe dans le monde du conditionné revêtira les vêtements sacrés de l’inconditionné. Alors, cette personne n’aura nul besoin de craindre les trois voies27 ni de trembler devant les huit difficultés28.
Elle grimpera au sommet de la montagne des sept moyens opportuns et chassera les nuages des neuf mondes. Les fleurs s’épanouiront dans le jardin de la terre immaculée et la lune brillera avec éclat dans le ciel de la nature du Dharma. On peut faire confiance au passage qui promet qu’« une telle personne assurément et sans aucun doute [atteindra la Voie du Bouddha] » et on ne saurait douter de cette déclaration du Bouddha : « Je suis la seule personne qui puisse sauver et protéger les autres. »
Les bienfaits obtenus en faisant jaillir, ne serait-ce qu’un instant, compréhension et foi dans le Sūtra du Lotus, surpassent ceux qui découlent de la pratique des cinq paramita29 et le bienfait obtenu par la cinquantième personne qui se réjouit à l’écoute du Sūtra du Lotus est plus grand que celui qui est acquis en offrant des aumônes pendant quatre-vingts ans30. La doctrine de l’atteinte subite de l’illumination éclipse largement les doctrines des autres écrits ; et les déclarations concernant la révélation de l’illumination originelle du Bouddha et sa durée de vie incommensurable ne se trouvent dans absolument aucun autre enseignement.
C’est ce qui a permis à la fille du dragon, âgée de huit ans, de jaillir de la mer immense pour apporter instantanément la preuve du pouvoir de ce Sūtra et à Pratiques-Supérieures, bodhisattva de l’enseignement essentiel, de surgir de notre vaste planète pour témoigner de la durée de vie insondable du Bouddha. C’est le roi des sūtras, impossible à décrire par des mots, c’est la Loi merveilleuse que le pouvoir de l’esprit ne peut appréhender.
Écarter la suprématie du Sūtra du Lotus et prétendre que les autres sūtras le valent 62revient à commettre la pire calomnie contre la Loi, une faute majeure de la plus grande gravité. Aucune analogie ne pourrait suffire à l’illustrer. Les bouddhas, en dépit de tous leurs pouvoirs transcendantaux de transformation, ne finiraient jamais d’en décrire les conséquences, et les bodhisattvas, malgré toute leur sagesse, ne pourraient en sonder l’immensité. Ainsi, il est dit dans le chapitre “Analogies et paraboles” : « S’il me fallait décrire les punitions [menaçant ceux qui dénigrent ce Sūtra], un kalpa entier n’y suffirait pas31. » Ce passage signifie que même un kalpa complet ne suffirait à expliquer totalement la gravité de la faute de celui qui agit ne serait-ce qu’une fois contre le Sūtra du Lotus.
Voilà pourquoi une personne qui commet cette faute ne pourra jamais entendre l’enseignement des bouddhas des trois phases de l’existence, et sera coupée de ceux de l’Ainsi-Venu, qui sont aussi nombreux que les grains de sable du Gange. Elle s’enfoncera toujours plus profondément, dans des ténèbres de plus en plus épaisses. Comment pourrait-elle échapper aux peines et souffrances de la grande citadelle de l’enfer Avīci ? Quelle personne dotée de bon sens ne redouterait pas la perspective d’interminables kalpa de souffrance ?
C’est pourquoi il est dit dans le Sūtra : « Si cette personne (...) en voyant ceux qui lisent, récitent, copient et gardent ce Sūtra, éprouve du mépris, de la haine, de l’envie ou de la rancune à leur égard (...). Quand sa vie parviendra à son terme, elle entrera dans l’enfer Avīci. » Ce passage signifie qu’une personne qui dénigre, méprise, déteste, envie ou éprouve de la rancune contre ceux qui lisent et adoptent le Sūtra du Lotus, tombera dans la grande citadelle de l’enfer Avīci après sa mort32. Qui pourrait ne pas craindre ces paroles d’or du grand sage ? Et qui pourrait douter de cette claire déclaration du Bouddha : « (...) renonçant très clairement à me servir des moyens opportuns, [je vais prêcher seulement la Voie inégalée]33 » ?
Mais les gens tournent tous le dos à ces passages du Sūtra, et le monde dans son ensemble est plongé dans la plus totale confusion en ce qui concerne les principes de la Loi bouddhique. Pourquoi persistez-vous à suivre les enseignements d’amis de mal, qui induisent en erreur ? Selon Tiantai, accepter et croire les doctrines des mauvais maîtres équivaut à boire du poison34. Vous devriez y réfléchir et rester sur vos gardes !
En observant attentivement le monde d’aujourd’hui, on s’aperçoit que, si les êtres humains reconnaissent la Loi comme digne de respect, ils expriment tous de la haine à l’égard de celui qui la pratique. Vous-même paraissez assez confus sur la question de la source d’où jaillit la Loi. De même que toutes sortes de plantes et d’arbres sortent de terre, les divers enseignements du Bouddha sont tous propagés par des êtres humains. Comme l’a dit Tiantai : « Du vivant même du Bouddha, la Loi fut révélée par les êtres humains. Comment alors, en cet âge de la Fin [de la Loi], peut-on dire que la Loi est digne de respect mais que la personne qui la pratique est méprisable35 ? »
Par conséquent, si la Loi à laquelle on adhère est suprême, alors la personne qui la pratique doit être, elle aussi, la plus grande de toutes. Dès lors, dénigrer cette personne revient à dénigrer la Loi, de même que manifester du mépris envers un enfant revient à mépriser ses parents.
Vous devriez en déduire que les gens d’aujourd’hui emploient des mots qui ne s’accordent en rien avec ce qui est dans leur cœur. C’est comme s’ils frappaient leurs parents avec un exemplaire du Classique de la piété filiale. Sachant que, même si aucune autre personne ne les voit, les bouddhas et bodhisattvas les observent sans cesse, comment pourraient-ils ne pas avoir honte de tels actes ! Les souffrances de l’enfer sont en vérité effroyables. Prenez garde ! Prenez garde !
Quand vous êtes face à des personnes aux facultés supérieures, ne vous dénigrez 63pas. La véritable intention du Bouddha était que personne, pas même ceux qui ont des facultés moindres, ne soit exclu de l’illumination. À l’inverse, quand vous vous comparez avec des personnes aux facultés moindres, ne faites pas preuve d’arrogance ni d’une fierté excessive. Même les personnes aux facultés supérieures peuvent ne pas atteindre l’illumination si elles ne s’engagent pas de tout leur cœur.
Il peut nous arriver de penser avec tendresse à notre village natal mais, si nous n’y allons jamais et si nous n’avons jamais de raison particulière d’y aller, nous finissons par abandonner l’idée [même] d’y retourner. Nous pouvons éprouver des sentiments pour une personne particulière, mais si nous n’avons aucun espoir de gagner son amour et s’il n’y a aucun engagement mutuel, nous finissons par ne plus rien en attendre. De la même manière, nous négligeons d’entreprendre le voyage vers la Terre pure du pic de l’Aigle, même si sa grandeur dépasse celle des palais des nobles et des ministres importants, alors qu’il serait tellement facile de s’y rendre. Nous ne voyons pas le visage doux et bienveillant du Bouddha déclarant : « Je suis un père pour vous36 », alors que nous devrions assurément nous présenter devant lui. Ne devrions-nous pas en pleurer, jusqu’à ce que nos manches soient trempées de larmes et notre cœur consumé par le regret ?
La couleur des nuages dans le ciel à la tombée de la nuit, la lumière blafarde de la lune à l’aube ; autant de choses qui nous font réfléchir. De la même façon, chaque fois que des événements nous rappellent l’incertitude de la vie, nous devrions diriger nos pensées vers l’existence à venir. C’est ce que nous devrions avoir à l’esprit quand nous voyons les fleurs au printemps, ou la neige un matin d’hiver, et même les soirs où les vents soufflent en rafale et où les nuages s’amoncellent dans le ciel ; nous ne devrions jamais oublier cela, même un instant.
La vie ne dure que le temps qui sépare une expiration d’une inspiration. Quelle que soit l’époque ou le moment, comment pouvons-nous oublier le vœu plein de compassion du Bouddha contenu dans cette déclaration : « À tout moment je m’interroge : [Comment puis-je permettre aux êtres vivants d’accéder à la Voie inégalée et d’acquérir rapidement le corps d’un bouddha ?]37 » En quel jour, en quel mois pouvons-nous nous passer du Sūtra où il est dit : « [Quant à ceux qui entendent la Loi,] ils sont tous et sans aucun doute assurés de parvenir à la bouddhéité38. »
Combien de temps pouvons-nous espérer vivre comme nous l’avons fait [jusqu’ici] d’un jour à l’autre ou d’une année à l’autre ? Nous pouvons nous retourner sur notre passé et compter les années accumulées, mais, en regardant vers l’avenir, qui peut avoir la certitude de figurer encore parmi les vivants dans le jour, voire dans l’heure qui suit ? Pourtant, tout en sachant qu’approche le moment de la mort, chacun s’accroche à son arrogance et à ses préjugés, à la gloire mondaine et au profit, et personne ne se consacre à la pratique de la Loi merveilleuse. Une telle attitude est d’une indescriptible futilité ! Même si le Sūtra du Lotus est présenté comme un enseignement ouvrant à tous les êtres vivants la Voie du Bouddha, comment de telles personnes pourraient-elles y accéder ? On dit que même la clarté de la lune ne daigne pas briller sur la manche d’une personne insensible.
De plus, de même que la vie ne dépasse pas l’instant présent, le Bouddha exposa les bienfaits issus d’un seul moment de joie [à l’écoute du Sūtra du Lotus]. S’il fallait deux ou trois moments, on ne pourrait plus appeler cela le vœu originel du Bouddha doté d’une grande sagesse équanime, véhicule unique de l’enseignement subit qui conduit tous les êtres vivants à la bouddhéité.
En ce qui concerne le moment [propice] de sa propagation, le Sūtra du Lotus se répandra à l’époque de la Fin de la Loi, lorsque 64la Loi du Bouddha périra. Quant à la capacité de ses destinataires, il pourra sauver même ceux qui commettent les cinq transgressions capitales ou calomnient l’enseignement correct. Il faut donc vous laisser guider par l’intention du [Sūtra du Lotus], c’est-à-dire l’atteinte subite de l’illumination, et ne jamais céder aux visions erronées provenant des doutes et des attachements.
Combien de temps dure une vie ? À la réflexion, on pourrait la comparer à une nuit dans une chambre d’auberge sur le bord de la route. Faut-il oublier cela pour rechercher une part de gloire mondaine et de profit ? Même si vous les obtenez, ce ne sera que prospérité dans un rêve, un plaisir ne méritant guère qu’on s’y attache. Vous feriez mieux d’abandonner simplement ce genre de choses au karma créé dans vos existences antérieures.
Une fois éveillé à l’incertitude et à l’impermanence de ce monde, des exemples innombrables [de cette réalité] se présenteront à vos yeux et empliront vos oreilles. Après avoir disparu comme les nuages ou la pluie, les êtres humains des âges passés n’ont laissé que leur nom. S’évaporant comme la rosée, se dissipant au loin comme la fumée, nos amis d’aujourd’hui disparaissent aussi devant nous. Croyez-vous pouvoir d’une manière ou d’une autre demeurer à jamais comme les nuages au-dessus du mont Mikasa39 ?
Au printemps, les fleurs s’envolent dans le vent ; les feuilles d’érable deviennent rouges sous les averses de l’automne. Voilà autant de preuves que rien de vivant ne peut rester longtemps en ce monde. C’est pourquoi le Sūtra du Lotus nous avertit : « Rien n’est durable ni stable en ce monde, tout n’est que bulles, écume, mirage40. »
« [À tout moment je m’interroge :] Comment puis-je permettre aux êtres vivants d’accéder à la Voie inégalée ? » Ces mots expriment le souhait le plus profond du Bouddha : permettre à la fois à ceux qui acceptent le Sūtra du Lotus et à ceux qui s’y opposent d’atteindre la bouddhéité. Parce qu’il s’agit de son but ultime, ceux qui adoptent le Sūtra du Lotus même peu de temps agissent en accord avec sa volonté. Et, en agissant en accord avec la volonté du Bouddha, ils s’acquittent de leur dette de reconnaissance à son égard. Les mots du Sūtra, emplis d’une compassion comparable à l’amour d’une mère, auront alors des vertus consolantes et les préoccupations du Bouddha déclarant « Je suis la seule personne qui puisse sauver et protéger les autres » s’en trouveront par là même allégées. Non seulement le bouddha Shakyamuni se réjouira mais, parce que le Sūtra du Lotus est le but ultime de l’apparition des bouddhas dans le monde, les bouddhas des dix directions et des trois phases de l’existence se réjouiront également.
Comme l’a dit Shakyamuni : « [Si quelqu’un est capable de garder ce Sūtra, ne serait-ce qu’un court moment,] à coup sûr je m’en réjouirai et les autres bouddhas [feront] de même41. » Les divinités se joindront à leur joie. Ainsi, quand le Grand Maître Dengyō fit un cours sur le Sūtra du Lotus, le grand bodhisattva Hachiman lui offrit une étole mauve42 et, quand le vénérable Kūya43 récita le Sūtra du Lotus, la grande divinité du sanctuaire de Matsuo se trouva protégée du vent froid.
C’est pourquoi, lorsqu’il s’agit de prier pour que « les sept désastres disparaissent instantanément et que les sept bienfaits apparaissent aussitôt44 », ce Sūtra est, de tous, le plus efficace. Il promet en effet à ses pratiquants d’« obtenir le bonheur de vivre en paix et en sécurité les joies de ce monde45 ». Et, en matière de prières pour éloigner les désastres de l’invasion étrangère et de la révolte interne, rien ne peut surpasser ce merveilleux Sūtra parce qu’il nous garantit que les personnes qui l’adoptent ne « subiront ni décrépitude ni malheur à cent yojana à la ronde46 ».
Néanmoins, la façon de prier aujourd’hui est totalement contraire à ce 65qu’elle devrait être. Les prières se fondent sur les enseignements provisoires, qui ont été exposés pour être propagés aux époques précédentes, plutôt que sur la Loi merveilleuse de la vérité suprême, qui était destinée à être propagée à l’époque de la Fin de la Loi. Agir ainsi revient à utiliser le calendrier de l’année précédente ou à utiliser un corbeau pour une pêche dont seul un cormoran est capable.
Cette situation est uniquement due au fait que les maîtres des enseignements provisoires, attachés à leurs erreurs, bénéficient des plus grands honneurs alors que le maître éveillé au véritable enseignement n’a pas encore été reconnu comme il se doit. Qu’il est triste de penser que ce joyau brut offert par Bian Ho47 aux rois Wen et Wu n’ait été accepté nulle part ! Mais quelle joie pour moi d’avoir obtenu en cette vie le joyau inestimable dissimulé dans le chignon du roi qui fait tourner la roue48, car il constitue la raison même de la venue de Shakyamuni en ce monde !
Mes propos ici ont été entièrement confirmés par les bouddhas des dix directions et il ne s’agit pas de paroles creuses. Alors, sachant qu’il est dit dans le Sūtra : « Il [le Sūtra du Lotus] se heurtera à une grande hostilité dans le monde et sera difficile à croire49 », comment faire preuve du moindre doute ? Et, sachant qu’il est dit qu’« une telle personne assurément et sans doute aucun atteindra la Voie du Bouddha », comment refuser de devenir bouddha ?
Du passé le plus lointain jusqu’à nos jours, vous n’avez fait que subir d’inutiles souffrances au cours d’innombrables existences. Pourquoi alors ne pas essayer, ne serait-ce qu’une fois, de planter les merveilleuses graines qui mènent à la bouddhéité éternelle et immuable ? Même si vous ne pouvez goûter maintenant qu’une infime partie des joies éternelles qui vous attendent à l’avenir, vous ne devriez pas passer votre temps à convoiter stupidement gloire et profit en ce monde, [alors qu’ils sont] aussi volatiles que la foudre et la rosée du matin. Comme l’enseigne l’Ainsi-Venu, « il n’y a nulle sécurité dans le monde des trois plans, à l’instar de la maison en flammes50 ». Et, selon les paroles d’un bodhisattva, « toutes choses sont comme un mirage, comme une image purement illusoire51 ».
Partout, hors de la capitale de la lumière paisible, s’étend le monde de la souffrance. Dès lors que vous quittez le havre de l’illumination fondamentale, qu’est-ce qui peut vous apporter de la joie ? Je prie pour que vous ayez foi en la Loi merveilleuse qui garantit aux êtres humains de goûter « paix et sécurité dans leur existence présente et de bonnes circonstances pour leurs existences futures52 ».
[Avoir foi en la Loi merveilleuse] c’est la seule gloire qui mérite d’être recherchée dans l’existence présente et c’est l’acte qui vous conduira vers la bouddhéité dans la prochaine. Récitez résolument Nam-myōhō-renge-kyō et exhortez les autres à faire de même ; c’est le seul souvenir que vous conserverez de votre vie actuelle en ce monde humain. Nam-myōhō-renge-kyō, Nam-myōhō-renge-kyō.
Nichiren
Notes
1.Sūtra du Lotus, chap. 2.
2. Ibid.
3. Ibid., chap. 3.
4. Ibid.
5. Dans le texte japonais, les deux passages du Sūtra du Lotus sont écrits dans leur forme chinoise originale, et sont suivis de l’interprétation de Nichiren.
6. Sūtra du Lotus, chap. 3.
7. Ibid.
8. Recueil des enseignements oraux.
9. Sens profond du Sūtra du Lotus.
10. Ibid.
11. Cette citation est tirée du Sūtra du Nirvana.
12. Résumé d’un passage du chapitre “Le maître de la Loi” du Sūtra du Lotus.
66 13. Annotations sur le Commentaire textuel du Sūtra du Lotus. Le principe de Tiantai de « combiner, exclure, correspondre et inclure » clarifie la relation entre les quatre enseignements de la doctrine et les quatre premières des cinq périodes et montre que le Sūtra du Lotus est le seul enseignement véritable et parfait.
14. Annotations sur le Sens profond du Sūtra du Lotus.
15. Sens profond du Sūtra du Lotus.
16. Les personnes des deux véhicules sont les auditeurs et les pratyekabuddha (bouddhas-pour-soi).
17. Il s’agit d’une reformulation d’un passage des Principes remarquables du Sūtra du Lotus. En qualifiant Tokuitsu de dispensateur d’aliments médiocres, Dengyō laisse entendre que son adversaire se contente des quatre saveurs inférieures (les enseignements provisoires de la période de La Guirlande de fleurs, et des périodes Agama, Vaipulya et de la Sagesse), refusant de goûter au plus délicieux des mets, le ghee [beurre clarifié], comparé ici au Sūtra du Lotus.
18. Personnes des deux véhicules.
19. « Ceux qui n’ont rien de plus à apprendre », ce sont ceux qui, selon l’enseignement du Hinayana, ont atteint l’état d’arhat, étape la plus élevée de cet enseignement.
20. La Grande Concentration et Pénétration.
21. Annotations sur le Sens profond du Sūtra du Lotus.
22. Sūtra du Lotus, chap. 12.
23. Ibid., chap. 3.
24. Ibid., chap. 21.
25. Ibid., chap. 15.
26. Ibid., chap. 23.
27. Il s’agit ici de la voie du feu, de la voie du sang et de la voie des sabres. On disait que les morts voyageaient sur ces routes. Le terme vaut ici comme synonyme des trois voies de l’enfer, des esprits affamés et des animaux.
28. Huit lieux, états ou circonstances dans lesquels on ne peut pas voir le Bouddha ni entendre son enseignement.
29. Il s’agit ici d’une référence aux cinq premiers paramita (ou pratiques). (Il en existe au total six). Selon le chapitre “Distinctions des bienfaits” du Sūtra du Lotus, faire jaillir, ne serait-ce qu’un instant, foi et compréhension en entendant le Sūtra du Lotus produit des bienfaits qui surpassent ceux qui consistent à pratiquer les cinq paramita pendant huit cent mille millions de nayuta de kalpa.
30. C’est une référence à un passage du dix-huitième chapitre du Sūtra du Lotus où il est question d’un généreux donateur en quête de bienfaits qui distribue aux autres des présents pendant quatre-vingts années entières. « Les bienfaits qu’il en a retirés ne valent pas ceux qui sont obtenus par la cinquantième personne qui a entendu ne serait-ce qu’un mot du Sūtra du Lotus et en a ressenti de la joie. (...) En vérité, toute possibilité de calcul est impossible, elle est au-delà de toute comparaison, analogie ou parabole », dit le Sūtra.
31. Sūtra du Lotus, chap. 3.
32. Ici, Nichiren a d’abord écrit l’extrait du Sūtra en chinois et il en explique ensuite le sens.
33. Sūtra du Lotus, chap. 2.
34. Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.
35. Il s’agit probablement d’une citation de Miaole et non de Tiantai, extraite des Annotations sur le Commentaire textuel du Sūtra du Lotus. Les mots diffèrent ici légèrement de ceux qui sont employés par Miaole.
36. Sūtra du Lotus, chap. 3.
37. Ibid., chap. 16.
38. Ibid., chap. 2.
39. Une montagne située à Nara. Célèbre pour sa beauté et son panorama, elle apparaît souvent dans la poésie japonaise traditionnelle.
40. Sūtra du Lotus, chap. 18.
41. Ibid., chap. 11.
42. Selon la Biographie du Grand Maître, en 814, Dengyō se rendit au sanctuaire d’Usa Hachiman à Kyūshū où il fit un cours sur le Sūtra du Lotus. On dit que la divinité en fut si touchée qu’elle offrit personnellement une robe mauve à Dengyō.
43. Kūya (903-972) était un moine du Nembutsu qui propagea les enseignements de la Terre pure parmi les gens de condition basse et moyenne, en voyageant d’une province à l’autre. Il récitait le nom du bouddha Amida tout en dansant dans les rues. Selon les Biographies des moines éminents au Japon, alors que Kūya résidait au temple Unrin-in à Kyōto, il vit un homme âgé, grelottant de froid, qui lui annonça être la divinité du sanctuaire de Matsuo. L’homme lui dit qu’il avait déjà entendu les sūtras de la Sagesse mais pas encore le Sūtra du Lotus ; c’est pourquoi il frissonnait encore dans le vent de l’avidité et de l’illusion. Kūya récita le Sūtra du Lotus pour lui et la divinité vit alors sa souffrance soulagée.
44. On trouve ce mot dans le Sūtra des rois bienveillants. Les sept désastres sont : (1) des changements extraordinaires du soleil et de la lune, (2) des changements extraordinaires des étoiles et des planètes, (3) des incendies, (4) des inondations hors saison, (5) des tempêtes, (6) la sécheresse et (7) la guerre, ce qui inclut à la fois les attaques d’ennemis de l’extérieur et la rébellion de l’intérieur. « Les sept bienfaits » reviennent à écarter ou éradiquer les sept désastres.
67 45. Sūtra du Lotus, chap. 5.
46. Ibid., chap. 26.
47. Bian Ho est né dans l’État de Chu, en Chine, durant la Période des Printemps et Automnes (770-403 avant notre ère). Selon le Han Feizi, Bian Ho découvrit une pierre précieuse au mont Chu qu’il offrit au roi Li. Ce dernier la jaugea et estima qu’il ne s’agissait que d’une pierre ordinaire. Il fit alors couper la jambe gauche de Bian Ho jusqu’au genou. Après la mort du roi, Bian Ho offrit de nouveau le joyau, cette fois au roi Wu mais, une nouvelle fois accusé de tromperie, cela lui valut d’avoir la jambe droite coupée jusqu’au genou. Plus tard, après l’accession au trône du roi Wen, Bian Ho pleura trois jours durant au pied du mont Chu. La pierre précieuse entre ses mains, il versait des larmes de sang en pensant à l’ignorance des rois. Apprenant cela, le roi Wen demanda qu’on lui apporte la pierre et la fit polir. Elle fut alors reconnue comme authentique, ce qui lui valut, dit-on, d’être largement appréciée par la population.
48. Cette histoire se trouve dans le quatorzième chapitre du Sūtra du Lotus. Le « joyau inestimable » désigne le Véhicule Unique du Bouddha.
49. Sūtra du Lotus, chap. 14.
50. Ibid., chap. 3.
51. Il s’agit probablement d’une allusion à un passage du Traité de la grande perfection de sagesse de Nagarjuna, traitant de la non-substantialité de tous les phénomènes.
52. Sūtra du Lotus, chap. 5.