Après que l’empereur Ming de la dynastie des Han eut rêvé une nuit [d’un homme doré et qu’il eut envoyé des émissaires dans la région de l’Ouest]1, les deux sages Kashyapa Matanga et Zhu Falan se rendirent en Chine où ils se trouvèrent pour la première fois devant les portes de Changan. De ce jour et jusqu’au règne de l’empereur Xuanzong de la dynastie des Tang, les enseignements bouddhiques de l’Inde se répandirent dans toute la Chine. Durant la dynastie des Liang, la Loi du Bouddha fut d’abord introduite au Japon par le roi Seongmyeong du royaume coréen de Baekje. Cela eut lieu sous le règne de Kimmei [539-571], le trentième empereur de notre pays2. Depuis, tous les sūtras et traités se sont largement répandus, et diverses écoles bouddhiques sont apparues 157dans tout le Japon. Quelle bonne fortune alors, pour nous qui sommes nés en cette époque de la Fin de la Loi et vivons dans une partie éloignée du monde, de pouvoir entendre les enseignements exposés au pic de l’Aigle3 et saisir dans les paumes de nos mains l’eau du grand fleuve des enseignements bouddhiques.
Mais, en y regardant de plus près, nous découvrons l’importance d’établir des distinctions parmi les enseignements du Bouddha, notamment entre le Hinayana et le Mahayana ou entre les enseignements provisoires et l’enseignement véritable, ou encore en fonction de leur ordre d’exposition. Si vous n’êtes pas capable de faire ces distinctions, vous tomberez dans des vues erronées et, vous aurez beau pratiquer les enseignements bouddhiques, votre faute sera plus lourde que celle qui consiste à commettre les dix actes mauvais ou les cinq transgressions capitales. C’est pourquoi, si vous abhorrez le monde séculier et recherchez la Voie bouddhique, vous devez d’abord comprendre ces critères d’évaluation. Sinon, vous êtes destiné à suivre la voie du moine Rive-de-Souffrance et d’autres calomniateurs. Comme il est dit dans le Sūtra du Nirvana : « Si l’on s’accroche à des vues erronées, au moment de la mort on tombera à coup sûr dans l’enfer Avīci. »
Question : Comment pouvons-nous savoir que nous commettons l’erreur de soutenir des vues erronées ? Malgré mon manque de sagesse, je m’inquiète pour ma prochaine vie et je suis résolu à rechercher les enseignements bouddhiques au mieux de mes capacités. Je souhaite donc connaître à tout prix ces critères d’évaluation. S’il s’avère que mes conceptions sont fausses, j’en tiendrai compte et me tournerai vers celle qui est correcte.
Réponse : Voilà une chose que nous ne pouvons ni discerner avec nos yeux d’hommes du commun, ni percevoir avec notre sagesse superficielle. Il faut utiliser les sūtras comme si c’étaient nos yeux et privilégier la sagesse du Bouddha. Mais si ces critères sont mis en évidence, les gens seront furieux et pleins de ressentiment. Qu’ils fassent comme ils l’entendent. Ce qui m’importe avant tout, c’est d’honorer le vœu du Bouddha. Il est de règle en ce monde que les gens apprécient ce qui est lointain et méprisent ce qui est proche, mais c’est là une conduite d’ignorant. Même ce qui est lointain devrait être réfuté lorsque c’est faux alors qu’il ne faut pas rejeter ce qui est proche lorsque cela s’accorde avec la vérité. Certes, les gens révèrent [les doctrines du passé], mais, si ces doctrines sont erronées, comment pouvons-nous les utiliser aujourd’hui ?
On dit que les érudits des dix écoles de Chine, les trois écoles du Sud et les sept du Nord, avaient tant d’autorité et de vertu qu’ils furent révérés dans tout le pays pendant plus de cinq cents ans. Cependant, le Grand Maître Tiantai, qui vécut sous le règne des empereurs des dynasties des Chen et des Sui, examina leurs doctrines et les condamna comme erronées. En entendant cela, les gens lui vouèrent une haine intense. Mais les empereurs Chen et Sui4, dirigeants éminents, convoquèrent Tiantai pour un débat avec les moines des dix écoles afin d’élucider la question. Vérité et erreur furent ainsi clairement établies et tous les moines corrigèrent les doctrines erronées soutenues par leurs écoles pendant une période de cinq cents ans et devinrent disciples du Grand Maître Tiantai. Dans notre propre pays, le Grand Maître Kompon [Dengyō] du mont Hiei débattit avec les éminents érudits de Nara et de Kyōto pour distinguer ce qui était vrai et faux dans les enseignements bouddhiques. Dans les deux cas, Tiantai et Dengyō fondèrent leurs arguments sur les sūtras.
Cependant, tous les gens de notre époque, moines ou laïcs, nobles ou roturiers, révèrent les personnes et négligent la Loi. Ils font de leur propre esprit leur maître et ne s’appuient pas sur les sūtras. 158C’est pourquoi ils adoptent les enseignements provisoires du Nembutsu et écartent les merveilleux écrits du Grand Véhicule, ou emploient les doctrines erronées de l’école Shingon pour calomnier l’enseignement correct du véritable Véhicule Unique. Ne sont-ils pas calomniateurs du Grand Véhicule ? Si ce qui est écrit dans les sūtras est exact, comment pourraient-ils échapper aux souffrances de l’enfer ? Et ceux qui suivent leurs enseignements faussés subiront eux aussi le même destin.
Question : Vous prétendez que les écoles Nembutsu et Shingon soutiennent des doctrines provisoires ou erronées et que leurs pratiquants sont des personnes aux visions faussées ou des calomniateurs de la Loi. J’ai beaucoup de mal à le croire. Le Grand Maître Kōbō était une manifestation de Vajrasattva, un bodhisattva parvenu à la troisième étape de développement5. La doctrine du Shingon est l’enseignement secret le plus profond. De plus, le révérend Shandao était une manifestation de l’Ainsi-Venu Amida, seigneur de la Terre de l’Ouest, et l’honorable Hōnen était une manifestation du bodhisattva Grand-Pouvoir. Comment pouvez-vous qualifier des moines aussi honorables d’hommes aux visions erronées ?
Réponse : Une telle critique ne doit évidemment pas relever d’un point de vue personnel ; il faut clarifier les choses en se fondant sur les sūtras. L’affirmation que l’enseignement du Shingon représente le plus profond de tous les secrets se trouve dans un passage du Susiddhikara-sūtra où il est dit que ce dernier doit être classé comme le roi des trois sūtras du Shingon6. Nulle part, dans les sūtras eux-mêmes, nous ne lisons que l’enseignement du Shingon est le plus élevé de tous les enseignements de l’Ainsi-Venu.
Parmi les enseignements bouddhiques, il faut considérer comme suprême celui qui permet à tous les êtres, qu’ils soient bons ou mauvais, de devenir bouddhas. Tout le monde peut certainement comprendre un critère aussi raisonnable. Grâce à ce principe, nous pouvons comparer les divers sūtras et déterminer lequel est supérieur. Selon le Sūtra du Lotus même les personnes des deux véhicules7 peuvent atteindre l’illumination, mais ce n’est pas le cas selon les sūtras du Shingon. Au contraire, ces derniers le nient catégoriquement. Le Sūtra du Lotus enseigne que les femmes peuvent atteindre la bouddhéité, mais les sūtras du Shingon n’y font aucune allusion. Dans le Sūtra du Lotus, il est écrit que les personnes mauvaises peuvent atteindre l’illumination mais on ne trouve rien de tel dans les sūtras du Shingon. Comment peut-on dire que les sūtras du Shingon sont supérieurs au Sūtra du Lotus ?
De plus, si nous considérons cela à la lumière des présages [qui apparaissent] au moment où l’enseignement est dispensé, nous découvrons que l’enseignement du Sūtra du Lotus a été précédé de six présages. Des fleurs tombèrent des cieux, la terre se mit à trembler et un rayon de lumière jaillit de la touffe de poils blancs entre les sourcils du Bouddha, s’élevant aussi haut que le sommet du Ciel de l’être8 et illuminant les profondeurs jusqu’à l’enfer Avīci. De plus, la tour du bouddha Maints-Trésors jaillit de la terre, et les bouddhas qui sont des émanations du bouddha Shakyamuni s’assemblèrent depuis les dix directions. Enfin, les bodhisattvas de la terre, dirigés par Pratiques-Supérieures, émergèrent de la terre ; chacun d’eux avait une suite égale au nombre de grains de sable de soixante mille Gange, de cinquante mille, de quarante mille, de trente mille, et ainsi de suite, jusqu’à ceux [dont la suite était égale] aux grains de sable du Gange, ou encore de la moitié du Gange, et ainsi de suite.
Au vu d’événements aussi impressionnants et merveilleux, comment peut-on encore prétendre que les sūtras du Shingon surpassent le Sūtra du Lotus ? Le temps me manque pour m’étendre sur ces questions. Je n’ai fait qu’apporter ici une goutte dans l’océan.
159J’ai avec moi un exemplaire d’une œuvre en un volume intitulée Traité sur l’esprit aspirant à l’illumination, attribuée au bodhisattva Nagarjuna. On y lit : « Seuls les enseignements du Shingon permettent d’atteindre la bouddhéité en cette vie parce que ces enseignements exposent la pratique de la méditation samadhi. On ne trouve pas cela dans les autres sortes d’enseignements. » Cette déclaration m’ayant paru extrêmement douteuse, je l’ai examinée à la lumière des sūtras. J’ai découvert que, si les sūtras du Shingon contenaient bien l’expression « atteindre la bouddhéité en cette vie », elle n’était illustrée par aucun exemple. Et, même s’il y en avait eu, le Sūtra du Lotus enseignant aussi l’atteinte de la bouddhéité en cette vie, Nagarjuna n’aurait pas dû prétendre qu’« on ne trouve pas cela dans les autres sortes d’enseignements ». C’est une grossière erreur.
En réalité, ce traité n’est pas l’œuvre de Nagarjuna. J’expliquerai cela en détail en une autre occasion. Du reste, même si c’était l’une de ses œuvres, une erreur reste une erreur. Dans son Traité de la grande perfection de sagesse, Nagarjuna cite un élément fondamental pour différencier les enseignements exposés par le Bouddha de son vivant : « Les sūtras de la Sagesse ne sont pas des enseignements secrets parce qu’ils ne contiennent aucune allusion à l’atteinte de la bouddhéité par les personnes des deux véhicules. Le Sūtra du Lotus est un enseignement secret car il enseigne [ce principe]. » Il dit aussi : « Les sūtras qui exposent l’atteinte de la bouddhéité par les personnes des deux véhicules sont des enseignements secrets, et ceux qui ne le font pas sont des enseignements exotériques. »
Si l’on se fonde sur les mots « l’esprit aspirant à l’illumination », alors on ne se trouve pas seulement en contradiction avec le Traité de la grande perfection de sagesse de Nagarjuna, mais on nie aussi plus généralement l’unique grande raison de la venue des bouddhas en ce monde. Nagarjuna, Vasubandhu et d’autres apparurent tous en ce monde afin de propager les enseignements du bouddha Shakyamuni. Nagarjuna était l’un des vingt-quatre successeurs du Bouddha. Aurait-il réellement pu avancer une interprétation aussi erronée ?
Les sūtras du Shingon sont même inférieurs aux sūtras de la Sagesse. Comment pouvons-nous les comparer au Sūtra du Lotus ? Néanmoins, dans La clé précieuse du trésor secret, Kōbō prétend que tous les enseignements dispensés par le Bouddha de son vivant sont contenus au sein des enseignements du Shingon. Il ne relègue pas seulement le Sūtra du Lotus à la troisième place mais le présente même comme « une doctrine dénuée de valeur ». Cependant, quand j’ouvre respectueusement le Sūtra du Lotus, je vois que le Bouddha y déclare que « le Sūtra du Lotus est primordial parmi tous les enseignements des Ainsi-Venus9 » ou encore qu’il est le sūtra le plus élevé « parmi les sūtras que j’ai prêchés, que je prêche ou que je prêcherai10 ». Dans les dix paraboles du chapitre “Roi-de-la-Médecine”, le Sūtra du Lotus est comparé à l’océan, au soleil et au mont Sumeru. Qu’est-ce qui pourrait alors être plus profond que l’océan, plus brillant que le soleil, plus élevé que le mont Sumeru ? De telles paraboles devraient vous faire prendre conscience de la vérité. Sur quelle base Kōbō peut-il prétendre que les sūtras du Shingon sont supérieurs au Sūtra du Lotus ? Nous ne trouvons de tels passages nulle part dans le Sūtra de Mahavairochana ou dans les autres. En ne se fiant qu’à sa propre vision, il a trahi à jamais l’intention du Bouddha.
Le Grand Maître Miaole déclare : « J’en appelle à ceux qui ont des yeux pour qu’ils approfondissent cette question11. » Ne faut-il pas être sans yeux pour considérer le Sūtra du Lotus comme inférieur au Sūtra de la Guirlande de fleurs ? Il est dit dans le Sūtra du Nirvana : « S’il y a des personnes qui calomnient l’enseignement correct du Bouddha, elles auront la langue coupée. » 160Ah, comme il est pitoyable que ces langues diffamantes, dans tous les mondes qu’elles traversent, ne puissent plus articuler une parole et que, vie après vie, ces yeux obscurcis par des visions erronées tombent, incapables de voir quoi que ce soit ! De plus, il est dit dans le Sūtra du Lotus : « Si quelqu’un n’accorde pas foi à ce Sūtra et au contraire le dénigre (...), lorsque sa vie s’achèvera, il se retrouvera dans l’enfer Avīci12. » Si cette déclaration est juste, Kōbō tombera à coup sûr dans la grande citadelle de l’Enfer aux souffrances incessantes et en subira les tourments pendant d’innombrables millions de kalpa. Vous pouvez aussi reconnaître le destin de Shandao et Hōnen à travers cet exemple. Qui, parmi les personnes dotées de sagesse, voudra puiser dans le courant de ces enseignements diffamatoires pour se laisser consumer avec ces hommes dans les fammes de l’enfer Avīci ? Voilà bien ce que les pratiquants des enseignements bouddhiques devraient redouter. Toutes ces personnes [que je viens d’évoquer] ont des visions profondément erronées. À ce sujet, nous pouvons lire dans les véritables paroles d’or de l’Ainsi-Venu : « [Ce roi-démon Papiyas essaiera à terme] de détruire cet enseignement correct qui est le mien. Il sera comme un chasseur qui drape son corps d’une robe de moine ; il changera d’apparence et prendra la forme de celui qui est entré dans le courant, de celui qui ne revient [dans ce monde] qu’une fois, de celui qui ne revient jamais, d’un arhat13, d’un pratyekabuddha ou d’un bouddha, et essaiera de détruire cet enseignement correct qui est le mien14. »
Shandao et Hōnen, faisant étalage de toutes sortes de pouvoirs majestueux, trompèrent les croyants laïcs et les moines ignorants, et intriguèrent pour détruire l’enseignement correct de l’Ainsi-Venu. Les disciples de l’école Shingon, notamment, se firent fort de mettre exclusivement l’accent sur les bienfaits mondains. Prenant des animaux pour objets de dévotion, ils conduisent des prières non seulement pour assouvir les passions amoureuses entre hommes et femmes mais aussi pour satisfaire leurs désirs d’acquérir de grandes propriétés et d’autres biens. Ils prétendent que des résultats aussi insignifiants sont de merveilleux bienfaits. Cependant, s’ils entendent asseoir la suprématie des enseignements du Shingon sur cette base, ils n’égalent même pas les non-bouddhistes de l’Inde. L’ascète Agastya, par exemple, conserva les eaux du Gange dans son oreille pendant douze ans. L’ascète Jinu engloutit les quatre océans en un jour, et le maître non bouddhiste Uluka se changea en pierre et demeura ainsi pendant huit cents ans. Comment les résultats des prières de l’école Shingon pourraient-ils dépasser ceux-ci ? L’ascète Gautama15 adopta la forme du dieu Shakra et prêcha pendant douze ans alors que Kōbō se transforma lui-même un instant en Vairochana. Jugez par vous-même lesquels de ces pouvoirs sont les plus grands. Si vous croyez que de telles considérations sont significatives, vous pourriez tout aussi bien avoir foi dans les pratiquants non bouddhistes.
Il faut cependant savoir que, même si des pratiquants non bouddhistes ont possédé des pouvoirs aussi impressionnants, ils n’ont pu échapper aux fammes de l’enfer Avīci, alors ne parlons pas de ceux qui n’avaient que des pouvoirs de transformation ordinaires. Quant à ceux qui dénigrent le Grand Véhicule, ils peuvent encore moins éviter un tel destin. Les moines de l’école Shingon sont des amis de mal pour tous les êtres vivants. Évitez-les, redoutez-les. Le Bouddha déclare : « N’éprouvez aucune crainte face aux éléphants furieux. Ce qu’il faut redouter, ce sont les amis de mal ! Pourquoi ? Parce qu’un éléphant furieux ne peut détruire que votre corps ; il ne peut pas détruire votre esprit. Mais un ami de mal peut détruire à la fois votre corps et votre esprit. Un éléphant furieux ne peut détruire qu’un seul corps, mais un ami de mal peut détruire d’innombrables corps et 161d’innombrables esprits. Un éléphant furieux ne détruit qu’un corps impur et malodorant mais un ami de mal peut détruire à la fois un corps pur et un esprit pur. Un éléphant furieux peut détruire le corps physique, mais un ami de mal détruit le corps du Dharma. Même si vous êtes tué par un éléphant furieux, vous ne tomberez pas dans les trois mauvaises voies. Mais, si vous êtes tué par un ami de mal, il est certain que vous y tomberez. Un éléphant furieux n’est qu’un ennemi de votre corps, mais un ami de mal est un ennemi de la bonne Loi16. »
Par conséquent, bien plus que les serpents venimeux ou les divinités-démons malfaisants, il faut craindre les amis de mal qui suivent Kōbō, Shandao et Hōnen.
Je termine ici cette brève clarification de l’erreur qui consiste à s’attacher à des vues erronées.
Le messager est si pressé que je n’ai pu écrire qu’une petite partie de ce que j’avais à dire. Quand une occasion se présentera à l’avenir, je vous écrirai encore, en examinant en détail les sūtras et les commentaires. Ne montrez jamais cette lettre à quiconque. Si je survis jusqu’à l’automne de l’année prochaine, je vous rendrai visite pour parler avec vous, comme vous me le demandez.
Avec mon profond respect
Nichiren
Le cinquième jour du douzième mois
Réponse à Hoshina Gorō Tarō
Notes
1. D’après la tradition, l’empereur Ming (28-75) rêva d’un homme doré lévitant au-dessus de son jardin. Il se réveilla et interrogea ses ministres à propos de ce rêve. L’un d’eux dit qu’il avait entendu parler un jour de la naissance d’un sage dans la région de l’Ouest sous le règne du roi Zhao de la dynastie des Zhou et que l’on appelait ce sage le Bouddha. L’empereur envoya dix-huit messagers dans la région de l’Ouest afin de recueillir les enseignements du Bouddha. Et, suivant la demande de ces messagers, deux moines bouddhistes indiens vinrent en Chine en 67 de notre ère, avec des images et des écrits bouddhiques portés sur le dos de chevaux blancs.
2. L’empereur Kimmei est maintenant considéré comme le vingt-neuvième empereur, parce que l’administration du quinzième souverain, l’impératrice Jingū (morte en l’an 269 de notre ère), n’est plus considérée officiellement comme un règne. Toutefois, à l’époque de Nichiren, on l’incluait dans la lignée des empereurs, si bien que l’on considérait l’empereur Kimmei comme le trentième souverain.
3. Pic de l’Aigle, une des traductions chinoises de « Gridhrakuta », montagne au nord-est de la ville de Rajagriha où Shakyamuni prêcha le Sūtra du Lotus et d’autres enseignements. Ce nom est souvent traduit par pic du Vautour mais, comme Kumarajiva le traduit par pic de l’Aigle en chinois, c’est cette traduction qui a été adoptée par Nichiren.
4. Il s’agit en l’occurrence de Chen Zhubao, le cinquième et dernier souverain de la dynastie des Chen, et de l’empereur Yang, deuxième souverain de la dynastie des Sui.
5. La troisième des dix étapes de développement, l’étape de l’émission de lumière, où un être émet la lumière de la sagesse. Voir aussi le glossaire pour une présentation des cinquante-deux étapes de la voie du bodhisattva.
6. Si l’école Shingon classe le Susiddhikara-sūtra au-dessous de ses deux autres principaux écrits, le Sūtra de Mahavairochana et le Sūtra de la couronne de diamants, ce sūtra est tout particulièrement révéré dans le courant ésotérique Tiantai établi par Jikaku. Nichiren s’appuie ici sur l’affirmation de Jikaku selon laquelle ce sūtra est le plus élevé des enseignements ésotériques.
7. Les personnes des deux véhicules sont les auditeurs et les bouddhas-pour-soi.
8. Sommet du Ciel de l’être : un autre nom pour le ciel Akanishtha, le plus haut des cieux du monde de la forme.
9. Sūtra du Lotus, chap. 14.
10. Ibid., chap. 10.
11. Annotations sur le Sens profond du Sūtra du Lotus.
12. Sūtra du Lotus, chap. 3.
13. Il s’agit là des quatre niveaux d’illumination auxquels aspirent les auditeurs dans le bouddhisme du Hinayana. Dans l’ordre ascendant, il s’agit de l’étape de celui qui entre dans le courant (skt. srota-apanna), de l’étape de celui qui ne revient [dans ce monde] qu’une fois (skt. sakridagamin), l’étape de celui qui ne revient jamais (skt. anagamin) et l’étape d’arhat. Voir aussi 162« quatre étapes de l’éveil au Hinayana » dans le glossaire.
14. Il s’agit d’une reformulation d’un passage du Sūtra du Nirvana.
15. Il ne faut pas confondre cet ermite des temps passés mentionné dans le Sūtra du Nirvana avec le bouddha Gautama, l’un des noms de Shakyamuni. Il est dit dans le Sūtra du Nirvana : « L’ascète Gautama montra de grands pouvoirs surnaturels et, pendant douze ans, se changea en dieu Shakra (...). »
16. Sūtra du Nirvana.