Soka Gakkai Bibliothèque du bouddhisme de Nichiren

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Réponse à Hakii Saburō
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ÉCRITS: 44 Réponse à Hakii Saburō

( pp.408 - 414 )

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 1. Chikugo-bō est un autre nom de Nichirō (1245-1320), l’un des six disciples principaux de Nichiren, et Ben Ajari est Nisshō (1221-1323) qui figurait lui aussi parmi les six moines principaux et fut le premier converti parmi les moines ; Daishin Ajari était un autre moine, disciple de Nichiren. Voir « Ajari » dans le glossaire.

 2. Sūtra du Lotus, chap. 5.

 3. Sur une autre copie de ce manuscrit, on peut lire : « Quant à ces critiques injustes, je dois répondre que j’y suis préparé depuis le début. » Cette différence de sens provient d’une différence entre deux caractères chinois dans une formule à quatre caractères.

 4. Sūtra du Lotus, chap. 10.

 5. Ibid., chap. 14.

 6. Ibid., chap. 13. Cependant, dans le Sūtra du Lotus, l’expression « à coups de pierres et de tuiles » n’apparaît pas dans ce chapitre. On la trouve dans le chapitre “Le bodhisattva Jamais-Méprisant”.

 7. Ibid.

 8. Il s’agit d’une référence au Sūtra du Nirvana, que Shakyamuni aurait enseigné dans un bosquet d’arbres sala, juste avant son entrée dans le nirvana.

 9. « Les habits de moine composés de cinq, sept ou neuf pièces d’étoffe » sont une autre façon de désigner « les trois robes », qui figuraient parmi les quelques effets personnels que les moines avaient le droit de détenir selon les préceptes de la vie monastique.

 10. Sūtra du Lotus, chap. 13.

 11. Ibid., chap. 20.

 12. « La pratique de méditation » rejoint l’observation de l’esprit, une forme de méditation développée par Tiantai, où l’on se concentre sur la nature fondamentale de l’esprit plutôt que sur un objet extérieur. Dans La Grande Concentration et Pénétration, Tiantai enseigna une méditation pour percevoir le principe de l’unification des trois vérités dans un seul esprit et des trois mille mondes en un instant de vie.

 13. « La méditation parfaite » désigne une méditation pour percevoir les trois mille mondes en un instant de vie et « la sagesse parfaite » est la sagesse obtenue par la compréhension des trois mille mondes en un instant de vie.

 14. « Le » désigne ici le chapitre “Les actes antérieurs du bodhisattva Roi-de-la-Médecine” dans le Sūtra du Lotus, chap. 23.

 15. Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.

 16. Essai sur la protection du pays.

 17. Source inconnue.

 18. Selon un passage du Registre de la lignée du Bouddha et des patriarches, contenu dans le Récit des merveilles du livre de Zhou, le huitième jour du quatrième mois de la vingt-quatrième année (environ 1029 avant notre ère), sous le règne du roi Zhao, quatrième souverain de la dynastie des Zhou, des rayons de lumière à cinq couleurs traversèrent le ciel ; la terre trembla ; et les fleuves, les ruisseaux, les puits et les étangs débordèrent. Le grand historien Su You a dit : « Un sage est né dans la région de l’Ouest. D’ici mille ans, les paroles de ce sage parviendront en ce pays. Selon la tradition, conformément à cette prédiction, le bouddhisme fut introduit en Chine mille quinze ans après la disparition du Bouddha, durant le règne de l’empereur Ming, lors de la dixième année de l’ère Yongping (l’an 67 de notre ère). »

 19. Annotations sur le Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.

 20. Annotations sur La Grande Concentration et Pénétration.

 21. Il s’agit d’une paraphrase du dixième chapitre du Sūtra du Lotus.

 22. Ces personnes doivent renaître plusieurs fois pour achever leur entraînement et enfin pouvoir rencontrer l’enseignement essentiel du Sūtra du Lotus à l’époque de la Fin de la Loi.

 23. Le Sūtra du Nirvana reformule des principes essentiels du Sūtra du Lotus comme la nature de bouddha originellement inhérente.

 24. Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.

 25. Les trois autres enseignements sont l’enseignement des Trois Corbeilles, l’enseignement intermédiaire et l’enseignement spécifique, lesquels constituent collectivement ce que l’on considère comme les enseignements antérieurs au Sūtra du Lotus.

 26. Annotations sur le Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.

40844

Réponse à Hakii Saburō


Texte

Points de repère


Cette lettre a été écrite lors du huitième mois de 1273 à Ichinosawa, sur l’île de Sado, en réponse aux doutes émis par Hakii Rokurō Saburō, également connu sous le nom de Nambu Rokurō Saburō. On pense que Hakii Saburō était un fils de Hakii Sanenaga, l’intendant de Minobu, région où Nichiren passa ses dernières années.

Saburō avait demandé pourquoi Nichiren, qui se qualifiait lui-même de pratiquant du Sūtra du Lotus, endurait tant de difficultés alors qu’il aurait dû goûter paix et sécurité, selon la promesse faite dans le Sūtra du Lotus. Il était loin d’être le seul à entretenir de tels doutes. Bon nombre de disciples de Nichiren avaient été durement ébranlés par la persécution de Tatsunokuchi et l’exil de Sado. Saburō se demandait aussi si on ne pouvait pas, dans une certaine mesure, atteindre la Voie du Bouddha grâce aux enseignements antérieurs au Sūtra du Lotus.

Nichiren répond à la première question en citant des passages du Sūtra du Lotus et du Sūtra du Nirvana qui prédisent combien il sera difficile de propager l’enseignement correct, et en se référant à des exemples historiques de persécutions liées à la cause du bouddhisme. Le Bouddha lui-même avait prédit que les pratiquants du Sūtra du Lotus seraient amenés à rencontrer oppositions et hostilité. Nichiren déclare que les épreuves auxquelles il est confronté démontrent qu’il est en fait le pratiquant du Sūtra du Lotus dans l’époque de la Fin de la Loi. Il rappelle alors rapidement l’ordre de propagation des enseignements bouddhiques dans les époques de la Loi correcte, de la Loi formelle et de la Fin de la Loi, et déclare que le temps est venu pour que Nam-myōhō-renge-kyō, Loi suprême contenue dans les profondeurs de l’enseignement essentiel du Sūtra du Lotus, se propage dans le monde entier. En ce qui concerne la seconde question, Nichiren explique qu’il est nécessaire de se familiariser avec les termes bouddhiques et encourage Saburō à faire appel à ses disciples moines pour l’aider à dissiper ses doutes.

Haut de la page


À Kamakura vivent d’humbles moines, Chikugo-bō, Ben Ajari et Daishin Ajari1. Veuillez les recevoir, témoignez-leur du respect et discutez avec eux. Je vais vous expliquer dans les grandes lignes les enseignements importants. Mais eux ont déjà quelque connaissance de la grande Loi qui n’a pas encore été propagée au Japon, et vous devriez donc continuer d’étudier sous leur direction.

Dans votre lettre, vous écrivez : « Dès que votre courrier m’est parvenu, mes doutes ont été balayés, de même qu’un vent fort chasse les différentes couches de nuages, pour laisser apparaître l’éclat de la lune. Mais les gens de notre époque, de haute comme de basse condition, ont 409bien du mal à croire en ces enseignements. C’est pourquoi le Sūtra du Lotus déclare que ceux qui pratiquent les enseignements du Bouddha “jouiront de paix et de sécurité dans leur existence présente et de bonnes circonstances dans leurs existences futures2”. S’il en est ainsi, pourquoi le moine Nichiren, qui se présente comme un pratiquant du Sūtra du Lotus, rencontre-t-il tant de persécutions ? Les gens disent que c’est probablement parce qu’il n’est pas fidèle à la volonté du Bouddha. »

À ces critiques injustes, j’aimerais répondre que les persécutions que j’ai subies sont dues à des actes karmiques posés dans des existences passées3. Il n’y a pas lieu d’être surpris parce que j’ai encouru la fureur des autorités gouvernementales.

Une lecture attentive du Sūtra du Lotus en donne l’explication. Il y est déclaré qu’à l’époque de la Fin de la Loi, quand les gens pratiqueront le Sūtra du Lotus conformément à ses enseignements, ils seront amenés à rencontrer de nombreuses persécutions. Le texte est parfaitement clair à ce sujet et toute personne qui voit correctement n’a qu’à le lire pour s’en assurer.

Ainsi, il est dit dans le quatrième volume du Sūtra du Lotus : « Puisque haine et jalousie envers ce Sūtra abondent en ce monde, du vivant même de l’Ainsi-Venu, ne seront-elles pas pires encore après sa disparition4 ? » Et dans le cinquième volume : « [Le Sūtra] se heurtera à une grande hostilité dans le monde et sera difficile à croire5. » Il y est dit aussi : « Nombreux seront les ignorants qui nous insulteront, nous maudiront, et nous attaqueront au bâton ou au sabre, à coups de pierres et de tuiles6. » Et il poursuit : « Dans cette époque mauvaise, on trouvera des moines [à la sagesse pervertie] (...). Ou encore il y aura dans les forêts des soi-disant moines en haillons, vivant retirés, (...) ils prêcheront la Loi à des croyants laïcs vêtus d’une robe blanche, ils seront respectés et révérés du monde comme des arhat détenteurs des six pouvoirs transcendantaux. (...) Comme ils cherchent sans cesse à nous dénigrer dans la grande assemblée, ils s’adresseront aux gouvernants et aux ministres, aux brahmanes et aux chefs de clans, mais aussi aux autres moines, nous calomniant et nous dénigrant (...). Des divinités malfaisantes prendront possession de certaines gens encore et s’en serviront pour nous avilir, nous insulter et nous couvrir de honte (...) nous serons bannis encore et encore7. »

Il est dit dans le Mahaparinirvana-sūtra : « Il existe des icchantika, ou personnes à l’incroyance incorrigible. Ils se font passer pour des arhat vivant dans des lieux déserts et calomnient les sūtras Vaipulya du Grand Véhicule. Quand les hommes du commun les voient, ils supposent tous qu’il s’agit de véritables arhat et les dépeignent comme de grands bodhisattvas. » Il est dit aussi : « Une fois achevée l’époque de la Loi correcte et au commencement de l’époque de la Loi formelle, on verra des moines se plier en apparence aux règles de la discipline monastique. Mais ils ne liront ou ne réciteront que rarement les sūtras, désirant au contraire avec avidité de la nourriture et des boissons pour nourrir leur corps. Bien que portant des vêtements de moines, ils iront en quête d’aumônes comme autant de chasseurs qui, les yeux plissés, avancent à pas feutrés. Ils seront comme un chat rôdant à la recherche de souris. » On lit dans le Parinirvana-sūtra : « Il existe aussi des icchantika qui ressemblent à des arhat mais qui commettent de mauvais actes. »

Aujourd’hui, quand je brandis le clair miroir des textes du Sūtra et le tourne vers le Japon, tout s’y trouve reflété sans la moindre zone d’ombre. Qui sont ces « soi-disant moines en haillons, vivant retirés dans les forêts ? » On les dit « respectés et révérés du monde comme des arhat détenteurs des six pouvoirs transcendantaux ». De qui s’agit-il ? « Quand les hommes du commun les voient, ils supposent tous qu’il s’agit de véritables arhat et les dépeignent comme de grands bodhisattvas. » À qui cela 410fait-il référence ? Et qui sont ceux qui « se plient en apparence aux règles de la discipline monastique mais ne lisent ou ne récitent que rarement les sūtras » ?

Comme le montrent les passages de ces écrits, le bouddha Shakyamuni observa de son œil de bouddha la situation qui allait prévaloir au début de l’époque de la Fin de la Loi. Si on ne trouvait pas à notre époque de personnes comme celles qu’il a décrites, alors l’Honoré du monde serait coupable d’avoir tenu de faux propos sans fondement. [Et dans ce cas], qui pourrait avoir foi dans les enseignements essentiel et théorique du Sūtra du Lotus et dans la doctrine de la nature de bouddha originellement inhérente, enseignée dans le bosquet d’arbres sala8 ?

Afin de prouver la véracité des paroles du Bouddha, quand je lis aujourd’hui ces passages du Sūtra et que je les applique au Japon, je les interprète ainsi : le passage sur « les moines des forêts » vivant « dans des lieux déserts » désigne [les moines des] Kenchō-ji, Jufuku-ji, Gokuraku-ji, Ken’nin-ji, Tōfuku-ji et les autres temples des écoles Zen, Ritsu, et Nembutsu au Japon. Ces temples gérés par des moines démoniaques sont apparus dans le monde pour conduire à la destruction les temples bouddhiques de l’école du Lotus, ou Tendai, école située au mont Hiei et dans d’autres lieux.

Ceux qui « sont vêtus de haillons » et « se plient en apparence aux règles de la discipline monastique » sont ceux qui observent aujourd’hui les préceptes, vêtus d’habits de moine composés de cinq, sept ou neuf pièces d’étoffe9. Ceux qui sont « respectés et révérés de par le monde » et sont « dépeints comme de grands bodhisattvas » sont des hommes tels que Dōryū, Ryōkan et Shōichi. Le « monde » qui leur accorde de la considération correspond au souverain du pays et aux autres personnages influents, vivant à notre époque. Et « les personnes ignorantes » et « les hommes du commun » représentent tous les habitants du Japon, de haute comme de basse condition.

En tant qu’homme du commun, je suis bien incapable de croire dans l’enseignement du Bouddha. Mais, en l’occurrence, je suis aussi sûr de ce que j’avance que je peux reconnaître le feu ou l’eau en y mettant la main. Selon le Sūtra10, si un pratiquant du Sūtra du Lotus apparaissait, il serait maudit et injurié, attaqué au sabre et au bâton, et banni. Mais si l’on applique ce passage du Sūtra au monde d’aujourd’hui, on ne trouve pas une seule personne qui lui corresponde. Qui faut-il alors considérer comme pratiquant du Sūtra du Lotus ?

Les ennemis du Sūtra du Lotus auraient-ils pu apparaître alors que personne ne garde le Sūtra ? Ce serait comme reconnaître que l’est existe, mais pas l’ouest, qu’il y a un ciel, mais pas de terre. S’il en était ainsi, les paroles du Bouddha ne seraient-elles pas purs mensonges ?

Cela passera peut-être pour de la présomption mais, après y avoir réfléchi, je voudrais cautionner ici les paroles du Bouddha. Moi, le moine Nichiren, je suis le pratiquant dont il est question dans cet écrit.

De plus, évoquant les événements d’une vie antérieure, le Bouddha dit dans le chapitre “Le bodhisattva Jamais-Méprisant” : « Il y avait à cette époque un bodhisattva du nom de Jamais-Méprisant. (...) Ce bodhisattva était constamment en proie aux insultes et aux mauvais traitements. (...) Certains dans un groupe saisissaient des bâtons, des tuiles ou des pierres pour le battre ou le lapider11. » C’est ainsi que le bouddha Shakyamuni présenta sa propre pratique de bodhisattva dans le passé pour encourager et stimuler [le pratiquant du Sūtra du Lotus] au début de l’époque de la Fin de la Loi.

Autrefois, le bodhisattva Jamais-Méprisant fut battu à coups de bâton pour la cause du Sūtra du Lotus, et put aussitôt atteindre l’étape suprême de l’illumination parfaite. Aujourd’hui, moi, Nichiren, pour ce même Sūtra, j’ai été en cette vie attaqué au sabre et au bâton, et j’ai à deux reprises été banni dans des lieux éloignés. 411Comment douter qu’à l’avenir j’obtiendrai le fruit merveilleux de la bouddhéité ?

Après la disparition de l’Ainsi-Venu Shakyamuni, les quatre rangs de bodhisattvas apparurent au cours des époques de la Loi correcte et de la Loi formelle et œuvrèrent à propager le Sūtra du Lotus mais, même pendant ces époques-là, ils rencontrèrent de nombreuses persécutions. Le vingtième successeur de Shakyamuni, le bodhisattva Aryadeva, fut tué, et le vingt-cinquième, le vénérable Aryasimha, fut décapité. Le huitième successeur, Buddhamitra, et le treizième, le bodhisattva Nagarjuna, portèrent chacun un drapeau rouge et se placèrent devant l’entrée du palais du souverain [dans l’espoir d’attirer son attention], le premier pendant douze ans et le second pendant sept ans.

Zhu Daosheng fut banni sur une montagne, à Suchou, le moine Fazu fut assassiné, le Maître des Trois Corbeilles Fadao fut marqué au visage, et le Maître du Dharma Huiyuan fut réprimandé et inculpé. Le Grand Maître Tiantai débattit contre les grands maîtres des dix écoles de la Chine du Nord et du Sud, et le Grand Maître Dengyō réfuta les visions erronées des six écoles de Nara.

Selon que ces hommes vivaient au temps d’un souverain sage ou d’un insensé, leurs visions furent acceptées ou rejetées, mais jamais ils ne trahirent la volonté du Bouddha. Même aux époques de la Loi correcte et de la Loi formelle, ils durent subir de telles persécutions. Il est alors d’autant plus probable que pareilles persécutions se produiront à l’époque de la Fin de la Loi. Pour le Sūtra du Lotus, j’ai déjà suscité la fureur des autorités, mais je considère cela comme la plus grande des bonnes fortunes. C’est comme troquer des tuiles et des débris contre de l’or et de l’argent.

Je ne peux cependant qu’éprouver de la tristesse en me remémorant les mots du Sūtra des rois bienveillants : « Une fois les sages partis, les sept désastres ne manqueront pas de se produire. » Parmi les sept désastres figurent des sécheresses majeures et de grands soulèvements armés.

Il est dit dans le Sūtra de l’excellent roi : « Comme les personnes mauvaises sont respectées et honorées, et que les personnes de bien encourent des sanctions, les étoiles et les constellations, ainsi que les vents et les pluies, rien ne suit plus le rythme des saisons. »

Que désigne-t-on ici par « les personnes mauvaises respectées et honorées » ? Ce sont les hommes dont j’ai parlé plus haut. Et « les personnes de bien qui encourent des sanctions » ? Celui que j’ai décrit comme étant « banni encore et encore ». Quant au passage sur « les étoiles et les constellations », il se réfère aux événements étranges et de mauvais augure qui se sont produits dans les cieux et sur terre durant les quelque vingt dernières années.

Si ces passages de Sūtra sont vrais, alors l’exil de Nichiren est un présage annonçant la chute du pays. Avant même d’avoir subi la fureur des autorités, je l’avais prédit et expliqué dans mon traité Sur l’établissement de l’enseignement correct pour la paix dans le pays. Qui peut douter de la véracité de mes propos ? C’est là la raison de ma tristesse.

Deux mille deux cent vingt-deux ans se sont maintenant écoulés depuis la disparition du Bouddha. Durant les mille ans de l’époque de la Loi correcte, Nagarjuna, Vasubandhu et d’autres, en qualité d’envoyés du Bouddha, répandirent ses enseignements. Ils ne propagèrent cependant que deux enseignements, celui du Hinayana et celui du Mahayana provisoire, et non l’enseignement véritable du Mahayana.

Quelque cinq cents ans après le début de l’époque de la Loi formelle, le Grand Maître Tiantai apparut en Chine, réfuta les visions erronées des écoles du Nord et du Sud, et établit l’enseignement correct. En matière d’études doctrinales, il exposa la théorie des cinq périodes et, en ce qui concerne les pratiques de méditation12, il énonça le principe des trois mille mondes en un instant de 412vie. Tout le monde en Chine s’accorda pour le louer en le considérant comme un petit Shakyamuni. Cependant, s’il exposa la méditation parfaite et la sagesse parfaite13, il ne propagea pas les préceptes parfaits.

Puis, mille huit cents ans après la disparition du Bouddha, le Grand Maître Dengyō apparut au Japon et réfuta les visions erronées prônées par les six écoles bouddhiques durant les quelque deux cent années écoulées depuis l’époque de l’empereur Kimmei. De plus, il énonça les préceptes de l’illumination parfaite et subite, que Tiantai n’avait pas encore propagés. Il s’agit là des grands préceptes de l’illumination parfaite et subite propagés [grâce aux cérémonies célébrées] sur l’estrade d’ordination du mont Hiei.

Néanmoins, durant les deux mille ans écoulés depuis la disparition du Bouddha, si des dizaines de milliers de temples ont été érigés dans les trois pays, Inde, Chine et Japon, aucun temple ou pagode n’a été consacré au seigneur de l’enseignement essentiel et, de même, personne n’a encore propagé les cinq caractères de Myōhō-renge-kyō, confiés spécifiquement aux bodhisattvas sortis de la terre, aussi nombreux que les particules de poussière de mille mondes. Même s’il est stipulé dans certains écrits qu’il faudrait les propager, on ne les trouve nulle part dans le pays. Le moment et la capacité des gens ne sont-ils pas encore adaptés ?

Évoquant l’avenir, le Bouddha dit : « Quand j’aurai disparu, dans la dernière période de cinq cents ans, il te faudra le propager largement dans tout le Jambudvipa sans le laisser jamais disparaître14. » Le Grand Maître Tiantai prédit : « Dans la dernière période de cinq cents ans, la voie merveilleuse se propagera et apportera des bienfaits à tous les êtres humains, pendant longtemps15. » Et le Grand Maître Dengyō écrivit : « Les époques de la Loi correcte et de la Loi formelle sont presque terminées et l’époque de la Fin de la Loi approche. Voici venu le moment où le Véhicule Unique du Sūtra du Lotus se révélera parfaitement adapté à la capacité de tous16. » Ces passages du Sūtra et les commentaires qui l’accompagnent, tout cela désigne le commencement de l’époque de la Fin de la Loi.

De plus, un non-bouddhiste [en Inde] a dit un jour : « Cent ans après ma disparition, le Bouddha apparaîtra en ce monde17. » Et un érudit confucéen prédit : « D’ici mille ans, les enseignements du Bouddha seront transmis en Chine18. » Ainsi, même de telles prédictions, formulées par des hommes du commun, peuvent se révéler conformes à la vérité, comme les deux lattes de bois [d’une note de compte]. Les explications de personnes telles que Dengyō et Tiantai sont donc d’autant plus dignes de confiance, sans parler des prédictions explicites émanant de la bouche dorée des bouddhas Shakyamuni et Maints-Trésors !

Comprenez bien ceci. Voici venu le temps où le seigneur de l’enseignement essentiel, qui n’a pas encore fait son apparition, se présente en ce monde et où les cinq caractères de Myōhō-renge-kyō, qui n’ont jamais été propagés auparavant, se répandent dans tout le Jambudvipa. Comment pourrait-on encore douter ?

Pourtant, après m’avoir entendu à maintes reprises, moi, Nichiren, aborder ces questions, certains abandonnent leur foi, en me voyant aujourd’hui confronté à ces grandes difficultés. En revanche, en ce qui vous concerne, vous n’avez entendu mes enseignements qu’une ou deux fois, et seulement pendant une heure ou deux. Malgré tout, on m’a dit que vous n’aviez toujours pas renoncé à votre foi mais que vous poursuiviez votre pratique. Cela ne peut pas être uniquement dû aux seules causes formées dans votre existence présente. Le Grand Maître Miaole déclara : « C’est donc en raison des graines plantées dans les existences antérieures que, en cette époque de la Fin de la Loi, une personne peut entendre la Loi, ne serait-ce qu’un instant, et y croire après l’avoir entendue19. » Il dit également : 413« Étant né à la fin de l’époque de la Loi formelle, j’ai pu voir ces mots authentiques du Sūtra. À moins d’avoir planté la cause merveilleuse dans une existence antérieure, il est vraiment difficile de les rencontrer20. »

Il est dit en substance dans le Sūtra du Lotus que ceux qui, dans des existences passées, ont fait des offrandes à cent mille millions de bouddhas renaîtront dans le monde humain et croiront dans ce Sūtra [le Sūtra du Lotus]21. Et l’on peut lire dans le Sūtra du Nirvana que les personnes qui font des offrandes à autant de bouddhas qu’il y a de grains de sable dans la rivière Hiranyavati et dans le Gange et qui renaîtront par la suite dans un âge mauvais, ces personnes-là22 auront foi en ce Sūtra.

Le roi Ajatashatru était un homme mauvais qui tua son père et fit emprisonner sa mère. Néanmoins, quand il se rendit dans l’assemblée où le Bouddha enseignait le Sūtra du Nirvana et dispensa les enseignements du Sūtra du Lotus23, non seulement les plaies purulentes qui avaient fait irruption sur son corps en cette vie présente [du fait de ses mauvais actes passés] guérirent, mais sa vie fut prolongée de quarante ans ; et, bien que dépourvu à l’origine des racines de la foi, il parvint finalement à la première étape de sécurité et reçut du Bouddha la prédiction qu’il atteindrait la bouddhéité.

Devadatta était un homme à l’incroyance incorrigible, de la pire espèce qui soit sur tout le continent du Jambudvipa. Dans tous les sūtras antérieurs enseignés du vivant du Bouddha, il fut écarté comme un cas désespéré. Mais il rencontra le Sūtra du Lotus, et reçut la prédiction qu’il deviendrait un bouddha appelé l’Ainsi-Venu Souverain-Céleste.

En se fondant sur ces exemples, on peut en conclure que, pour les personnes mauvaises de l’époque de la Fin de la Loi, l’atteinte de la bouddhéité ne dépend pas de la gravité ou de la légèreté des fautes commises, mais seulement du fait qu’ils ont foi ou non en ce Sūtra.

En ce qui vous concerne, vous appartenez à une famille de guerriers, ce qui fait de vous un homme mauvais, impliqué jour et nuit dans des affaires de tueries. Puisque vous n’avez pas quitté votre maison [pour devenir moine] mais demeurez aujourd’hui encore un guerrier, comment pourriez-vous échapper aux trois mauvaises voies ? Ne devriez-vous pas vous pencher très sérieusement sur cette question ?

Au cœur du Sūtra du Lotus se trouve la révélation que l’on peut atteindre l’illumination suprême sous notre forme humaine, sans changer notre condition d’homme du commun. Autrement dit, sans briser les entraves karmiques, il est possible d’atteindre la Voie du Bouddha. Ainsi, Tiantai a dit : « Les autres sūtras prédisent la bouddhéité (...) pour les personnes de bien mais non pour les mauvaises. Ce Sūtra du Lotus prédit la bouddhéité pour tous24. » Et Miaole déclare : « L’enseignement parfait n’a qu’un seul sens : ceux qui s’opposent à lui peuvent être sauvés, au même titre que ceux qui le suivent. Dans les trois autres enseignements25, le destin de ces deux genres de personnes est déterminé26. »

Je pourrais expliquer ici s’il est possible ou non d’atteindre dans une certaine mesure la Voie du Bouddha en se fondant sur des sūtras antérieurs au Sūtra du Lotus, mais une telle discussion n’a de sens que si l’interlocuteur connaît parfaitement les termes et les catégories bouddhiques. J’ai cependant enseigné à certains de mes disciples les éléments fondamentaux. Vous devriez les faire venir auprès de vous pour qu’ils vous livrent l’essentiel. Je vous écrirai ensuite pour vous donner quelques points complémentaires.


Avec mon profond respect,
Nichiren

 

Le troisième jour du huitième mois de la dixième année de Bun’ei [1273], sous le signe cyclique de mizunoto-tori


Réponse à Nambu Rokurō Saburō, de la province de Kai

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414Notes


 1. Chikugo-bō est un autre nom de Nichirō (1245-1320), l’un des six disciples principaux de Nichiren, et Ben Ajari est Nisshō (1221-1323) qui figurait lui aussi parmi les six moines principaux et fut le premier converti parmi les moines ; Daishin Ajari était un autre moine, disciple de Nichiren. Voir « Ajari » dans le glossaire.

 2. Sūtra du Lotus, chap. 5.

 3. Sur une autre copie de ce manuscrit, on peut lire : « Quant à ces critiques injustes, je dois répondre que j’y suis préparé depuis le début. » Cette différence de sens provient d’une différence entre deux caractères chinois dans une formule à quatre caractères.

 4. Sūtra du Lotus, chap. 10.

 5. Ibid., chap. 14.

 6. Ibid., chap. 13. Cependant, dans le Sūtra du Lotus, l’expression « à coups de pierres et de tuiles » n’apparaît pas dans ce chapitre. On la trouve dans le chapitre “Le bodhisattva Jamais-Méprisant”.

 7. Ibid.

 8. Il s’agit d’une référence au Sūtra du Nirvana, que Shakyamuni aurait enseigné dans un bosquet d’arbres sala, juste avant son entrée dans le nirvana.

 9. « Les habits de moine composés de cinq, sept ou neuf pièces d’étoffe » sont une autre façon de désigner « les trois robes », qui figuraient parmi les quelques effets personnels que les moines avaient le droit de détenir selon les préceptes de la vie monastique.

 10. Sūtra du Lotus, chap. 13.

 11. Ibid., chap. 20.

 12. « La pratique de méditation » rejoint l’observation de l’esprit, une forme de méditation développée par Tiantai, où l’on se concentre sur la nature fondamentale de l’esprit plutôt que sur un objet extérieur. Dans La Grande Concentration et Pénétration, Tiantai enseigna une méditation pour percevoir le principe de l’unification des trois vérités dans un seul esprit et des trois mille mondes en un instant de vie.

 13. « La méditation parfaite » désigne une méditation pour percevoir les trois mille mondes en un instant de vie et « la sagesse parfaite » est la sagesse obtenue par la compréhension des trois mille mondes en un instant de vie.

 14. « Le » désigne ici le chapitre “Les actes antérieurs du bodhisattva Roi-de-la-Médecine” dans le Sūtra du Lotus, chap. 23.

 15. Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.

 16. Essai sur la protection du pays.

 17. Source inconnue.

 18. Selon un passage du Registre de la lignée du Bouddha et des patriarches, contenu dans le Récit des merveilles du livre de Zhou, le huitième jour du quatrième mois de la vingt-quatrième année (environ 1029 avant notre ère), sous le règne du roi Zhao, quatrième souverain de la dynastie des Zhou, des rayons de lumière à cinq couleurs traversèrent le ciel ; la terre trembla ; et les fleuves, les ruisseaux, les puits et les étangs débordèrent. Le grand historien Su You a dit : « Un sage est né dans la région de l’Ouest. D’ici mille ans, les paroles de ce sage parviendront en ce pays. Selon la tradition, conformément à cette prédiction, le bouddhisme fut introduit en Chine mille quinze ans après la disparition du Bouddha, durant le règne de l’empereur Ming, lors de la dixième année de l’ère Yongping (l’an 67 de notre ère). »

 19. Annotations sur le Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.

 20. Annotations sur La Grande Concentration et Pénétration.

 21. Il s’agit d’une paraphrase du dixième chapitre du Sūtra du Lotus.

 22. Ces personnes doivent renaître plusieurs fois pour achever leur entraînement et enfin pouvoir rencontrer l’enseignement essentiel du Sūtra du Lotus à l’époque de la Fin de la Loi.

 23. Le Sūtra du Nirvana reformule des principes essentiels du Sūtra du Lotus comme la nature de bouddha originellement inhérente.

 24. Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.

 25. Les trois autres enseignements sont l’enseignement des Trois Corbeilles, l’enseignement intermédiaire et l’enseignement spécifique, lesquels constituent collectivement ce que l’on considère comme les enseignements antérieurs au Sūtra du Lotus.

 26. Annotations sur le Commentaire textuel du Sūtra du Lotus.

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