Points de repère
Cette lettre fut écrite au mont Minobu, lors de la première année de Kenji (1275), alors que Nichiren avait cinquante-quatre ans. Comme nous n’en avons pas la fin, il y a un doute sur l’identité de son destinataire, mais on pense généralement qu’elle était adressée à Shijō Kingo, un samouraï, qui était aussi l’un des plus loyaux partisans de Nichiren. Shijō Kingo fut à l’époque confronté à l’opposition de son seigneur et de ses compagnons samouraïs du fait de sa foi.
Lors du dixième mois de 1274, les Mongols lancèrent une attaque massive contre la partie sud du Japon. L’année suivante, Khoubilaï Khan envoya de nouveau des émissaires, menaçant d’une autre invasion si le gouvernement japonais ne s’inféodait pas à l’empire mongol. Sur les présages interprète la menace mongole et d’autres calamités récentes à la lumière des enseignements de Nichiren.
Au commencement de cette lettre, Nichiren discute des présages qui sont apparus quand le bouddha Shakyamuni exposa le Sūtra du Lotus, du point de vue du principe de l’unité de la vie et de son environnement. Développant ce principe, il explique que, lorsque les six organes des sens ou facultés de perception des êtres vivants sont dans l’illusion, des changements extraordinaires se produisent dans les cieux et sur la terre. Cela reflète la vérité selon laquelle si la vie et son environnement donnent l’impression d’être deux phénomènes indépendants, fondamentalement, ils sont un, et inséparables.
Ensuite, Nichiren explique que l’enseignement du Bouddha est toujours précédé de présages dont l’ampleur traduit la profondeur de l’enseignement qui va être révélé. Ainsi, les présages annonçant l’enseignement du Sūtra du Lotus étaient plus grands que ceux qui avaient précédé tout autre sūtra. De plus, les signes annonçant l’enseignement essentiel (la seconde moitié) du Sūtra du Lotus dépassaient de loin ceux qui annonçaient l’enseignement théorique (la première moitié). Nichiren parle de l’émergence de la Tour aux trésors et de l’apparition des bodhisattvas sortis de la terre comme de présages révélant la supériorité de l’enseignement essentiel sur l’enseignement théorique. Mieux encore, dit-il, les grands présages du chapitre “Les pouvoirs transcendantaux (de l’Ainsi-Venu)” dépassent encore ceux-là et annoncent que la Loi de Nam-myōhō-renge-kyō, indiquée dans les profondeurs du chapitre “Durée de la vie”, se répandra largement à l’époque de la Fin de la Loi.
Nichiren se penche alors sur les bouleversements et les étranges événements qui survinrent dans le Japon de son époque. Il en conclut que la cause de tout cela est l’opposition des gens au pratiquant du Sūtra du 649Lotus, qui propage le cœur de ce Sūtra à l’époque de la Fin de la Loi. Il déclare plus précisément que, en raison des calomnies perpétrées par les moines du Nembutsu et du Shingon, le Japon sera détruit par un pays étranger. Et, dit-il, les gens souffrent de grandes calamités parce qu’ils persécutent « un simple moine (...) qui adopte l’enseignement correct » ; c’est-à-dire lui-même. Il rassure ainsi son disciple sur le bien-fondé de son enseignement et souligne que les persécutions sont inéluctables.
D’étranges événements dans les cieux provoquent la stupeur de tous et des calamités sur la terre perturbent toute la population. Alors que le Bouddha s’apprêtait à enseigner le Sūtra du Lotus, il provoqua l’apparition des « cinq présages » et des « six présages ». Parmi ceux-ci, celui qu’on appelle « le présage des secousses sismiques » indique que la terre trembla de six façons différentes. Ces six formes de tremblement sont expliquées dans le troisième volume du Commentaire textuel du Sūtra du Lotus de Tiantai : « [L’une d’elles est que] l’est s’élève et l’ouest décline. La partie est correspond à la couleur bleue et commande le foie, et le foie commande les yeux. La partie ouest correspond à la couleur blanche et commande les poumons, et les poumons commandent le nez. Donc, l’élévation de l’est et le déclin de l’ouest signifient que les bienfaits du sens de la vue apparaissent et que, en réponse, les désirs terrestres liés au sens de l’odorat disparaissent. De façon similaire, quand les bienfaits du sens de l’odorat apparaissent, en réponse, les désirs terrestres liés au sens de la vue disparaissent. De même, l’ascension ou la chute des autres points cardinaux signifient l’apparition de bienfaits et la disparition de désirs terrestres, liés aux autres organes des sens. »
À ce sujet, le Grand Maître Miaole a dit : « Nos six organes des sens correspondent aux directions de la boussole. Il a déjà été établi que le sens de la vue et celui de l’odorat représentent respectivement l’est et l’ouest. Il s’ensuit alors que le sens de l’ouïe et celui du goût correspondent au nord et au sud. Le centre1 correspond à l’esprit, et les quatre directions au corps. Le corps est doté des quatre organes des sens, et l’esprit est généralement relié à l’ensemble des quatre. C’est pourquoi l’esprit produit l’apparition ou la disparition [des fonctions sensorielles] du corps2. »
Les dix directions sont « l’environnement », et les êtres vivants « la vie [qui en est inséparable] ». À titre d’illustration, l’environnement est comme l’ombre et la vie comme le corps. Sans corps, il ne peut y avoir d’ombre et, sans vie, il n’y a pas d’environnement. De la même façon, la vie est façonnée par son environnement. Les yeux sont formés par le quart est. Nous en déduisons que la langue est formée par le quart sud ; le nez par l’ouest ; les oreilles par le nord ; le corps par les quatre directions à la fois ; et l’esprit par le centre. C’est pourquoi, quand les cinq organes des sens des êtres vivants s’altéreront, les quatre points cardinaux et le centre connaîtront frayeurs et secousses et il en résultera des signes de destruction dans le pays : les montagnes s’effondreront, les herbes et les arbres se dessécheront et les rivières tariront. Quand les yeux, les oreilles et les autres organes sensoriels des gens connaîtront frayeurs et perturbations, des changements se produiront dans les cieux, et, quand leurs esprits s’agiteront, la terre tremblera.
A-t-on jamais vu enseigner un sūtra sans que la terre se mette à trembler de six façons différentes ? Ce phénomène a eu lieu à chaque fois que le Bouddha exposa un sūtra. Cependant, quand le Bouddha s’apprêtait à exposer le Sūtra du Lotus et que la terre trembla de six façons différentes, les gens en furent particulièrement étonnés. Le bodhisattva Maitreya exprima quelques 650doutes sur ce phénomène et le bodhisattva Manjusri répondit que tout cela s’était produit parce que le présage était plus important que lors de l’enseignement des autres sūtras, à la fois par son ampleur et par sa durée, et que le doute était donc bien plus difficile à évacuer. C’est pourquoi Miaole dit : « A-t-on jamais vu enseigner un sūtra du Mahayana sans le rassemblement d’une multitude de gens, le jaillissement d’un rayon de lumière entre les sourcils du Bouddha, une pluie de fleurs tombée du ciel, ou un tremblement de terre ? Cependant, aucun d’eux n’avait jamais généré un si grand doute3. » Ce commentaire signifie que, même si tous les autres sūtras furent également accompagnés de présages, ces derniers n’eurent jamais autant d’ampleur que ceux qui apparurent lorsque le Sūtra du Lotus fut exposé. C’est pourquoi le Grand Maître Tiantai a déclaré : « Les gens disent que, quand une araignée tisse sa toile, cela signifie qu’un événement heureux va se produire et que, quand une pie jacasse, cela annonce l’arrivée imminente d’un visiteur. Même des événements mineurs s’accompagnent de présages. Comment alors pourrait-il ne pas en être de même pour les événements majeurs ? Le proche révèle ce qui est lointain4. » Ainsi, lorsqu’il exposa l’enseignement théorique du Sūtra du Lotus, le Bouddha manifesta de grands présages tels qu’on n’en avait jamais vu durant les quelque quarante ans qu’il avait consacrés à enseigner.
Cependant, les présages qui annonçaient l’enseignement essentiel étaient bien plus importants que ceux qui précédaient l’enseignement théorique, et ils surpassaient encore plus les présages qui avaient précédé les sūtras exposés antérieurement au Sūtra du Lotus. Lorsqu’une immense Tour aux trésors jaillit de la terre et que des bodhisattvas aussi nombreux que les particules de poussière de mille mondes surgirent du sol5, il y eut de grands tremblements, pareils à un vent de tempête soufflant sur l’océan qui soulève d’immenses vagues, aussi hautes que des montagnes, et qui secouent les petits bateaux comme des brins de roseaux, jusqu’à engloutir leurs voiles. C’est pourquoi, alors que Maitreya avait interrogé Manjusri sur les présages indiqués dans le chapitre “Introduction”, en ce qui concerne les grands présages apparus dans le chapitre “Surgir de terre”, c’est le Bouddha lui-même qu’il interrogea. Miaole expliqua cela en ces termes : « L’enseignement théorique concerne des questions superficielles et relativement récentes, et l’on pouvait compter sur Manjusri pour y répondre. Mais l’illumination originelle du Bouddha dans le très lointain passé étant difficile à appréhender, il n’y a qu’au Bouddha que l’on pouvait demander une explication6. » Bien que le Bouddha n’ait pas donné d’explications concernant l’enseignement théorique, Manjusri en avait une compréhension approximative. Mais il ne parvint pas même à un début de compréhension sur les questions liées à l’enseignement essentiel. Et ces grands présages concernaient des événements qui se sont produits du vivant du Bouddha.
Quand le Bouddha en vint à enseigner le chapitre “Les pouvoirs transcendantaux [de l’Ainsi-Venu]”, il en afficha dix. Il s’agissait de pouvoirs transcendantaux infiniment plus merveilleux que les présages du chapitre “Introduction” ou ceux des chapitres “L’apparition de la Tour aux trésors” et “Surgir de terre”. Le rayon de lumière émis par le Bouddha [entre ses sourcils] dans le chapitre “Introduction” illumina dix-huit mille mondes dans la direction de l’est, mais les grands rayons de lumière qu’il émit [à partir de tous les pores de sa peau] dans le chapitre “Les pouvoirs transcendantaux” illuminèrent tous les mondes dans les dix directions. Alors que le tremblement de terre du chapitre “Introduction” se limitait aux terres d’un système de mondes majeurs, dans le chapitre “Les pouvoirs transcendantaux”, les terres des bouddhas des dix 651directions se mirent à trembler fortement, et toutes les terres tremblèrent de six façons différentes. Les présages apparus à notre époque sont exactement les mêmes7. Les grands présages du chapitre “Les pouvoirs transcendantaux” annonçaient que le cœur du Sūtra du Lotus serait propagé largement après la disparition du Bouddha, lorsque les deux mille ans des époques de la Loi correcte et de la Loi formelle seraient achevés et que commencerait l’époque de la Fin de la Loi. Il est dit dans le Sūtra : « Comme, après la disparition du Bouddha, il se trouvera des gens pour garder ce Sūtra, les bouddhas se réjouissent grandement et déploient d’immenses pouvoirs transcendantaux8. » Il est aussi question de « l’époque mauvaise de la Fin de la Loi9 ».
Question : En fait, tous les présages, bons ou mauvais, annoncent un événement qui se produira dans une heure ou deux, un jour ou deux, une année ou deux, ou tout au plus dans sept ou douze ans. Comment pourrait-il y avoir des présages annonçant ce qui aura lieu dans plus de deux mille ans ?
Réponse : L’événement annoncé par des présages apparus sous le règne du roi Zhao, de la dynastie des Zhou, ne devint réalité qu’au bout de mille quinze années10. Le rêve du roi Kriki ne se concrétisa qu’au bout de vingt-deux mille années11. Comment pouvez-vous alors douter de l’apparition de présages annoncés plus de deux mille ans avant l’événement ?
Question : Pourquoi les présages qui concernent l’époque suivant la disparition du Bouddha ont-ils plus d’ampleur que ceux qui sont survenus de son vivant ?
Réponse : La terre bouge en réponse aux perturbations des six organes sensoriels des êtres vivants. En fonction de ces derniers, la terre tremble de six façons différentes, avec une intensité variable. Les sūtras enseignés avant le Sūtra du Lotus semblent anéantir les désirs terrestres humains [associés aux six organes des sens] mais, en fait, il n’en est rien. En revanche, le Sūtra du Lotus dissipe l’ignorance fondamentale [d’où proviennent tous les désirs terrestres]. C’est pourquoi la terre tremble fortement. De plus, il y a beaucoup plus de personnes mauvaises à cette époque ultérieure que du vivant du Bouddha. C’est pour ces raisons que le Bouddha a enseigné et montré que les présages qui apparaîtraient à l’époque de la Fin de la Loi seraient encore plus importants que ceux de son époque.
Question : Quelle preuve avez-vous ?
Réponse : Il est dit dans le Sūtra : « Puisque haine et jalousie envers ce Sūtra abondent en ce monde du vivant même de l’Ainsi-Venu, ne seront-elles pas pires encore après sa disparition12 ? »
Les sept règnes des kami célestes et les cinq règnes des divinités terrestres mis à part, au cours des quatre-vingt-dix règnes des souverains humains13 qui ont duré plus de deux mille ans, le grand tremblement de terre de l’ère Shōka et l’extraordinaire phénomène apparu dans les cieux durant l’ère Bun’ei14 furent des prodiges sans précédent au Japon. Si les gens débordent de joie, de bons présages apparaîtront dans les cieux, et le dieu Shakra fera trembler la terre. Si le mal prospère dans l’esprit des gens, des changements de mauvais augure apparaîtront dans les cieux et de terribles calamités se produiront sur terre. L’ampleur des changements dans les cieux varie selon le degré de colère des êtres vivants ; cela s’applique aussi aux désastres sur terre. Le Japon d’aujourd’hui est plein de gens, depuis le souverain jusqu’aux gens ordinaires, dont les esprits sont envahis par le grand mal. Ce [grand] mal est apparu en réponse à ma présence.
Il est un sūtra appelé le Sūtra de la protection, qui vint après le Sūtra du Lotus. Il relate que le roi Ajatashatru se rendit auprès du Bouddha et lui demanda : « Année après année, mon pays est la proie de grandes sécheresses, de violentes tempêtes, 652d’inondations, de famine et de peste. De plus, nous avons été attaqués par un autre pays. Pourquoi tous ces désastres dans le pays même où le Bouddha a fait son apparition ? »
Le Bouddha répondit : « Splendide, splendide ! Il est admirable, Ô grand roi, que vous posiez cette question. Mais vous avez commis beaucoup de transgressions et d’actes mauvais. Vous avez notamment tué votre propre père et, en prenant Devadatta pour maître, vous m’avez blessé. C’est en raison de la gravité de ces deux fautes que votre pays est assailli par d’innombrables désastres. » Par la suite, le sūtra cite encore ces paroles du Bouddha : « Après ma disparition, à l’époque de la Fin de la Loi, quand des moines comme Devadatta empliront le pays, un seul moine apparaîtra qui adoptera l’enseignement correct. Les mauvais moines exileront et mettront à mort cet homme qui pratique l’enseignement correct. Ils violeront non seulement l’épouse du roi mais aussi les filles du peuple, emplissant ainsi le pays de la semence des calomniateurs de la Loi. C’est pourquoi le pays subira diverses calamités et sera par la suite envahi par un autre pays. »
Les moines du Nembutsu d’aujourd’hui sont en tout point semblables aux mauvais moines mentionnés dans le sūtra ci-dessus. De plus, la grande vanité des maîtres de l’école Shingon est cent, mille, dix mille, un million de fois plus grande que celle de Devadatta. Je vais décrire brièvement l’étrangeté de l’école Shingon. Au centre du Plan de la matrice, ses moines peignent un tableau des neuf Honorés du monde assis sur un lotus à huit pétales. Puis ils se mettent sur ce tableau et, foulant aux pieds le visage des bouddhas, conduisent leur cérémonie d’aspersion. C’est comme s’ils piétinaient le visage de leurs propres parents ou marchaient sur la tête de l’empereur. De tels moines emplissent tout le pays et sont devenus les maîtres des personnes de haute et de basse condition. Il n’est pas étonnant que le pays soit ruiné !
Cela est mon enseignement le plus important. Je l’expliquerai encore en une autre occasion. Je vous ai déjà écrit un peu à ce sujet précédemment, mais n’en parlez pas aux autres sans discernement. Vous m’avez montré des signes de loyauté, pas seulement une fois ou deux mais à chaque fois que l’occasion s’est présentée. Je ne trouve pas les mots pour vous exprimer ma reconnaissance.
Notes
1. Il faut comprendre ici le centre de la boussole, soit le point où convergent les quatre directions.
2. Annotations sur le Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.
3. Ibid.
4. Sens profond du Sūtra du Lotus.
5. Dans le onzième chapitre du Sūtra du Lotus, la tour du bouddha Maints-Trésors sort de la terre. Tiantai expliqua que la Tour apparut afin de valider la véracité de l’enseignement théorique et d’ouvrir la voie à la révélation concernant l’illumination originelle du Bouddha dans le très lointain passé, telle qu’elle est énoncée dans l’enseignement essentiel. L’émergence de la Tour aux trésors est donc considérée comme un présage annonçant l’enseignement essentiel. Dans le quinzième chapitre, la terre s’ouvre et d’innombrables bodhisattvas en surgissent. Plus tard, ils se verront confier par le Bouddha la mission de propager la Loi merveilleuse à l’époque de la Fin de la Loi. Leur apparition à cet endroit du Sūtra donne une occasion à Shakyamuni de révéler sa véritable identité, ce qu’il fait dans le seizième chapitre “Durée de la vie”.
6. Annotations sur le Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.
7. Il s’agit là du grand tremblement de terre qui eut lieu en 1257, présenté par la suite dans le texte comme « le grand tremblement de terre de l’ère Shōka ».
8. Sūtra du Lotus, chap. 21.
9. Ibid., chap. 17.
10. Selon le Récit des merveilles du livre de Zhou, lors de la vingt-quatrième année du règne du roi Zhao, quatrième souverain de la dynastie des Zhou dans la Chine ancienne (soit, selon ce qui est communément admis, en 1029 avant notre ère), la nuit du huitième jour du quatrième mois, des rayons lumineux de cinq 653couleurs différentes traversèrent le ciel, la terre trembla de six façons différentes et, bien qu’il n’ait pas plu, les rivières, les torrents, les puits et les étangs débordèrent, et tous les arbres et les plantes s’épanouirent et portèrent des fruits. Le roi Zhao en fut surpris mais le grand historien Su You accomplit des divinations et annonça : « Un sage est né dans la région de l’Ouest. Dans mille ans, les paroles de ce sage parviendront dans ce pays. » On dit que, comme il l’avait prédit, mille quinze ans après la disparition du Bouddha, sous le règne de l’empereur Ming, lors de la dixième année de l’ère Yongping (l’an 67 de notre ère), les doctrines bouddhiques furent introduites en Chine.
11. Cette histoire apparaît dans le Sūtra de la protection. Le roi Kriki était le père du bouddha Kashyapa, sixième des sept bouddhas du passé, le dernier d’entre eux étant Shakyamuni. Un jour, il rêva de dix singes. Neuf d’entre eux harcelaient les habitants de la ville, leur dérobaient nourriture et boisson, et poursuivaient leur entreprise de saccage destructeur. Cependant, l’un des dix ne se joignait pas à eux mais demeurait assis sur un arbre. Cela lui valut d’être torturé et chassé de la communauté des singes. Quand le roi Kriki interrogea le bouddha Kashyapa sur ce rêve, le Bouddha dit : « Il concerne l’époque de la Fin de la Loi suivant la disparition du bouddha Shakyamuni. Les dix singes représentent les dix sortes de disciples qu’il avait, seul l’un d’entre eux était un véritable shramana (pratiquant) qui renonce au monde et s’efforce de rechercher la voie. »
12. Sūtra du Lotus, chap. 10.
13. Autrefois on croyait que le pays était dirigé par les kami, et l’empereur Jimmu aurait été le premier être humain à régner sur le Japon, en 660 avant notre ère.
14. Il s’agit là d’une allusion à la comète géante qui apparut en 1264.